L'UNITÉ DE L'EGLISE ET LA DISCIPLINE ECCLÉSIASTIQUE

 

 

L'UNITÉ DE L'EGLISE ET LA DISCIPLINE ECCLÉSIASTIQUE

 

La présence d'inconvertis comme membres réguliers de l'église rendrait caduques les recommandations concernant les relations avec les incroyants et les ordres relatifs à la discipline d'église.  

 

a) « Séparez-vous… »  

 

En effet, les apôtres exhortent fréquemment les chrétiens à se séparer des incroyants ou des faux croyants :  

« Ne formez pas avec les incroyants un attelage disparate. Car quelle association y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? Ou quelle communion entre la lumière et les ténèbres ? Et quel accord entre Christ et Bélial ? Quelle part le croyant a-t-il avec le non-croyant ? Quel rapprochement entre le temple de Dieu et les idoles ? Car nous sommes le temple du Dieu vivant, comme Dieu l’a dit : J'habiterai et je marcherai au milieu d'eux ; je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple, » C'est pourquoi : « Sortez du milieu d'eux ; et séparez-vous, dit le Seigneur ; ne touchez pas à ce qui est impur, et moi je vous accueillerai. Je serai pour vous un père, et vous serez pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur tout-puissant. » (2 Cor. 6.14-18 ; v. Ap. 18.4).  

« Ne vous ÿ trompez pas, les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs. » (1 Cor. 15.33). « Sachez-le bien, aucun débauché, impur ou cupide c’est-à-dire idolâtre, n'a d'héritage dans le royaume du Christ et de Dieu. Que personne ne vous séduise par de vains discours ; car c’est pour cela que la colère de Dieu vient sur les fils de la rébellion. N'ayez donc aucune part avec eux » (« évitez avec soin ceux qui s'y adonnent », trad. J.P. Benoit ; Eph. 5.5-7.) « Je vous ai écrit dans ma lettre de ne pas avoir de relations avec les débauchés. Ce n’est pas d’une manière absolue avec les débauchés de ce monde ou avec les cupides et les accapareurs, ou avec les idolâtres ; autrement vous devriez sortir du monde. Maintenant ce que je vous ai écrit, c’est de ne pas avoir de relations avec quelqu'un qui, tout en se nommant frère, serait débauché ou cupide ou idolâtre, ou insulteur, ou ivrogne, ou accapareur, et même de ne pas prendre de repas avec un tel homme. Qu'ai-je en effet à juger ceux du dehors ? N'est-ce pas de ceux du dedans que vous êtes juges ? Ceux du dehors, Dieu les jugera. Expulsez le méchant du milieu de vous. » {1 Cor. 5.11-13.)  

 

b) « Soyez unis… »  

 

Donc, d’une part les chrétiens ne devaient pas avoir de communion avec les incroyants (2 Cor. 6.14), les non-croyants (v.15), ceux qui sont encore dans les ténèbres (v.14), qui servent les faux dieux (v.16), qui sont considérés par Dieu comme impurs (v.17), qui vivent dans la débauche ou l'avarice (Eph. 5.5). Même s'ils se donnent des apparences chrétiennes, il faut éviter avec soin leur compagnie (1 Cor. 5.11-13). Si ces non-croyants avaient été membres de l’église, comment pourrait-on concilier ces recommandations avec celles que donnent d'autre part les apôtres dans presque toutes leurs lettres de maintenir l'unité entre tous les membres de l'assemblée ? « Je vous exhorte frères, par le nom de notre Seigneur Jésus-Christ à vous accorder dans vos paroles, à ne pas avoir de divisions parmi vous, mais à être parfaitement unis dans la même pensée et dans la même opinion » (1 Cor. 1.10). Cette unité se manifeste au moment de la Cène. « Puisqu'il y a un seul pain, nous qui sommes plusieurs, nous sommes un seul corps; car nous participons tous à un même pain » (1 Cor. 10.17). « Vous efforçant de conserver l'unité de l'Esprit par le lien de la paix. » (Eph. 4. 3)  

« Ayez une même pensée, un même amour, une même âme ; ayez une seule et même pensée » (Ph. 2.2). « Au point où nous sommes parvenus, marchons d’un même pas » (Ph. 3. 15). Serait-ce possible avec ceux qui marchent « selon le cours de ce monde, selon le prince de la puissance de l'air, cet esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion » (Eph. 2.1) « selon la vanité de leurs pensées » (Eph. 4. 17) ? Et jusqu’à cette invitation qui revient cinq fois à la fin des épîtres : « Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser » (Rom. 16.16 ; 1 Cor. 16.20 ; 2 Cor. 13.12 ; 1 Thess. 5.26 ; 1 Pi. 5.14), comment la concilierait-on avec l'exhortation de ne pas même prendre un repas avec un faux frère ?  

 

c) « Otez le méchant du milieu de vous. »  

 

Il y a plus : le Seigneur et les apôtres ont demandé aux croyants de rompre la communion non seulement avec les incroyants, mais même avec les croyants qui vivent dans le désordre et le péché.  

