LE REVEIL DES DIX VIERGES
OU
L’ATTENTE DU RETOUR DE CHRIST
Lecture biblique : Matthieu 25.1-13 « Alors toutes ces vierges se réveillèrent, et préparèrent leurs lampes » (v.7).
Notre culture est obsédée par l'idée de «sécurité». Elle prétend mener toutes ses guerres afin de la procurer aux nations. On s'attend à ce que le gouvernement fournisse une sécurité sociale du berceau jusqu'au cercueil. Aucun souci ne doit subsister pour l'avenir, tant individuellement que collectivement. On veut ce sentiment de sécurité, et on l'escompte même comme un droit.
Telles sont tout au moins la conception et les promesses des systèmes modernes, sans lesquelles aucun politicien n’a d'espoir. Au niveau le plus fondamental, la sécurité prépare le cours prévisible de la vie. Comme de bons «scouts», il faut être «toujours prêts», que ce soit dans le cadre familial, professionnel, de l'éducation, la santé, la retraite ou la mort. Dans un certain contexte, c'est un aspect légitime de notre responsabilité qui anticipe les contingences et besoins futurs d'une manière sage et réfléchie.
Trop souvent, malheureusement, les hommes conçoivent leurs projets sans tenir compte de ce que Dieu a révélé sur lui-même et sa volonté. Il en résulte qu’une sécurité vaine et entièrement illusoire s'appuie sur la fausse supposition que Dieu et ses desseins n'interviennent pas du tout dans notre bien-être, tant sur cette terre que dans l'éternité.
L'idée de préparation à la rencontre avec Dieu semble aujourd’hui une préoccupation bizarre, voire fanatique. L'homme s'étonne de voir associées une attente enthousiaste du retour de Christ avec une soumission complète à sa seigneurie et à la conduite du Saint-Esprit. C’est la raison pour laquelle l'image du «prophète de malheur», avec son panneau «prépare-toi à la rencontre de ton Dieu», engendre tant de ridicule grossier. Pour l’homme moderne, il n'annonce pas une réalité à venir, mais c'est un maniaque religieux complètement fou. On ne rejette cependant pas Jésus aussi aisément. Son souci profond de voir ses auditeurs se préparer à une éternité dans laquelle ils allaient bientôt tous entrer, lui fit raconter la parabole des vierges sages et des vierges folles.
Pourquoi veiller pour le retour de Christ ? (25.1-5)
Cette parabole appelle à se préparer correctement à la rencontre avec Dieu, à vivre chaque jour à la lumière de l'éternité. Elle encourage à vivre pour le retour de Jésus-Christ dans une attente pleine d'espérance, et d’être ainsi prêts, si la mort survenait d’abord. Tout en se centrant sur la plénitude du royaume de Christ à la fin des temps, la parabole comporte aussi une application pratique pour une vie de piété personnelle vibrante dans l'attente de ce grand jour. Loin d'être une «promesse en l'air», elle conduit à l'impact le plus concret sur la vie.
Paul avait cela à l'esprit lorsqu'il disait : «Christ est ma vie, et mourir m'est un gain» (Philippiens 1:21). Les chrétiens amènent l'éternité dans leur vie quotidienne. Ils regardent vers le ciel, et vivent pour ce but, tout en demeurant dans ce monde. Avec cette optique céleste, ils sont donc spécialement équipés pour une utilité terrestre maximale.
Les cinq premiers versets dépeignent les circonstances générales au temps du retour de Jésus-Christ et offrent trois raisons pour se préparer à le rencontrer. Jésus illustre cela au moyen des coutumes nuptiales parmi les Juifs de l'époque. L'épouse et les conviés attendent l’arrivée de l'époux. À l'annonce de son approche, les serviteurs iront à sa rencontre et reviendront avec lui pour procéder au mariage et au festin.
