LA GLOIRE REVIENT (suite)

 

LA GLOIRE REVIENT (suite)

(chapitres 40 à 48)

 

 

3. Le fleuve

(chapitre 47.1-12)

 

Rappelons tout d'abord qu'il y avait un homme qui accompagnait Ezéchiel dans sa visite au nouveau temple. Après lui avoir fait mesurer toutes choses, il le ramène à l'entrée de la maison, et voici: «...des eaux sortaient de dessous le seuil de la maison, vers l'orient (vers. 1). Une prédiction semblable se trouve dans Joël 3.18: «Une source sortira de la maison de l'Eternel. » Puis aussi dans Zach. 14.8: «Des eaux vives sortiront de Jérusalem... et l'Eternel sera Roi sur toute la terre». Et encore dans le psaume 46.4: « Il y a un fleuve, dont les ruisseaux réjouissent la ville de Dieu, le saint lieu des demeures du Très-Haut. Dieu est au milieu d'elle; elle ne sera pas ébranlée, Dieu la secourra au lever du matin» (l'aube du Millénium).

N'est-il pas remarquable, qu'en tant de passages différents, de la plume d'auteurs divers, la magnificence et la prospérité du royaume millénial soient concrétisées sous la même forme, celle d'un fleuve s'échappant de la résidence messianique. Une fois de plus nous touchons ici du doigt l'unité d'inspiration des Ecritures, qui, à des siècles de distance, ne souffre ni variation, ni contradiction.

Oh! qu'il sera beau, ce règne! Nous ne pouvons, que bien pauvrement, nous faire une idée de sa gloire. Pendant 1000 ans, la terre connaîtra un gouvernement con¬formant tous ses actes à la loi divine, exerçant la justice dans son sens absolu. Le mal sera réprimé rigoureuse¬ment. Les transgresseurs apprendront à leurs dépens qu'il est vain de vouloir s'opposer à la domination du Grand-Roi, ou de chercher à y échapper (Ps. 2 et 101; Es. 65.18-25). Et ceci répondra enfin au vœu de la terre tout entière, qui, depuis tant de siècles, soupire après l'équité et la paix. Oui, ce sera en effet le repos dans la paix, fruit de la parfaite justice (Es. 32.16-18).

Considérons maintenant ce chapitre 47, dont on peut dire qu'il est le point culminant de la prophétie d'Ezéchiel. Le prophète est invité à voir de près le fleuve qui sort de la Maison de l'Eternel et se divise en deux bras: une branche se dirigeant vers la mer Méditerranée, et l'autre, par la plaine du Jourdain, vers la mer Morte (Zach. 14.8). Tout en admettant l'existence réelle de ces eaux merveilleuses, on peut bien dire que nous avons ici un symbole de la bénédiction milléniale qui reposera sur Israël, et se répandra de Jérusalem sur toutes les nations de la terre. Selon la Bible, les nations en dehors de l'alliance israélite sont groupées autour de la Méditerranée comme autour d'un bassin commun, qui les réunit et les alimente. Le fleuve est donc le véhicule de la grâce, qui, se déversant dans la mer, va abreuver les peuples riverains et, par extension, le monde tout entier. Quant à la mer Morte, elle désigne plutôt le pays d'Israël, pays si longtemps sous le châtiment, frappé de désolation et de stérilité. « Et voici, en ce jour-là, les montagnes ruisselleront de moût, les collines découleront de lait et tous les torrents de Juda découleront d'eau » (Joël 3.18). La bénédiction sera surabondante.

Israël, ne l'oublions pas, sera le peuple missionnaire par excellence, envoyé par toute la terre. Dispersé dans tous les pays du monde, sa conversion en fera un instrument merveilleux pour l'évangélisation des nations. Ayant vécu parmi tant de peuples divers, dont ils ont pénétré la mentalité, et dont ils parlent la langue, les Juifs seront capables, plus que n'importe qui, d'aller porter l'évangile du royaume au loin. Et la bénédiction les suivra, car ils seront revêtus de la puissance de l'Esprit Saint. Ce sera alors l'accomplissement de la parole de Matth. 28.19: «Faites disciples toutes les nations», dont la Pentecôte n'a marqué qu'une réalisation partielle. Il appartient à Israël d'amener toutes les nations à la foi, et ainsi le royaume des cieux sera vraiment établi sur la terre (comp. Rom. 11.11-15).

