LE TEXTE CLASSIQUE DE 2 TIMOTHEE 3.16-17
1. Toute Ecriture est « inspirée de Dieu », en grec theopneustos, littéralement : théopneustique, « soufflée hors de Dieu » (et non pas « soufflée dans », inspirée), produite par le souffle créateur de Dieu, donnée de lui, parlée par lui […]
La Création, cet autre grand livre de Dieu, a été produite de la même manière : « Les cieux ont été faits par la parole de l'Eternel, et toute leur armée par le souffle de sa bouche » (Ps. 33.6).
Josèphe, écrivain juif contemporain de Paul, dit dans son premier livre « Contre Apion » : Les prophètes qui ont composé les 22 livres sacrés (de l'Ancien Testament) écrivirent « d'après la pneustie qui vient de Dieu » (1, 7).
Ainsi, toute l'Ecriture est de Dieu, partout et entièrement de Dieu, bien qu'elle soit partout de l'homme et pour l'homme.
2. Comment faut-il traduire 2 Timothée 3. 16 ? Dira-t-on :
Toute Ecriture est inspirée de Dieu et utile… ; ou bien :
Toute Ecriture inspirée de Dieu est utile...?
Il faut savoir que, dans le grec, le mot « est » se trouve ici sous-en¬tendu, et que pour nous il doit être rétabli quelque part. Selon le gé¬nie de la langue originale, il est d'usage de placer ce verbe comme on l'a fait chaque fois dans les exemples suivants du Nouveau Tes¬tament, construits exactement de la même manière :
Rom. 7. 12 : « Le commandement est saint, juste et bon » (et non pas : le commandement saint est aussi juste et bon).
2 Cor. 10.10: « Ses lettres sont sévères et fortes » (et non pas : Ses lettres sévères sont aussi fortes).
1 Tim. 1. 15 : « C'est une parole certaine et entièrement digne d'être reçue » (et non pas : une parole certaine est aussi entièrement digne...).
1 Tim. 2. 3 : « Cela est bon et agréable devant Dieu » (et non pas : le bon est aussi agréable devant Dieu).
Hébr. 4. 13 : « Tout est nu et découvert » (et non pas : toute chose nue est aussi découverte).
(Voyez également dans le grec : 1 Cor. 11. 30 ; 1 Tim. 4.4, 9.) C'est donc bien la traduction suivante qui est correcte :
2 Tim. 3. 16 : « Toute Ecriture est inspirée de Dieu et utile ».
Ceci dit, constatons que la traduction :
« Toute Ecriture inspirée de Dieu est aussi utile » ne dirait en fait pas autre chose, car il est clair que :
3. C'est « toute Ecriture (ou: « toute l'Ecriture ») qui est inspirée » ; autrement dit, d'après le contexte, tout l'Ancien Testament, « les saintes lettres » dont Paul parle au v. 15. Ce qui est affirmé ici de l'Ancien Testament sans restriction aucune, est évidemment valable aussi pour toute Ecriture du Nouveau Testament.
4. C'est l' « Ecriture », le texte lui-même, qui selon Paul est inspiré. Voilà pour nous la chose importante. Car à quoi nous serviraient les divines révélations reçues par les auteurs sacrés, s'ils n'avaient pu les rédiger de façon absolument sûre et authentique ? Nous savons que Balaam, David, et Pierre, par exemple, n'étaient pas du tout in-faillibles, en paroles ni en actes, lorsqu'ils n'étaient pas inspirés (Nb. 22-24 ; 2 Sam. 11 ; 24.1-11 ; Gal. 2.11-14). Si Dieu n'avait inspiré que les pensées dans l'esprit de ces hommes, il ne nous en resterait rien aujourd'hui, car il y a longtemps que ceux-ci sont morts.
5. « Toute Ecriture est utile ». Cela est évident. Elle est utile parce qu'inspirée, et inspirée pour être utile. Même les pages et les livres les moins lus ont leur place dans la Bible, à laquelle nous ne devons rien retrancher ni ajouter (De. 4.2 ; Apoc. 22.18-19). Notre tendance est de nous contenter de quelques pages favorites, de quel¬ques versets pris ici et là. Pourtant, tout a sa valeur, placé dans son contexte : les généalogies et les énumérations de noms, précieuses au point de vue historique ; les lois rituelles de l'Exode et du Lévitique enseignent de façon imagée comment le pécheur peut entrer en communion avec le Dieu saint (ce qu'explique l'épître aux Hébreux) ; le livre de l'Ecclésiaste montre l'insuffisance totale de la sagesse et des biens purement terrestres ; les prophéties font connaître le dérou¬lement du plan de Dieu ; les pages sombres des livres historiques révèlent la gravité du péché, le jugement de Dieu et l'absolue nécessité du salut ; les épîtres sont indispensables pour établir le rapport entre la doctrine chrétienne et la vie de l'Eglise comme du croyant, etc.
Selon 2 Tim. 3. 16-17, l'Ecriture tout entière est utile :
pour « enseigner », c'est-à-dire poser le fondement de la vérité divine. « L'étude et la méditation de ses pages est le meilleur cours de théolo¬gie et de religion » (A. Monod). « Du ciel, il t'a fait entendre sa voix pour t'instruire » (De. 4.36). « Heureux l'homme... que tu instruis par ta loi » (Ps. 94.12). « Tout ce qui a été écrit d'avance l'a été pour notre instruction » (Rom. 15.4) ;
pour « convaincre » (même mot que dans Jean 16.8) : produire la conviction, réfuter, dissiper l'erreur, qui est plus grave que l'igno¬rance. L'homme a l'intelligence obscurcie et le cœur endurci (Eph. 4.18) ; il faut la puissance de la Parole divine pour lui ouvrir les yeux et le persuader de la vérité (Jér. 23.29 ; Hébr. 4.12) ;
pour « corriger » : ramener sur le droit chemin un enfant de Dieu égaré, lui adresser des avertissements, des reproches, avec l'amour et l'autorité du Seigneur lui-même. L'homme dévie si facilement dans les domaines de la morale comme de la doctrine ; tel un jeune arbre, il a besoin d'un tuteur qui fermement le maintienne droit. » Com-ment le jeune homme rendra-t-il pur son sentier ? En se dirigeant d'après ta Parole... Je serre ta Parole dans mon cœur, afin de ne pas pécher contre toi » (Ps. 119.9,11 ) ;
« pour instruire dans la justice » : il s'agit d'élever, de former le croyant, par cette éducation spirituelle qui l'amènera à la stature parfaite de Christ. L'Ecriture formera non seulement la pensée, mais le caractère ; elle donnera une raison de vivre profonde, une philo¬sophie de toute l'existence. « Tes commandements me rendent plus sage que mes ennemis... Je suis plus instruit que tous mes maîtres, car tes préceptes sont l'objet de ma méditation... La révélation de tes paroles éclaire, elle donne de l'intelligence aux simples » (Ps. 119. 98-99, 130.) « Les saintes lettres... peuvent te rendre sage à salut » (2 Tim. 3.15) ;
« afin que l'homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre ». Tel est le but de l'Ecriture : nous conduire au salut par la connaissance du Seigneur, faire de chacun de nous un homme de Dieu, une personnalité accomplie, responsable (cf. Jac. 1.4), prou¬vant par sa vie et ses œuvres le caractère divin de la révélation qu'il a reçue.
René PACHE
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