La parabole présente «dix vierges», une sorte de demoiselles d'honneur. Elles représentent l'Église professante visible dans le monde. Le chiffre «dix» parle de totalité et indique ici toute l'Église visible. Leur «virginité» leur confère à toutes une même relation avec l'époux. Les chrétiens partagent, du moins extérieurement, une même profession de foi. Toutes les demoiselles d'honneur attendent l'époux. Tous les chrétiens attendent le Seigneur Jésus, si on en croit leur profession de foi.
Certains montreront qu’ils ne l’attendent pas vraiment. Mais, au point où nous en sommes, aucune évidence dans leur vie ne contredit leur engagement ou ne permet de douter de leur sincérité, Les dix jeunes filles semblent prêtes pour la venue de l'époux. La parabole démontre donc d'emblée la nécessité d’une préparation pour la venue de Christ et d'un examen de conscience pour découvrir toute négligence dans ce domaine. Elle met en garde contre les conséquences éternelles de ne pas
croire à l'Évangile de Jésus-Christ.
Nous devons être sages (25.2-4).
Cinq des jeunes filles étaient «folles», et cinq autres «sages». Toutes savaient que l'époux allait venir, mais certaines agirent comme si cela n'était pas vrai. «Les folles, en prenant leurs lampes, ne prirent point d'huile avec elles» Elles emmenèrent le panier du pique-nique sans les sandwichs ! Cet avertissement s'adresse à ceux qui se disent chrétiens mais vivent comme si le Seigneur n'allait jamais revenir. En fait, beaucoup de gens qui se regardent comme chrétiens semblent vivre comme s'ils n'allaient jamais mourir et rendre compte de leurs actions ! Jésus nous demande de réfléchir aux réalités de la Parole de Dieu et du monde.
L'«huile» symbolise la préparation et la vigilance spirituelles. Dans l'Écriture, elle représente souvent le Saint-Esprit (Exode 30.22-33 ; Zacharie 4.2, 12 : Actes 10.38 ; Hébreux 1.9 ; 1 Jean 2.20, 27), Les «lampes» sont les aspects extérieurs d’une profession de foi, alors que l'huile décrit la réalité intérieure et spirituelle d’une foi vivante. Même les vierges folles avaient un peu d'huile. Il existe chez certains une œuvre du Saint-Esprit malheureusement seulement temporaire.
Les jeunes filles insensées représentent ceux «qui ont goûté le don céleste, qui ont eu part au Saint-Esprit», mais qui ne persévèrent pas. Ils n'ont jamais vraiment été convertis à Christ, même s'ils semblent, pour un temps, être des chrétiens engagés. À l'opposé, «les sages prirent, avec leurs lampes, de l'huile dans des vases». Elles s'étaient préparées. Comme le bon scout prend des piles de rechange quand il part pour son camp d'été, le chrétien veille tout spécialement à vivre à la lumière dé
l'éternité.
Nous devons être patients (25.5)
Seul le Dieu trinitaire sait exactement quand Jésus revient. Selon son plan, il «vient bientôt», et il sera à l'heure, mais de la perspective de notre courte vie, liée par le temps, cette venue ne semble jamais venir assez vite.
Pour les dix vierges, «l'époux tardait», et il en a semblé ainsi pour de nombreuses générations de chrétiens. Le Seigneur semble retarder son retour et, derrière des clichés du genre : «… si le Seigneur tarde», repose la suspicion sans fondement qu’il le pourrait bien ! Ce sentiment est né de siècles, puis de millénaires, d'attente de ce grand événement. Il n’est donc pas étonnant que notre sentiment d'urgence et d'anticipation s'émousse quelque peu.
Cela explique, en partie tout au moins, pourquoi certains chrétiens tendent à penser très peu au retour de Christ, où même à ne pas prêter attention du tout à la prophétie. À l'autre extrême, d’autres en deviennent obsédés et nourrissent leur enthousiasme de spéculations sur les signes des temps et la date exacte de ce grand Jour toujours imminent.