Les Ecritures mentionnent d'autres fleuves, présen¬tant des analogies frappantes avec celui d'Ezéchiel. En Eden, il y en eut un, symbole de fécondité et de bénédiction, découlant de la présence de Dieu dans sa création. — Israël, le peuple racheté de la servitude de l'Egypte, avait besoin, bien des siècles plus tard, d'un fleuve pour subsister au désert. Du rocher frappé, l'eau jaillit; gens et bêtes sont désaltérés: la marche peut se poursuivre, et la victoire sur Amalek est assurée (Ex. 17). «Le Rocher qui les suivait était le Christ», nous dit l'apôtre (1 Cor. 10.4), source de vie, de puissance et de bénédiction par le Saint-Esprit.

A la fin de la Bible, nous retrouvons le fleuve, ch. 22.1. Mais il ne faut pas le confondre avec le fleuve du Millénium. Là, c'est la Nouvelle Création et la Nouvelle Jérusalem avec un fleuve permanent, «comme du cristal», type de la bénédiction absolue et définitive. —Tout ceci nous montre que le propos de Dieu est resté le même à travers les siècles: Il veut le salut et le bon¬heur de l'humanité. Si le principe n'a pas changé, seule son application a varié d'une dispensation à l'autre.

Revenant à notre chapitre, il est fort instructif de constater que le fleuve côtoie l'autel, dont il touche le pied avant de quitter le parvis. Il n'est pas difficile de saisir le sens de cette association. La présence du Seigneur, sa gloire manifestée sur la terre ne sont possibles qu'en rapport avec la croix. C'est la croix qui confère à ces eaux leur efficacité. Et ce n'est que dans la mesure où le peuple est venu en contact avec la croix, qu'il de¬vient lui-même bénédiction pour d'autres, par la proclamation du salut obtenu au Calvaire.

Il y a une différence entre les résultats du chapitre 37 (vision des os secs), et ceux du chapitre 47. Les os secs vivifiés se tiennent debout, grâce à la présence du Saint-Esprit qui fait d'eux une grande armée. Mais ils n'agissent pas. Dans notre chapitre, le prophète n'est plus invité à invoquer l'Esprit, mais à s'y plonger, c'est-à-dire à traverser le fleuve à plusieurs reprises, pour enfin y perdre pied et se lancer à la nage. Ne serait-ce pas là en type la vocation de tous les prédicateurs, qui, pendant le Millénium, iront prêcher la bonne nouvelle du royaume partout? Recevant en eux-mêmes la puissance renfermée dans ce fleuve, ils devront en être inondés, submergés, afin d'être rendus capables de remplir leur mission. D'abord des os secs vivifiés, ensuite revêtus de l'énergie de l'Esprit pour agir comme témoins (Comp. Actes 1.4, 5 et 8).

Il n'est pas dit que le fleuve s'élargissait en s'éloignant du sanctuaire, mais qu'il devenait de plus en plus profond. C'est en profondeur, en descendant dans le fleuve qu'on en connaît et réalise la puissance.

Le prophète obéit. Il passe et repasse le torrent. Le voilà soulevé et entraîné, car il doit se convaincre que, loin de diminuer, le fleuve augmente en volume et en force à mesure de son progrès. Rien ne saurait lui résister.

L'application de tout ceci est fort encourageante pour nous. Tout enfant de Dieu a reçu le Saint-Esprit au jour où il a cru, au jour où, «mort dans ses fautes et ses péchés», il a été vivifié par la grâce de Dieu en Christ. Pas de naissance spirituelle sans ce don de la vie divine en nous. Mais ensuite, l'enfant de Dieu a besoin d'être revêtu de puissance pour être un témoin (Luc 24.48-49). Et c'est là, me semble-t-il, la leçon fort importante à tirer de ce précieux chapitre. Sans doute, les uns ou les autres, sommes-nous déjà entrés dans le fleuve quelque peu, «jusqu'aux chevilles» peut-être. Et nous avons réalisé avec bonheur quelques progrès, quelques victoires. Encouragés par cette expérience, quelques-uns parmi nous ont poussé «jusqu'aux genoux», et les résultats heureux ne se sont pas fait attendre. Y en aurait-il d'autres qui aient connu la puissance enveloppante de l'Esprit les étreignant «jusqu'aux reins», ce siège de la force physique de l'homme? Quelles grandes choses n'ont-ils pas pu accomplir! Mais ce n'est pas encore le bout des ressources divines. La volonté du Seigneur, c'est que nous entrions «jusqu'à ce que nous perdions pied», jusqu'à ce que n'ayant plus d'attaches, plus de point d'appui sur la terre, nous soyons obligés de nager, entraînés, portés par les ondes puissantes du fleuve.

