PAS SUBJECTIF

 

PAS SUBJECTIF

 

 

Lectures bibliques: Nombres 22.7-20 ; Genèse 22.1-13 ; Ps. 32.8-9 ; Matth. 23.25-26 ; Phil. 1.15-18.

 

Dans le caractère de certains serviteurs de Dieu, c'est la subjectivité qui nuit à l'œuvre. Nous avons déjà mentionné l'un des domaines dans lequel se manifeste sa funeste influence : l'incapacité d'écouter. Comme nous l'avons déjà dit, il est essentiel que tout serviteur de Dieu s'exerce à écouter ce que les gens ont à lui dire ; sinon, il n'apprendra pas à connaître son prochain et se trouvera, de ce fait, dans l'impossibilité de servir.

Un autre effet fatal de la subjectivité est l'incapacité d'apprendre. Une personne subjective est tellement convaincue de la valeur de son opinion personnelle qu'elle ne peut plus rien apprendre. Quand certains jeunes gens s'engagent pour la première fois dans un travail chrétien, ils s'imaginent savoir tout ce que l'on peut savoir, et ils sont tellement ancrés dans leurs idées qu'il est presque impossible de leur inculquer quoi que ce soit. Aussi leurs progrès sont-ils lamentablement lents. Le refus de se laisser instruire est l'un des aspects les plus tragiques de la subjectivité. Quelle possibilité de progrès peut-il bien y avoir lorsqu'une personne pense déjà tout savoir ? Si nous arrivons à être entièrement libérés de notre répugnance à accepter l'instruction, de façon à la recevoir sans hésitation, nous pourrons avancer rapidement d'une leçon à l'autre. Il y a des leçons très longues à apprendre dans le domaine spirituel, aussi devons-nous être prêts à recevoir l'aide de maintes sources. A moins de nous laisser instruire, nous ne ferons vraiment que des progrès insignifiants, et ceci jusqu'à la fin de notre vie.

Le secret du progrès spirituel est la réceptivité à l'égard de Dieu. Aussi, devons-nous ouvrir notre cœur, notre raison et notre esprit tout grands à son influence, afin de nous laisser façonner par ses divins enseignements ; sinon nous deviendrons tellement réfractaires qu'il lui faudra employer le mors et les rênes ou la lanière du fouet, pour nous redonner la conscience de sa présence et de son dessein. L'inaptitude à recevoir ses directives est l'une des conséquences d'un état subjectif, car la subjectivité ferme la créature à Dieu. Le livre des Nombres (chapitre 22) nous apprend que Balaam, en recevant l'offre d'une récompense de la part de Balak, dans le cas où il maudirait les enfants d’Israël, ne s'exécuta pas, mais dit : « Passez ici la nuit, et je vous donnerai réponse d'après ce que l'Eternel me dira ». Et Dieu lui dit : « Tu n'iras point avec eux ». Balaam se leva donc le matin et répondit aux princes de Balak : « Allez dans votre pays, car l'Eternel refuse de me laisser aller avec vous ». Pouvait-il y avoir réponse plus claire ? Mais lorsque Balak revint à la charge, Balaam dit : « Maintenant, je vous prie, restez ici cette nuit, et je saurai ce que l'Eternel me dira encore ». Et nous pouvons lire dans le récit biblique que « Dieu vint à Balaam pendant la nuit et dit : Puisque ces hommes sont venus pour t'appeler, lève-toi, va avec eux ». Lorsque Balaam adressa sa seconde requête à Dieu, pourquoi Dieu lui permit-il de partir, alors que, la première fois, il le lui avait refusé de façon tellement catégorique ? C'est que Balaam, en recevant de Dieu une réponse ne pouvant prêter à aucune équivoque, aurait dû l'accepter comme définitive et ne plus revenir à la charge. Ce qu'il a fait a prouvé sa subjectivité. Il paraissait chercher la pensée de Dieu alors que sa décision était déjà prise. Il savait ce qu'il voulait faire et mettait tout en œuvre pour y arriver.

