LA SEDUCTION
« Prenez garde que personne ne vous séduise... . car ils séduiront beaucoup de gens...même les élus, s'il était possible. » (Matthieu 24.4, 5, 11 et 24.)
Le verbe « séduire » appartient à la même famille que conduire, induire, déduire et autres. Il signifie à proprement par¬ler « conduire en dehors » et évoque la pensée de « conduire dans la mauvaise voie », en d'autres termes et selon une expres¬sion populaire qui rend bien l'idée, « dérailler » ou « sortir de la voie ».
Nous allons donc nous entretenir de la séduction au point de vue chrétien.
En quoi consiste-t-elle ? La réponse est facile il s'agit d'une action plus ou moins puissante qui s'exerce sur l’âme de l'enfant de Dieu et qui a pour premier résultat d'obnubiler ses sens spi¬rituels au point de lui faire oublier (au moins pour un temps) son espérance, ses engagements, sa vocation en même temps que les promesses divines qui s'y rattachent. Elle enfante la « con¬voitise » (voyez 1 Jean 2.16) et agit sur la volonté. C'est un dan¬ger contre lequel Paul mit en garde les Thessaloniciens : « Que personne ne vous séduise d'aucune manière, leur dit-il, et ne vous laissez pas facilement ébranler dans votre bon sens, ni troubler par quelque inspiration ou parole, etc... » (2 Thessaloniciens 2.2-3.) La « séduction » produit donc le trouble et un cer¬tain ébranlement dans un jugement sain en ce qui concerne les choses d'ordre spirituel.
Qui est le véritable auteur de la « séduction » ? Il y a cer¬tes, des dispositions à la chose dans la nature humaine et le caractère insuffisamment régénéré, mais ce ne sont là que des terrains d'expériences propices à l'action de l'adversaire de Dieu : Satan. C'est, en effet, Satan qui est l'auteur de la « séduction », laquelle est synonyme de « tentation ». « Le Grand Dragon, le Serpent Ancien, appelé le Diable et Satan, est celui qui séduit toute la terre », ainsi est-il déclaré dans la Parole de Dieu (Apocalypse 12.9. Le Grand Illusionniste se déguise, naturellement, en Ange de Lumière pour arriver à ses fins et, ajoute l'apôtre, « ce n'est pas étonnant. » (2 Corinthiens 11.14)
Comment et de quelle façon l'auteur de la séduction exerce-t-il son action ?
Certainement de différentes manières et, aussi, par diffé¬rents moyens ; il est bon stratège et excellent tacticien. Il con¬naît nos faiblesses particulières, il use de patience, mais il est parfois aussi imprudent qu'impudent. Quand il ne réussit pas à obtenir le pire, il se contente du moindre résultat : quand il ne réussit pas à faire « dérailler » complètement le chrétien soit dans l'erreur ou l'immoralité, il fait fonctionner l'aiguillage de la séduction et le dirige vers une « voie de garage » où il devien¬dra... inutile. Je ne suis pas expert en matière de « déraille¬ments », mais je sais que la chose peut avoir plusieurs causes. Il y a, premièrement, l'aiguillage. Lorsqu'un aiguilleur engage un convoi sur une voie dangereuse il s'en suit, bientôt, une ...catastrophe.
Qu'il s'agisse de l'hérésie ou de l'immoralité toutes les armes du séducteur sont bonnes pour lui. Il y a, naturellement, des voies plus dangereuses les unes que les autres : quoique le pé¬ché de la chair soit abominable, celui de l'esprit ne l'est pas moins. Il y a grand danger lorsqu'on abandonne la saine doc¬trine pour embrasser des raisonnements humains. Un chrétien me disait dernièrement que le fait de croire à l'éternité ou à la non-éternité des Peines n'entraînait pas de graves conséquences. Je crois, dans ma simplicité que si l'on professe croire à l'anni¬hilation de l'être en cas de réprobation divine, on professe une hérésie et qu'une hérésie n'est autre chose qu'un « déraillement spirituel » qui peut entraîner une catastrophe plus ou moins grande.