« Si ton frère a péché, va et reprends-le seul à seul. S'il t'écoute, tu as gagné ton frère. Mais s'il ne t’écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes afin que toute l'affaire repose sur la parole de deux ou trois témoins. S'il refuse de les écouter, dis-le à l'église ; et s'il refuse aussi d'écouter l’église, qu’il soit pour toi comme un païen et un péager » (Mt. 18.15-17).  

C’est la règle que les apôtres ont demandé aux églises de suivre :  

« Faites disparaître le vieux levain, afin que vous soyez une pâte nouvelle… Expulsez le méchant du milieu de vous » (1 Cor. 5.7, 13). « Nous vous recommandons, frères, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ de vous éloigner de tout frère qui vit dans le désordre et non selon la tradition (les enseignements) que vous avez reçue de nous… Si quelqu'un n’obéit pas à ce que nous disons dans cette lettre, prenez note de lui et n’ayez avec lui aucune relation, afin qu'il en ait honte. Ne le considérez pas comme un ennemi, mais avertissez-le comme un frère » (2 Thess. 3.6, 14-15). Il reste « frère » en Christ puisqu'il a été racheté et régénéré par lui, mais sur le plan des relations humaines, il est mis en marge de l'église.  

 

d) « Eloigne de toi l'hérétique » 

 

La discipline de l'église ne s’exerçait d'ailleurs pas seulement envers ceux qui avaient commis un péché ou qui ne vivaient plus conformément aux instructions des apôtres, elle touchait également ceux qui annonçaient des doctrines différentes de celles des apôtres créant par là des divisions dans les églises.  

Paul avait prévu les ravages que ces hérétiques feraient dans les troupeaux qu’il avait assemblés. « Je sais que parmi vous, après mon départ, s'introduiront des loups redoutables qui n'épargneront pas le troupeau, et que du milieu de vous se lèveront des hommes qui prononceront des paroles perverses, pour entraîner les disciples à leur suite. Veillez donc… » (Act. 20.29-30). Et il a donné des instructions précises aux églises au sujet de ces fauteurs de schismes : « Je vous     exhorte, frères, à prendre garde à ceux qui causent des divisions et des scandales, contrairement à l’enseignement que vous avez reçu. Eloignez-vous d'eux... » (Rom. 16.17).    

« Si nous-mêmes, ou si un ange du ciel vous annonçait un évangile différent de celui que nous vous annonçons, qu'il soit anathème. Nous l'avons dit précédemment, et je le répète maintenant : si quelqu’un vous annonce un évangile différent de celui que vous avez reçu, qu'il soit anathème ! » (Gal. 1.8-9). Le glossaire du Nouveau Testament Segond révisé nous apprend que « ce mot correspond dans le Nouveau Testament à la malédiction ou l'excommunication de ceux qui sont les ennemis de Dieu (Act. 23.14 ; Rom. 9.3 ; 1 Cor.  12.3 ; 16.22). » Hans Bruns précise que celui qui était déclaré anathème dans le judaïsme « n’avait pas le droit de participer à l’enseignement ni d'enseigner lui-même ».    

Au temps où Paul a écrit ses épîtres pastorales, les hérétiques commençaient à se multiplier : « ils garderont la forme extérieure de la piété, mais en renieront la puissance. Eloigne-toi de ces hommes-là… de même que Jannès et Jambrès s'opposèrent à Moïse, de même ces gens s'opposent à la vérité ; ce sont des hommes à l'esprit perverti, et leur foi ne résiste pas à l'épreuve » (2 Ti. 3.6-9).    

« Eloigne-toi de l'hérétique, après un premier et un second avertissement, sachant qu’un tel homme est perverti, qu'il pèche et se condamne lui-même » (Tite 3.10-11).    

Même avertissement, plus rigoureux encore dans la 2me épître de Jean : « Dans le monde sont entrés plusieurs séducteurs qui ne confessent pas Jésus-Christ venu dans la chair. Quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine du Christ n’a pas Dieu ; celui qui demeure dans la doctrine a le Père et le Fils. Si quelqu'un vient à vous et n’apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison et ne lui dites pas : Salut ! car celui qui dit : Salut ! participe à ses mauvaises œuvres » (2 Jn 7.11).    

Si donc les membres des églises devaient rompre les relations même avec des croyants régénérés, mais qui n'avaient pas persévéré dans la vie chrétienne ou la doctrine apostolique, à plus forte raison il n'aurait jamais été question d'admettre comme membre de l’église quelqu'un qui n’a même pas commencé à vivre cette vie chrétienne ou à accepter par la foi cette doctrine.    

La négligence de la discipline ecclésiastique dans les églises issues de la Réforme a transformé celles-ci en institutions bien différentes de celles que les Réformateurs avaient en vue.    

« Luther n’a, il est vrai, jamais voulu constituer une église pure,  mais il pratiquait la discipline ecclésiastique » (Dr M. Jacobs.).

Calvin de son côté écrivait : « Comme la doctrine de notre Seigneur Jésus est l’âme de l’Eglise, la discipline est en icelle comme les nerfs sont en un corps, pour unir les membres et les tenir chacun en son lieu et son ordre » elle sert à « tenir la main à la doctrine à ce qu’elle ne soit point oisive. »

 

Alfred KUEN

www.batissezvotrevie.fr

 

 

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