Dieu nous demande instamment d'accepter sa Parole. Lorsqu'Il dit : « Va », nous devons partir sur-le-champ. Chez les gens subjectifs, la difficulté réside dans le fait que lorsque Dieu dit : «Va », ils sont tellement ancrés dans leurs idées, qu'il leur faut beaucoup de temps avant de pouvoir se conformer à son ordre ; et, quand, enfin, ils se mettent en route, ils s'obstinent tellement à vouloir avancer que, si Dieu leur donne l'ordre de s'arrêter, ils sont incapables d'obéir aussitôt. Par une nouvelle expérience douloureuse, il leur faudra apprendre à s'ajuster à la pensée divine avant de pouvoir s'exécuter. Si Dieu vous donne l'ordre de partir, êtes-vous en mesure de tout abandonner et de partir de suite ? Et quand vous avez obéi à son ordre de départ et que vous êtes prêts à continuer dans cette voie, pouvez-vous vous arrêter instantanément, si Dieu vous intime l'ordre de le faire ? Si vous êtes subjectifs, il vous sera très difficile de partir car il vous faudra d'abord lutter contre vos propres idées ; et lorsque vous aurez enfin accepté la volonté de Dieu et soumis votre esprit à son ordre, il y aura une autre bataille à livrer avant de pouvoir abandonner l'idée d'avancer quand Dieu vous donnera l'ordre de vous arrêter. Lorsqu'une personne est devenue maniable dans sa main, l'obéissance est instantanée à toute nouvelle indication de sa volonté.

Dans le sacrifice d'Isaac, Abraham nous offre une belle illustration d'un homme qui a été libéré de lui-même. Si Abraham avait consulté sa propre expérience, lorsque Dieu lui demanda d'offrir Isaac, il n'aurait jamais pu obéir. Il aurait certainement raisonné de la façon suivante : « Je n'avais pas de fils, ni la possibilité d'en avoir un. C'est Dieu qui a pris l'initiative dans cette situation impossible ; et c'est lui qui a fait le nécessaire. Comment peut-il annuler son propre dessein en me demandant d'offrir Isaac ? » Si quelque personne, dans une attitude subjective, se fût trouvée en présence de cet appel, quels arguments aurait-elle pu invoquer en vue de s'opposer à l'ordre de Dieu ? Mais la vie d'Abraham était devenue tellement simple avec Dieu que même un tel ordre ne présentait aucun problème pour lui. Il crut que Dieu pouvait réaliser son propre dessein en ressuscitant Isaac d'entre les morts ; aussi plaça-t-il avec la simplicité de la foi son fils sur l'autel, et leva-t-il son couteau pour l'immoler. C'est à ce moment-là que Dieu arrêta son geste et qu'il lui montra un bélier qu'il put offrir à la place de son fils. Si Abraham avait été subjectif, un nouveau problème se serait posé à lui : il aurait été, en effet, incontestablement troublé et se serait demandé comment il pourrait jamais discerner la volonté de Dieu. Celui-ci lui demandait de faire quelque chose et, l'instant d'après, il lui demandait de faire le contraire. Pour Abraham, tout était simple et clair. Quand Dieu lui donna l'ordre d'offrir son fils, il accepta aussitôt et se prépara à l'offrir en sacrifice ; lorsque Dieu lui donna l'ordre de renoncer à son sacrifice et lui montra la nouvelle victime, il obéit sans mot dire. L'obéissance spontanée d'Abraham ferma la porte à toute perplexité.

Quand Dieu demande à certains chrétiens de lui faire le sacrifice de ceci ou de cela, ils pensent immédiatement à tous les problèmes que soulève cette demande ; et si, au cours des jours, ils réussissent à les résoudre et offrent le sacrifice demandé, et que Dieu leur demande ensuite de changer de direction, de nouvelles questions surgissent dans leur esprit parce qu'ils suivent leur propre logique. La simplicité de la volonté de Dieu révélée est tributaire de la complexité de leurs propres pensées. Résultat : même s'ils obéissent, ils le font avec retardement et à contre-cœur. Si nos pensées s'attachent à la volonté de Dieu et que son ordre change, nos pensées demeurent figées et cette rigidité d'esprit nous empêche d'agir simplement comme il nous le demande.

Nous lisons au Psaume 32. 8-9 : « Je t'instruirai et te montrerai la voie que tu dois suivre, je te conseillerai. J'aurai le regard sur toi. Ne soyez pas comme un cheval ou un mulet sans intelligence ; on les bride avec un frein ou un mors, dont on les pare, afin qu'ils ne s'approchent point de toi ». Le cheval et le mulet peuvent être amenés à faire ce que leur maître désire, toutefois, pas sans être dirigés par leur maître, mais Dieu ne désire jamais conduire ses enfants de cette façon. Le cheval et le mulet « n'ont pas d'intelligence », mais ses enfants jouissent d'une telle relation d'intimité avec lui qu'un seul regard doit suffire pour leur faire connaître ses désirs. Connaître la volonté de Dieu ne dépend pas de la découverte d'une bonne méthode, mais de l'attitude de l'homme qui la recherche. Si l'homme n'est pas en règle avec Dieu, aucune méthode ne réussira jamais à lui faire connaître clairement la volonté de Dieu. Si l'homme est en règle avec Dieu, la connaissance de sa volonté deviendra chose facile. Cela n'élimine pas nos méthodes, mais nous aimerions mettre l'accent sur le fait que, même en connaissant toutes les méthodes que Dieu peut juger bon de choisir pour nous faire connaître sa volonté, nous ne la connaîtrons jamais si nous ne marchons pas dans une intimité paisible avec lui.