Indépendamment d'un aiguillage « coupable » sur une « voie dangereuse », qu'il s'agisse de l'hérésie ou de l'immoralité, il y a ce qu'on a connu sous le nom de « sabotage » qui peut se pro¬duire, au moins de deux façons : soit en mettant un obstacle suffisant sur la voie, soit en déboulonnant les rails. Quoiqu'il en soit… c'est la catastrophe à prévoir. Dans le premier cas, il y a peut-être moins de danger que dans le second. Dans le premier cas, il s'agit de quelque chose de visible que j'assimilerai à la chute grossière qu'on peut voir et découvrir plus facilement que dans le second cas ; je veux parler de l'immoralité à un degré quelconque, dans un domaine quelconque et à un moment quelconque. Le « déraillement » (voyez « séduction ») peut être plus ou moins grave et entraîner des conséquences plus ou moins fâ¬cheuses. Le péché de la chair est un grave péché, d'ailleurs quel péché ne revêt-il pas un certain caractère de gravité ? Il est grave, aussi (peut-être) à l'égard du témoignage chrétien de celui qui est ainsi « tombé », car si la blessure est guérie par la grâce de Dieu, il reste... la cicatrice ! La cicatrice est plus ou moins visible et la réputation reste, elle aussi, plus ou moins enta¬chée. Quant au second cas : « sabotage », déboulonnage des rails, il y a là quelque chose de plus subtil et la chose est faite par des « professionnels ». Je pense qu'on peut assimiler ce « crime » à la séduction (le déraillement) de l'hérésie, c'est-à-dire la chute dans les fausses doctrines. Si, d'une part, la foi n'est pas indé¬pendante de son objet, elle n'est pas, non plus, indépendante de son fondement. L'objet de notre fol n'est autre que le Christ his-torique, le Christ des Ecritures, et la base de notre fol n'est autre que la Parole de Dieu dans son intégralité. Voilà le but du voyage chrétien et voilà la voie qu'il doit suivre ! On ne peut arriver au véritable but qu'en suivant la véritable voie; c'est pour cette raison que le « Séducteur » cherche à aiguiller les enfants de Dieu, soit sur une voie de garage (s'il ne peut faire plus mal), soit sur une voie dangereuse (s'il y réussit), soit à provoquer un déraillement complet. Il n'est peut-être pas superflu de remar¬quer que les « déraillements » sont préparés clandestinement, c'est compréhensible, et généralement la nuit, ou bien l'Adversaire agit en sa qualité de Prince des Ténèbres en faisant appel aux dispositions morbides de notre être; ou bien, s'il le juge préfé¬rable il se « déguise » en Messager de Lumière pour surprendre le chrétien dans sa candeur et sa bonne foi si ce dernier n'est pas positivement accessible à la séduction... grossière dans le domaine de la chair et de la sensualité (puisqu'il existe une nuance entre les deux). Après la catastrophe il y a la répara¬tion du matériel et la remise en état des voies. Après la chute le Grand Réparateur des brèches, Jésus seul peut nous remettre d'aplomb sur la morale et la doctrine, en un mot sur la véri¬table Voie.
De quels intermédiaires Satan se sert-il pour séduire les enfants de Dieu ?
Puisqu'il est le « simulateur » de Dieu (le Dr. Torrey a dit : « le singe de Dieu »), il copie le Seigneur dans ses méthodes. Comme Dieu, lui-même, il agit tantôt directement sur les émo¬tions de l'âme et les sentiments du cœur, tantôt, abandonnant cette méthode « directe », il se sert des temps, des gens et des circonstances. Tout lui est bon et il ne recherche qu’un terrain propice à sort action.
Il y a, premièrement, l'influence extérieure du monde. Paul écrit aux Corinthiens (1 Corinthiens 15.33) : « Ne vous y trompez pas (litt. gr. ne vous séduisez pas) les mauvaises compagnies corrom¬pent ce qui est bon ». Que de chrétiens « inconsidérés » jouent avec le mal comme des enfants avec le feu. Qu'il s'agisse de rela¬tions d'amitié avec de véritables mondains imprégnés de monda¬nité ou de lectures malsaines. « Dis-moi qui tu hantes et je te dirai qui tu es », ainsi s'exprime notre vieil adage français. Sous prétexte de se rendre compte de la saveur de certains poi-sons, ce serait la dernière des folies que de goûter tour à tour les uns et les autres sous prétexte que notre organisme est assez fort et résistant pour ne pas subir les conséquences fâcheuses de ces diverses... « expériences ». Il est toujours téméraire de braver les lois de la nature et il est non moins téméraire de braver les lois spirituelles établies par le Seigneur. Ainsi se présente la puis¬sance du mal : un fruit gâté arrivera facilement à corrompre une corbeille de fruits sains, alors que l'inverse ne se produira jamais. Frères et sœurs, ne soyons pas téméraires, mais veillons et prions afin de ne pas tomber dans la séduction.