Pourquoi s'arrêter à mi-chemin dans cette glorieuse expérience? Parce que nous ne sommes pas assez conscients de notre incurable faiblesse, et de la nécessité d'être revêtus de toute la puissance de Dieu, sans la¬quelle nos meilleurs efforts sont vains.

N'est-il pas frappant de constater que Jésus lui-même, quoique né du Saint-Esprit, ait dû en être rempli d'une manière spéciale, avant de commencer son ministère? Il entre dans le fleuve, lui aussi, et il est saisi, poussé par cette puissance (Luc 4.1, 14. 18, 36; 5.17), qui fait de lui, fils de l'homme, le Serviteur parfait, le grand Vainqueur, devant qui Satan et ses légions de démons sont obligés de lâcher prise et de s'enfuir!

Si telle est la condition à laquelle Jésus, le Seigneur, a dû se soumettre, comme homme, pour accomplir l'œuvre du salut, n'est-il pas évident que cette condition s'im¬pose à plus forte raison à nous, si nous voulons le suivre dans le chemin d'un témoignage puissant, et le servir dans l'œuvre à laquelle il nous associe.

A la Pentecôte, le Saint-Esprit, ce fleuve de puissance est sorti du sanctuaire, et, grâce à l'autel dressé au Calvaire, s'est répandu sur les hommes qui l'attendaient en prière. Il les a entraînés et rendus invincibles. Dès lors tous ceux qui croient à la possibilité d'être vain¬queurs et féconds dans l'œuvre de Dieu recherchent personnellement ce revêtement de puissance, le veulent et pour cela ne craignent pas de tout lâcher, tout appui humain, toute volonté propre, pour nager en pleine eau. 

Elle est admirablement exprimée cette fécondité dans notre chapitre. Si nous sommes portés par le fleuve, il y aura des arbres chargés de fruits, c'est-à-dire qu'il y aura des traces de notre passage dans le monde. Par la vertu du Saint-Esprit, des âmes seront gagnées au Seigneur. Ah! qu'il est nécessaire de rechercher cette puissance ! Il me semble que nous ne nous en préoccupons pas suffisamment. Nous avons à cœur de nous rendre utiles dans le service de Dieu, sans doute. Mais avec toutes les connaissances bibliques que nous possédons, il faut avouer que nous portons trop peu de fruit.

Quel renouveau dans nos réunions de culte, parfois si languissantes, si le fleuve y déversait le volume de ses eaux! Et dans nos réunions d'évangélisation, quelles victoires, s'il y apportait sa fraîcheur et son impétuosité! Nos locaux ne tarderaient pas à être trop petits.

Remarquons encore que le fleuve «sortait du sanctuaire». Dans Jean 7.37, Jésus dit: «Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive. Celui qui croit en moi, selon ce que dit l'Écriture, des fleuves d'eau vive couleront de son sein. Or il disait cela de l'Esprit qu'al¬laient recevoir ceux qui croyaient en lui...» Voilà le fleuve qui se retrouve dans l'évangile de Jean, et c'est Jésus lui-même qui en donne la signification. Mais quelle chose extraordinaire! Des eaux sortiront de celui qui croit en Jésus! Le croyant devient donc lui-même un sanctuaire. Sans doute l'apôtre Paul fait-il allusion à ce fait, lorsqu'il dit: «Vous êtes le temple de Dieu» (1 Cor. 3.16). Il voit dans l'être sauvé, purifié, mis à part pour Dieu, un sanctuaire, d'où la puissance de l'Esprit répand ses eaux vives au loin, jusqu'en vie éternelle (Jean 4.14).

Quelquefois nous ressemblons à une source jaillissante, dont les ondes tombent toujours dans le même bassin et disparaissent dans le sol, tel un jet d'eau qui retombe sur lui-même. Mais au chapitre 7 de Jean, c'est un fleuve qui s'échappe et remplit son lit, roulant la masse de ses eaux au loin et fertilisant des contrées entières. Il faut que le chrétien soit ce sanctuaire, qui, non seulement a reçu les eaux de la grâce, mais les reçoit sans cesse toutes fraîches du Christ vivant habitant en lui et les passe plus loin. Ces eaux toucheront toujours l'autel, — la croix, selon le principe divin déjà signalé (Gal. 5.22-25).