Un autre point concernant la subjectivité mérite d'être signalé : c'est celui de notre moi qui doit être mis à nu par Dieu et traité sans pitié, sinon nous ne deviendrons pas des instruments utiles entre ses mains pour le salut des âmes. Dieu ne confiera pas le sort des hommes à une créature qui n'aura pas été tout d'abord formée par ses mains. Toute personne qui n'a pas appris à discerner la volonté de Dieu et à l'accomplir, ne peut pas être employée par le Seigneur pour conduire d'autres âmes dans la connaissance et la pratique de sa volonté. Lorsqu'un serviteur de Dieu, en qui le moi domine encore, cherche à instruire d'autres âmes dans les voies de Dieu, son propre arrière-plan intellectuel et sentimental se manifestera immanquablement et, quelle que soit sa connaissance doctrinale, il rendra leur chemin obscur.

Intentionnellement ou sans s'en rendre compte, il leur imposera ses opinions et voudra qu'ils parlent et agissent comme lui. Il peut être taxé de conducteur accrédité du peuple de Dieu, de docteur renommé ou d'excellent père du troupeau. Toutefois, si fort que soit son ascendant, il ne pourra exercer son ministère avec l'autorité divine tant que sa vie restera dominée par sa propre volonté plutôt que par celle de Dieu. Notre Seigneur a dit : « Vous savez que les chefs des nations les tyrannisent, et que les grands les asservissent. Il n'en sera pas de même au milieu de vous » (Matth. 20.25-26). Si nous voulons être de bons bergers, le Seigneur devra nous rendre très humbles, car nos natures dominatrices sont plus propres à disperser le troupeau qu'à le rassembler.

Nous devons apprendre à ne pas vouloir en imposer à ceux qui nous sont confiés et à ne pas les conduire sur des chemins qu'ils ne peuvent suivre. Si nous avons reçu un fardeau de la part du Seigneur, nous devons nous acquitter fidèlement de notre tâche, mais il ne nous appartient pas d'insister pour que d'autres acceptent le message que nous proclamons. Rappelons-nous que Dieu respecte le libre arbitre qu'il a donné à tout homme, et s'il ne contraint jamais l'homme, comment pourrions-nous le faire ? Apprenons à marcher avec humilité devant lui et à ne pas nous élever à bon compte devant les hommes, avides de jouer un rôle de chef. Le fait que les gens soient disposés à entendre ce que nous avons à leur dire, ne devrait pas nous inciter à nous en attribuer l'honneur, mais plutôt à nous réfugier avec crainte et tremblement auprès du Seigneur pour écouter avec une attention accrue ce qu'il a encore à nous dire. Quelle que soit la fermeté de nos convictions, nous devons apprendre à nous méfier de nous-mêmes. Nous sommes très susceptibles d'égarement, et, plus nous sommes sûrs de nous, plus nous risquons de nous écarter du droit chemin. L'un des dangers de la subjectivité réside dans le fait que la confiance en nous-mêmes nous pousse à désirer conduire les autres. Et cette confiance grandit au fur et à mesure que le succès s'accroît, à tel point que nous devenons de moins en moins capables de recevoir l'aide d'autrui ou de discerner les directives du Seigneur.

Les chrétiens de cette espèce ne peuvent travailler qu'indépendamment. Etant prisonniers de leurs propres idées, ils ne peuvent pas s'adapter aux autres, et, par conséquent, ne peuvent travailler au sein d'une équipe. Ils ne se sont jamais trouvés en face d'une personne exerçant une autorité spirituelle et, parce qu'ils n'ont jamais appris à se soumettre, ils ne peuvent pas avoir de l'ascendant sur les autres.

Du début de leur histoire jusqu'à ce jour, beaucoup de chrétiens n'ont jamais su ce que c'était que de se soumettre à quiconque de leurs frères en Christ. Parce qu'ils n'ont jamais fait cette expérience bénie, Dieu ne peut pas leur confier la responsabilité d'autres vies.

