L'ETAT SPIRITUEL DES MEMBRES D’ÉGLISE D'APRES LES ÉPÎTRES (5° partie)

   

 

L'ETAT SPIRITUEL DES MEMBRES  

D’ÉGLISE D'APRES LES ÉPÎTRES

(5° partie)

 

La présence d'inconvertis dans l’église serait inconciliable avec les détails que nous donnent les épîtres sur l’état spirituel des vrais membres.

 

 

g) Les exhortations à progresser dans la foi.

 

Si les églises n'étaient pas composées de croyants, on ne comprendrait pas les exhortations des apôtres à « demeurer fermes», à « progresser» et à tirer de leur position de chrétiens toutes les conséquences. 

 

En effet, dans les Evangiles et les Actes, nous ne trouvons qu'une

seule fois une exhortation à demeurer fermes dans la foi (Jn. 15,

où Jésus s'adresse à ses disciples) ; les épîtres nous en donnent une

quinzaine sous forme d'impératifs et une quarantaine sous forme de

conseils ou d’encouragements. 

 

« Demeurez donc fermes et ne vous laissez pas de nouveau mettre

sous le joug de la servitude » (Gal. 5.1). « Demeurez fermes dans

la foi que nous professons » (Hbr. 4.14). « Que chacun de vous

montre le même zèle pour conserver jusqu’à la fin une pleine espérance, en sorte que vous ne vous relâchiez point » (6. 11-12). « N’abandonnez pas votre assurance à laquelle est attachée une grande rémunération » (10. 35-36). « Et maintenant, petits enfants, demeurez en lui, afin qu’au moment où il sera manifesté, nous ayons de l'assurance et qu’à son avènement nous n’ayons pas la honte d’être

éloignés de lui » (1 Jn. 2.28). « Ce que vous avez, retenez-le jusqu’à ce que je vienne » (Ap. 2.25). « Retiens ce que tu as afin que personne ne prenne ta couronne » (3. 11).

On ne peut demeurer quelque part que si on y est, on ne peut persévérer dans une voie qu'après y être entré.

Cette foi, que les membres des églises primitives possédaient, devait croître. Dans les Evangiles et les Actes, il n'y a aucune invitation à croître dans la foi. Dans les épîtres par contre, une vingtaine d'ordres et près d’une quarantaine de mentions concernent la croissance et le progrès dans la foi.

«Que vous croissiez à tous égards en celui qui est le chef : Christ » (Eph. 4. 15). « Perfectionnez-vous » (2 Cor. 13. 11). Cette exhortation est souvent associée à l'appel à la fermeté : « Soyez fermes, inébranlables, travaillant de mieux en mieux à l’œuvre du Seigneur » (1 Cor. 15.58). « Veillez, demeurez fermes dans la foi, fortifiez-vous » (1 Cor. 16. 13).

 

« Frères, puisque vous avez appris de nous comment vous devez vous conduire et plaire à Dieu, et que c’est là ce que vous faites, nous vous prions et nous vous conjurons au nom du Seigneur Jésus de marcher à cet égard de progrès en progrès… vous avez-vous-mêmes appris de Dieu à vous aimer les uns les autres et c'est aussi ce que vous faites… mais nous vous exhortons, frères à abonder toujours plus dans cet amour…» (1 Thess. 4. 1-9, 10). « Le Dieu de toute grâce... vous perfectionnera lui-même, vous affermira, vous fortifiera, vous rendra inébranlables » (1 Pi, 5.10). « Croissez dans la grâce et la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ » (2 Pi. 3.18). Cette croissance était une réalité à laquelle les apôtres ne craignaient pas de rendre hommage : « Nous devons, frères, rendre continuellement grâces à Dieu à votre sujet et ce n’est que juste parce que votre foi fait de grands progrès et que l'amour que vous avez tous, les uns pour les autres s'accroît de plus en plus. Aussi nous glorifions-nous de vous dans les églises de Dieu à cause de votre persévérance et de votre foi au milieu de toutes vos persécutions et des afflictions que vous supportez » (2 Thess. 1. 3-4).

 

 

La sanctification est un non-sens sans la conversion !

 

Toutes les exhortations morales des épîtres ont pour base la position nouvelle des lecteurs. Le schéma de ces exhortations n'est pas « Faites ceci pour être sauvés ou pour devenir saints » (ce serait le salut par les œuvres) mais : « Puisque vous êtes sauvés, faites ceci, puisque vous êtes saints, devenez-le ».

 

Dans les épîtres de Paul : « Je vous exhorte donc à marcher d’une manière digne de la vocation qui vous a été adressée » (Eph. 4.1; v. Phil. 1. 27). « Soyez bons les uns envers les autres, compatissants, vous pardonnant réciproquement, comme Dieu vous a pardonné en Christ » (4. 32).

 

« Que la débauche, toute forme d’impureté ou la cupidité ne soient pas même mentionnées parmi vous, comme il convient à des saints » (5. 3). « Autrefois en effet vous étiez ténèbres, mais maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. Marchez comme des enfants de lumière » (5.8). « Comme vous avez reçu le Seigneur Jésus-Christ, marchez en lui, étant enracinés et fondés en lui et affermis

par la foi » (Col. 2. 6). « Si donc vous êtres ressuscités avec Christ, cherchez les choses d’en-haut… affectionnez-vous aux choses d'en-haut et non à celles qui sont sur la terre. Car vous êtes morts… faites donc mourir votre nature terrestre, la débauche, l'impureté, les passions… ne mentez pas les uns aux autres, vous qui avez dépouillé le vieil homme avec ses actions et revêtu l’homme nouveau… ainsi donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-vous d'ardente compassion, de bonté, d'humilité… » (3. 1-12).