La bénédiction ne saurait se confiner au sanctuaire. Un chrétien et, par extension, une assemblée qui ne manifeste aucun progrès, d'où ne rayonne pas la vie pour les alentours, je la comparerais à ces marais pleins de sel, mais stériles du verset 11. En effet, si le sel conserve, à un certain point de vue, il est aussi, à haute dose, un élément de mort. La femme de Lot en est une preuve. Qu'aucun de nous ne soit un marais saturé d'eaux stagnantes et saumâtres, parce que gardant ses eaux pour lui-même au lieu de les répandre au dehors.

Dans le passage ci-dessus cité, il y a une expression que j'aimerais relever: «Si quelqu'un a soif...» Voilà bien, chers amis, ce qui manque souvent, La soif! Je suis frappé du fait que l'on se contente facilement de se savoir sauvé. Mais est-ce là tout notre christianisme? N'avons-nous rien à désirer de plus? N'avons-nous pas soif d'une sainteté plus grande, d'une puissance plus manifeste dans nos luttes, d'une communion plus étroite et plus habituelle avec le Seigneur? Ah! si cette soif existe en vous et en moi, chers amis, combien n'est-il pas aisé de l'étancher. Il suffit d'aller à Christ par la foi et de boire; car croire, c'est boire, c'est prendre de l'eau vive gratuitement, c'est la vouloir en abondance. Ainsi lorsque nous nous approchons du Seigneur pour être enrichis par lui d'une mesure toujours plus grande de son Esprit, il nous l'accorde libéralement. C'est alors l'accomplissement du commandement de l'apôtre: «Soyez remplis de l'Esprit!»

Les eaux du fleuve se rendaient à la mer Morte et l'assainissaient. Nous avons tous sans doute des mers mortes autour de nous. Pour l'un, c'est peut-être sa famille, qui est mondaine. Pour d'autres, c'est l'atelier, le magasin, le bureau, la caserne, que sais-je? Et c'est là qu'il faut passer une partie de sa vie, là qu'il faut résister aux tentations et rendre son témoignage avec fidélité. Ezéchiel voit la mer Morte pulluler d'êtres vivants! Quelle transformation extraordinaire dans ce bassin fermé à toute vie physique, à toute fécondité! Il en sera de même, spirituellement parlant, si nous possédons la puissance de l'Esprit Saint: «car les eaux sortent du sanctuaire» (vers. 12).

Il n'y a donc pas de quoi se glorifier. Si le Seigneur veut bien se servir de nous pour répandre la vie et tirer le filet, quelle grâce de sa part et quelle joie pour nous!

Un détail intéressant encore, avant de quitter ce beau chapitre. Nous lisons que sur les bords du fleuve, il y avait des arbres, dont «le fruit sera pour nourrir et la feuille pour guérir » (vers. 12). Je me suis demandé ce que symbolisaient les feuilles et les fruits. Quand Jésus s'est approché du figuier de Bethphagé, il l'a maudit, parce qu'il n'avait que des feuilles et pas de fruits. Or le figuier est un type d'Israël, qui, lorsque Jésus était sur la terre, ne portait pas le fruit que le Messie aurait dû y trouver. Les feuilles, c'est-à-dire la profession religieuse, la connaissance de la loi et la pratique rigoureuse des traditions rabbiniques y étaient. Des formes extérieures, mais le fruit, porteur de vie divine et d'amour pour Dieu en était absent.

Nous avons ici quelque chose d'analogue. Les arbres portent d'abord des feuilles, c'est-à-dire que les gens qui entendront la prédication de l'Evangile durant le Millénium seront guéris, sauvés, apparemment du moins, par la connaissance du salut en Christ. Et les feuilles «ne se flétriront pas ». Car on ne pourra nier l'œuvre du salut, puisque le Roi des rois régnera effectivement et que le Diable sera lié (Apoc. 20).

Il y aura aussi du fruit «qui ne cessera pas». Mais ce fruit sera-t-il général? C'est ce qui n'est pas certain, car la fin du beau Millénium , — selon Apoc. 20.7-10, prouvera que dans le fond du cœur, il n'y aura pas eu chez tous une véritable régénération spirituelle. Le Diable, une fois délié, trouvera encore une dernière occasion de manifester l’opposition irréductible de l’homme inconverti qui préfère la séduction du péché à la sainteté de Dieu. Ce joug détestable, il n’en veut plus. Il aime mieux partager le sort affreux et éternel du grand Adversaire.

 

F. BERNEY

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