Frères et sœurs, prenez bonne note du fait que si quelqu'un offre sa vie pour le service de Dieu sans avoir appris à se soumettre, il sera prisonnier de ses propres idées et sera toujours prêt à prendre l'initiative pour conduire ses compagnons ; tandis que celui qui aura appris la soumission par une forte discipline sera fermement établi dans le Seigneur et ne voudra pas en imposer aux autres. Je souhaite que personne d'entre vous ne soit autoritaire, mais que chacun cède à ses frères en Christ le droit de choisir librement et en toute chose. Nous devons veiller à ne pas leur ravir le libre arbitre que Dieu leur a assuré, en essayant de leur imposer nos convictions.

Aussi longtemps qu'un frère, à tendance subjective, reste solitaire, son individualisme n'apparaît pas, mais placé avec d'autres frères, il prendra aussitôt la direction du groupe. 

Nous avons mis l'accent sur la nécessité de céder à notre voisin, quand nous vivons ou travaillons ensemble. Mais nous ne voulons pas dire par là que la soumission doit être aveugle ou doit tolérer le mal. En tant que serviteurs du Seigneur, nous devons rester fidèles, et la fidélité nous obligera quelquefois à exhorter, à avertir ou à reprendre. Par moments, il nous faudra parler aux autres avec fermeté, car nous ne devons pas couvrir le mal ; mais ceux en qui Dieu aura fait son œuvre agiront envers leurs collègues par fidélité à leur égard aussi bien qu'envers lui, et non pas par un penchant inné de domination sur d'autres vies.

Paul était né pour être chef, mais c'était un homme dans lequel Dieu avait fait son œuvre. Tandis qu'il accomplissait son ministère, certaines de ses paroles étaient « sévères et fortes ». Il pouvait être mordant lorsqu'il stigmatisait le mal, mais il savait aussi être doux et même tendre avec les faibles et les égarés. Il savait dénoncer ouvertement les faux docteurs, et pourtant il était tellement libéré de lui-même qu'il pouvait dire : « Quelques-uns, il est vrai, prêchent Christ par envie et par esprit de dispute, mais d'autres le prêchent avec des dispositions bienveillantes. Ceux-là agissent par amour, sachant que je suis établi pour la défense de l'Evangile, tandis que ceux-là animés d'un esprit de dispute, annoncent Christ par des motifs qui ne sont pas purs et avec la pensée de me susciter quelque tribulation dans mes liens. Qu'importe ? De toute manière, que ce soit pour l'apparence, que soit sincèrement, Christ n'est pas moins annoncé : je m'en réjouis, et je m'en réjouirai encore » (Phil. 1.15-18). Voyez-vous l'équilibre dans la vie de Paul ? Il pouvait se réjouir quand les hommes recevaient son message et marchaient d'un même pas que lui, mais il pouvait aussi le faire lorsqu'ils le rejetaient et s'opposaient à lui. La fidélité exigeait une attitude et un langage sans compromis, mais lorsque ses paroles fortes provoquaient de l'antagonisme, il ne le prenait pas comme un affront personnel et pouvait encore se réjouir de voir prêcher Christ. La personne subjective est obsédée par ses propres idées qu'elle justifie sans cesse ; aussi est-elle capable de se sentir froissée lorsqu'on ne tient pas compte de ses suggestions. Mais celui qui a toujours accepté d'être corrigé a peur de prendre la direction et redoute le danger de manipuler d'autres vies. L'homme qui s'attache à ses propres pensées et à ses propres voies demeure mesquin et aime à s'occuper des affaires d'autrui, mais l'homme qui a appris à se courber sous le châtiment de Dieu a été élargi par l'épreuve et est devenu un homme aux horizons très vastes.

Résumons donc ce que nous avons dit : si le plan du Seigneur doit se réaliser par notre moyen, nous devons être libérés de toute subjectivité, et cela ne peut se faire que si nous lui permettons d'agir avec nous sans ménagement, car notre moi est le point crucial du problème. Dans certaines vies, ce trait est plus apparent que dans d'autres, mais personne d'entre nous n'en est exempt. Nous conservons toujours nos opinions et nos manières d'agir et nous avons toujours tendance à contrôler d'autres vies. Laissons-nous donc humilier sous la main de Dieu afin qu'il nous rende fidèles et sans compromis dans tout notre ministère, humbles d'esprit et toujours prompts à céder le pas à d'autres membres de sa maison.

 

                        Watchman NEE

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