 

De Pierre : L'apôtre Pierre ne procède pas autrement. Dans sa première épître il donne une cinquantaine d'exhortations différentes exprimées par quelque soixante-dix verbes, mais il justifie presque chaque exhortation par l'œuvre que Dieu a accomplie : fréquemment nous trouvons ces locutions : car, afin que, c’est pourquoi, donc, puisque, comme. Dieu nous demande de vivre de manière sainte à cause de ce qu'il a fait pour nous (1.13; 5.7), en nous (1. 22-23), (après avoir purifié — en obéissant à la vérité pour avoir un amour fraternel sincère, aimez-vous les uns les autres ardemment, vous qui avez été régénérés…) — à cause de ce que nous sommes devenus (1.14: comme des enfants obéissants ; 2.2 : comme des enfants nouveau-nés ; 2.5 : comme des pierres vivantes ; voir aussi 2.9, 11, 17, 24 ; 4. 10), de ce que nous professons au faisons (1.15, 17 ; 2.13, 15 ; 3, 12 ; 4.11 ; 5.5), de notre appel (2.21 ; 3.9), de ce qui nous attend (3.9 ; 4.7, 13, 17 ; 5.4, 6).

 

De Jean : Jean suit la même démarche dans ses épîtres : celui qui croit en Christ est « né de Dieu », « en Dieu » et « Dieu est en lui ». Or, quiconque est né de Dieu aime Dieu et les frères (1 Jn. 2. 5, 7 ; 3.11, 23) et garde les commandements de Dieu. Les lecteurs de ses épîtres sont nés de Dieu (2. 12-14, 20-21 ; 3. 14 ; 5. 13), ils doivent donc marcher comme il a marché (2. 6), ne pas pécher (2. 1 ; 3. 6, 9 ;

5. 18), garder ses commandements (2. 3 ; 3. 22-24 ; 5. 2), pratiquer la justice (2. 29 ; 3. 7), aimer Dieu (4. 19 ; 5. 2) et les frères (3. 11, 18, 23 ; 4. 7, 21 ; 5.2).

 

«Quiconque lit les Epîtres doit y reconnaître que (réserve faite des hypocrites et des indignes) tout membre d’une Eglise apostolique est traité comme un racheté et comme un saint, par cela seul qu’il est considéré comme un croyant. » (A. de Gasparin.)1

 

 

Deviens ce que tu es.

 

C'est parce que les membres des églises auxquelles les apôtres adressaient leurs lettres étaient nés de Dieu, en Christ ou en Dieu et que, par conséquent, Christ et l'Esprit Saint étaient en eux, que les apôtres pouvaient les exhorter à garder les commandements, à pratiquer la justice et à aimer les frères. Avant leur régénération, cela leur eût été impossible, parce qu’au lieu de Dieu, c'était le péché

qui habitait en eux (Rom. 7.17), ils étaient esclaves de la loi du péché et de la mort (Rom. 7. 23 ; 8.2), la chair ôtait toute force à la loi (Rom. 8. 3), la chair est incapable de se soumettre à la loi de Dieu (Rom. 8.7), accomplir le bien était donc hors de leurs possibilités (Rom. 7. 18). Mais maintenant la loi de l’Esprit de vie en Jésus-Christ les a affranchis de la loi du péché et de la mort (Rom. 8. 2) et Christ en eux (Col. 1.28 ; Gal. 2. 20) les rend capables d’obéir aux commandements du Père.

 

Ainsi toutes ces exhortations nous confirment une fois de plus que les églises apostoliques étaient composées de croyants régénérés.

Le drame de la prédication dans la plupart des églises de multitude, c’est qu’elles restent dans le style des épîtres (quand elles restent !) tout en s'adressant à un public ressemblant davantage celui des Evangiles et des Actes des apôtres qu’à celui des épîtres. « Ils parlent au monde, comme s'il était l'Eglise » disait le Dr. W.A. Visser’t Hooft. A force de s'entendre exhorter comme des chrétiens, les inconvertis dans ces églises finissent par se croire tels, mais cette croyance ne remplace pas la foi ni le Saint-Esprit lorsqu'il s’agit de mettre les exhortations en pratique. S'habituant à les trouver irréalisables dans leur vie, ils en viennent à les considérer comme telles en général, c’est-à-dire comme des conventions rhétoriques caractéristiques de l’éloquence de la chaire. Ceux qui « ont l'apparence de la piété mais renient ce qui en fait la force » (2 Tim. 3.5), ne peuvent qu'être désemparés devant les exigences de l'éthique chrétienne, alors que l’annonce de la Bonne Nouvelle du salut par la foi, du pardon des péchés acquis par la mort de Christ sur la Croix répondrait à tous leurs besoins. Ce message manque souvent, parce qu'on part de la fausse supposition que, par le baptême des enfants, par l'instruction chrétienne, la confirmation et l'usage régulier des sacrements, tous sont déjà chrétiens, régénérés et en possession du Saint-Esprit. La prédication se trouve donc souvent en porte-à-faux par rapport à l'auditoire : à la place du message qui apporte la libération et la vie, les incroyants christianisés des églises multitudinistes reçoivent des exhortations qui les découragent parce qu’ils n'arrivent pas à les réaliser dans leur vie.

D'un autre côté, dans nombre d'œuvres et de mouvements d'évangélisation, les chrétiens régénérés qui constituent la majorité des auditoires sont privés de ces exhortations et de l’enseignement que les apôtres donnaient aux croyants pour les aider à croître, parce que le ministère de la parole s’est volontairement limité à l’annonce du salut. La responsabilité de ces méprises revient à la méconnaissance

de la composition de l’église telle que Dieu l’a fixée. 

 

1. Ecoles du Doute et de la Foi, p. 390.

 

Alfred KUEN 

www.batissezvotrevie.fr

 

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