Il y a, ensuite, la séduction du péché proprement dite qui s'exerce sur la nature humaine, grâce à l'action directe du Génie du Mal dans un terrain propice. « Le péché saisissant l'occasion me séduisit » s'écrie Paul (Romains 7.11). Il y a des natures qui sont plus ou moins sensibles et accessibles à certains genres de péchés, de ce fait à certaines séductions de l'Ennemi. C'est pour cette raison que Paul n'oublie pas de dire « saisissant l'occasion. » Il y a des circonstances, des occasions, favorables à la conversion et il y en a qui sont favorables à la chute et à la séduction.
Veillons et prions pour ne pas tomber dans la séduction.
N'oublions pas, non plus, « les soucis du siècle et la séduction des richesses » (Matthieu 13.22). Heureux les pau¬vres en toutes choses ici-bas ! Point de soucis à l'égard de ce qu'ils possèdent : cette grande difficulté leur est épargnée. Mais si ces chrétiens appartiennent à la classe de ceux qu'on désigne sous le nom « d'heureux mortels » ils se souviendront qu'il n'y a aucun péché à posséder des richesses, mais que le véritable péché est d'être possédé par elles.
Par extension au sujet de ce qui précède, souvenons-nous de la recommandation faite dans l'épître aux Hébreux (3.13) : « Exhortez-vous les uns les autres, chaque jour, aussi longtemps qu'on peut dire aujourd'hui, afin qu'aucun de vous ne s'endur¬cisse par la séduction du péché ».
Nous arrivons, maintenant, à la séduction des fausses doctrines et il y en a toute une gamme, depuis celles qui font glisser vers les plus graves jusqu'à la chute dans des « sectes pernicieuses » desquelles Paul a déjà parlé. « Ne soyons plus des enfants flottants et emportés à tout vent de doctrine... par des moyens de séduction » (Ephésiens 4.14). « Que personne ne vous séduise par de vains (litt. vides) discours… n'ayez donc aucune part avec eux » (Ephésiens 5.6). Ainsi que nous l'avons fait remarquer plus haut, la saine foi ne peut pas être indépen¬dante de son objet ni de sa base. Il est triste de constater que des enfants de Dieu se laissent entraîner à « tout vent », comme le fait remarquer l'apôtre; leur légèreté d'esprit et de convic¬tions ne résiste pas au souffle des doctrines en contravention avec la Parole de Dieu. Je ne fais certainement pas allusion aux flagrantes hérésies comme la cartomancie, la chiromancie, la nécromancie et les autres « cies » du même genre qui sont si clairement condamnées par la Parole (Deutéronome 18.10-13; Esaïe 8.19-20; Galates 5.20, etc...); je veux simplement attirer l'attention des enfants de Dieu sur certaines « subtilités » supposées dans quelques textes qui ne peuvent être (comme les autres d'ailleurs) « l'objet d'une interprétation particulière » (2 Pierre 1.20). Je veux simplement parler du Modernisme qui nie l'inspiration pleine et entière des Saintes Ecritures ou d'une secte appelée « la Science Chrétienne », et des autres plus ou moins semblables qui ont pris pour titre la Théo¬sophie, les Etudiants de la Bible, le Mormonisme, Témoins de Jéhovah, etc...
Je crois devoir terminer, quoique la liste ne soit peut¬-être pas réellement complète (hélas) en mettant les chrétiens en garde contre « ceux qui causent des divisions et des scandales... éloignez-vous d'eux » (Romains 16.17). Il peut s'agir, en la cir-constance de scandales d'ordre moral ou doctrinal. Quoiqu'il en soit « éloignons-nous d'eux » […]
« Ne permets pas que nous soyons induits dans la séduction mais délivre-nous du Malin ». (paraphrase de Matthieu 6.13)
« Que notre privilège ne soit pas un sujet de calomnie, car le Royaume de Dieu consiste dans la justice, la paix et la joie, par le Saint-Esprit. Celui qui sert Christ de cette manière est agréable à Dieu et approuvé des hommes » (Romains 14.16-18).
Pierre NICOLLE
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