QUE SIGNIFIENT LES QUATRE NOMS DE FEMMES DANS LA GENEALOGIE DE JESUS ?

 

QUE SIGNIFIENT LES QUATRE NOMS DE FEMMES

DANS LA GENEALOGIE DE JESUS ?

 

En principe, les généalogies juives ne contiennent pas de noms féminins. Les exceptions (par ex. 1 Chr. 2.21, 24, 34, 48s., et 7.24) concernent soit des irrégularités dans la succession (cf Nb 27.7-11) soit des femmes particulièrement remarquables. Or, les quatre femmes citées par Matthieu ne rentrent dans aucun de ces cas d'exception. Que l’on ait cité Sara, Rébecca ou Rachel, très estimées dans le judaïsme d'alors comme « mères en Israël » eût été compris par chaque bon Juif. Mais aucune des quatre femmes comptées parmi les ancêtres de Jésus et cités par Matthieu ne saurait présenter de lettre de créance particulièrement remarquable. De plus, dans chaque cas, nous avons affaire à une situation exceptionnelle.  

 

Thamar fut choisie comme femme par Juda pour son premier-né Er. L'Eternel le « jugea mauvais » et le fit mourir (Gn 38.7). Son frère Onân refusa de donner une descendance à Thamar (v. 9). Après la mort d'Onân, Juda lui promet son fils Chéla, mais voyant qu'il ne tenait pas sa promesse, Thamar se déguise en prostituée (v.14) et séduit son beau-père dont elle a deux fils jumeaux. L'un d'eux, Pérets, entre avec elle dans l'ascendance de Jésus. Jacques Fauquex fait remarquer que les quatre femmes citées par Mt dans sa généalogie étaient remariées, c'est-à-dire « liées à successivement deux maris, qui apportent un vécu d'alliance de leur premier mariage ». L'histoire de Thamar nous apprend que l'engendrement, pour Mt, « est à la fois de l'ordre de la parole et à la fois de l'ordre du physique. En cela, ce précédent... prépare la formulation de l'engendrement de Jésus, fils de Marie et à la fois du Saint-Esprit et de Joseph. Dans ce nouveau cas, la question du père physique est occultée. Seul le père légal apparaît dans la génération, laissant ensuite un creux que la suite du récit remplira avant l'engendrement par le Saint-Esprit- (Hokhma 61 p. 21).  

 

Rahah était une prostituée de Jéricho qui a caché les espions juifs et a été épargnée lors de la prise de la ville. Pour les rabbins, elle symbolisait non la foi (Héb. 11.31) mais la vie dissolue (Struck-Billerbeck, I p. 20), cependant elle était entrée dans l'alliance de Dieu avec Israël en protégeant les espions hébreux.  

 

Ruth était Moabite, descendante de la relation incestueuse des filles de Loth avec leur père ; mais « elle a manifesté personnellement son attachement à l'alliance avec l’Eternel en accompagnant fidèlement sa belle-mère dans des conditions difficiles» (J. Fauquex).  

 

Bath-Chéba « la femme d'Urie » rappelle l'épisode le plus sombre de la vie de David lorsqu'il commit adultère avec elle et fit tuer son mari. 

Les épisodes du passé d'Israël qui évoquent les noms de ces quatre femmes font partie des pages les moins reluisantes de l'histoire du peuple élu. Ils sont un signe de la condescendance de Dieu qui veut assumer l'humanité telle qu'elle est et la racheter par le Sauveur qu'il lui envoie   

 

Aucune de ces femmes n'était juive : Thamar et Rahab étaient des Cananéennes, Ruth une Moabite, Bath-Chéba, de par son mariage avec Urie était considérée légalement comme une Hittite ; par leurs nationalités. ces femmes sont déjà des signes de l'universalisme de l'Evangile.  

 

Thamar, Rahab et Ruth étaient trois femmes en dehors du peuple de Dieu qui ont « cherché refuge sous les ailes du Dieu d'Israël ». Rahab évoque le thème de l'exode et de l'entrée dans le Pays promis. Bath-Chéba rappelle la fidélité de Dieu à ses promesses (2 Sam. 7) malgré la faute de David. Le rôle de Marie est préparé par ces femmes.  

 

Une autre explication proposée par un certain nombre d'auteurs dit que les quatre femmes révèlent un aspect de la manière étrange et imprévue dont travaille la Providence divine dans la préparation du Messie — ce qui pointe vers la manière étrange et imprévue, mais providentielle, de la conception de Jésus par Marie.

 

Enfin, la présence de quatre femmes dans une généalogie fait pressentir le tournant révolutionnaire que Jésus amorcera par son attitude envers la femme.  

 

DA Carson ajoute : « Il n'y pas de raison d'écarter l'une ou l'autre de ces interprétations. Matthieu en tant que Juif, sait comment écrire avec des touches allusives ; et les lecteurs familiers de l'Ancien Testament, feraient naturellement surgir dans leur esprit une multitude d'images associées aux différents noms sélectionnés dans cette généalogie» (D.A. Carson Mt p. 66).  

 

On peut remarquer également que Mt ne cherche pas à évincer systématiquement de cette généalogie tout ce qui, d'un point de vue moral et religieux, n'est pas parfait. Peut-être veut-il indiquer par-là que tout homme pécheur peut entrer dans l'alliance avec l'Eternel.  

 

A. KUEN

www.batissezvotrevie.fr

 

 

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