LA TEIGNE
La teigne appartient à l'ordre des Lépidoptères, c'est-à-dire des papillons. Le terme lépidoptère est formé de deux mots grecs qui signifient écaille-aile. Ce sont les insectes dont les ailes sont recouvertes d'une fine poussière composée de minuscules écailles merveilleusement colorées.
Les Lépidoptères sont répartis en deux sous-ordres: les Macrolépidoptères, les «grands papillons» que nous voyons habituellement dans nos campagnes, et les Microlépidoptères, les «petits papillons», la plupart nocturnes, dont on connaît en Europe 2500 espèces environ. Ils sont essentiellement représentés par les teignes.
De l'anatomie de la teigne nous soulignons les deux points suivants:
1. C’est un très petit papillon, dont l'envergure oscille entre 2 et 25 millimètres.
2. Ses ailes sont étroites et allongées; les ailes supérieures peuvent être colorées, les inférieures sont ternes et munies d’une frange de poils.
La chenille de la teigne, blanchâtre, cylindrique, allongée, présente quelques petites soies éparses sur un corps lisse. À partir des matériaux dont elle se nourrit, une étoffe par exemple, elle se tisse un étui ou un fourreau soyeux, d'où émerge la tête. C’est à cette activité que Job, le patriarche, fait allusion quand il parle de l'homme méchant qui «a bâti sa maison comme la teigne», maison fragile qui ne durera pas (Job 4.19 ; 27.18).
Sous l'angle de la voracité de cette chenille, qui cause de gros dégâts, on a été amené à distinguer plusieurs variétés de teignes:
1. la teigne des vêtements, des fourrures, du crin dont on rembourre les matelas, connue sous le nom de mites ou gerces.
2. la teigne des grains et de la farine qui, lorsque la récolte est engrangée, s'attaque au blé, à l'orge et au seigle; elle ne doit pas être confondue avec ce qu'on appelle le ver de farine qui donne naissance à un coléoptère.
3. la teigne de la cire, qui mange la cire des abeilles ; le papillon s'introduit de nuit dans les ruches, y pond ses œufs et donne des larves qui ravagent les rayons de cire.
4. la teigne des arbres, dite des pommiers, parce qu'elle s'attaque avant tout au pommier, mais aussi au cerisier et au prunier.
Nous rappelons en passant que le terme de teigne ne désigne pas seulement le papillon et la chenille dont nous parlons. Il est aussi le nom d'une maladie de la peau, du cuir chevelu en particulier, produite par divers champignons microscopiques. Elle apparaît sous forme de plaques et provoque la chute des cheveux. La parole de Dieu en parle au chapitre 13 du Lévitique, où nous lisons qu'il importait que le diagnostic de la lèpre fût dûment établi en regard d'autres affections de la peau: la dartre (v. 6), l'ulcère et sa cicatrice (v. 18, 23), la brûlure et sa cicatrice (v. 24, 28), la teigne (v. 29-37), les taches blanches (v. 38).
En Palestine, où la sécheresse du climat leur est défavorable, les papillons sont rares. La parole de Dieu n’en fait aucune mention. Seul ce petit papillon qu'est la teigne y est nommé à plusieurs reprises.
C’est surtout à sa chenille qui ronge et qui détruit qu’il est fait allusion. Job, le patriarche durement éprouvé, se voit dépérir «comme un vêtement que la teigne a rongé» (Job 13.28). David, le psalmiste, consumé par les coups de la main de son Dieu, voit sa beauté consumée comme la beauté d’un vêtement que la teigne a détruit (Ps. 39.10, 11). Esaïe, le prophète, parlant par avance des ennemis du Messie qui le frapperont et l'outrageront, annonce qu’ils vieilliront tous comme un vêtement que la teigne dévore. Puis, s'adressant à ceux qui demeurent soumis à la loi de leur Dieu, il les encourage à ne pas craindre l'opprobre et les outrages des hommes, «car la teigne les rongera comme un vêtement, et le ver les rongera comme de la laine» (Es. 50.9, 51.8).
Le Seigneur Jésus lui-même a parlé de la teigne. Lors du discours sur la montagne, il a enseigné ses disciples à s'amasser, non pas des trésors «où la teigne et la rouille gâtent» mais des trésors dans le ciel, «où ni la teigne ni la rouille ne gâtent» (Matt. 6.19, 20). Ou, comme il est dit dans un autre évangile, à se faire «un trésor qui ne défaille pas, dans les cieux… où la teigne ne détruit pas» (Luc 12.33). Tous les trésors de cette terre un jour défaudront et disparaîtront, comme disparaît tout ce qui est rongé par la teigne. Ce sera le sort inévitable des choses «qui sont sur la terre ». Seuls les célestes biens, les choses qui sont en haut, «où le Christ est assis à la droite de Dieu» (Col. 3.1), demeurent. Ce sont ces choses que nous avons à chercher et auxquelles nous avons à penser, «car là où est notre trésor, là sera aussi notre cœur» (Luc 12.34).
P. ROSSEL
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