Ces gens ont toujours tendance à interpréter la prophétie apocalyptique (au sujet des choses de la fin) en termes de leur propre génération, alors que l’autre catégorie repousse le tout dans un avenir très lointain.
Jésus, quant à lui, enseigne une urgence patiente, la sorte de vigilance qui vit chaque journée dans une diligence calme, mais toujours prête à répondre si l'appel retentit. L'œil du cheval a deux points focaux sur la rétine, l'un fixé sur l'herbe qu'il mange, et l’autre vers l'horizon. Il voit simultanément avec clarté ce qu'il fait et ce qui peut survenir. Les yeux de notre intelligence ont besoin de cette double focalisation afin de garder notre tâche présente et notre espérance future dans une perspective correcte.
Restons éveillés (25.5)
L'époux tardait, et «toutes s‘assoupirent et s’endormirent.» Elles ne péchaient pas, comme certains l'ont suggéré, mais manifestaient seulement la limitation de notre humanité. Nous avons d'autres choses à faire en attendant la fin du monde. Nos responsabilités présentes, comme l'assoupissement des vierges, nous enveloppent avec une telle insistance que nous trouvons difficile de garder l'esprit branché sur des éventualités plus distantes. Les limitations humaines peuvent, imperceptiblement mais rapidement, glisser vers une négligence coupable. Jésus attire notre attention vers la promesse de son retour, mais il comprend notre faiblesse. Il nous pousse donc doucement vers l'éveil spirituel, en parallèle avec l'encouragement que Paul donne plus tard : «Ne vous lassez pas de faire le bien» (2 Thessaloniciens 3.13). Nous ne devons pas nous endormir sur notre tâche.
Une autre raison pour rester éveillés réside dans la tentation de douter des promesses de Dieu. «Sachez avant tout, dit Pierre, que, dans les derniers jours, il viendra des moqueurs avec leurs railleries, et marchant selon leurs propres convoitises. Ils disent : Où est la promesse de son avènement ? Car, depuis que les pères sont morts, tout demeure comme dès le commencement de la création.» Sa réponse a toujours la même pertinence : «Ils veulent ignorer, en effet, que... le monde d'alors périt, submergé par l’eau», et que «les cieux et la terre d’à présent sont gardés et réservés pour le feu.»
En outre, «devant le Seigneur, un jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un jour. Le Seigneur ne tarde pas dans l'accomplissement de la promesse, comme quelques-uns le croient ; mais il use de patience envers vous, ne voulant pas qu'aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance» (2 Pierre 3.3-9).
Dieu est longanime. S'il voulait remplir l'enfer, le monde aurait depuis longtemps disparu en fumée. Mais il prévoit d'amener des gens à la repentance et d'emplir le ciel d’une multitude trop grande pour être comptée, Ne vous plaignez donc pas s’il prend son temps ! Gardez votre foi avec une bonne conscience, et soyez prêts pour son retour.
Les dangers de ne pas veiller (25.6-12)
«Au milieu de la nuit, on cria : Voici l’époux, allez à sa rencontre !» Quand toute trace de l'attente de son arrivée sombre dans le velours de la somnolence, le voilà! Ce «milieu de la nuit» est la «nuit», l'heure inconnue pendant laquelle en «voleur» le Seigneur vient surprendre les méchants (1 Thessaloniciens 5.2 ; 2 Pierre 3.10 ; Apocalypse 3.3). D'où la nécessité vitale de se préparer afin que ce jour ne vienne pas en jugement mais comme la délivrance finale. «Heureux celui qui veille, et qui garde ses vêtements, afin qu’il ne marche pas nu et qu’on ne voie pas sa honte !» (Apocalypse 16.15)
«Nos lampes s'éteignent !» (25.7-9)
Éveillées par l'approche de l'époux, les jeunes filles «préparèrent leurs lampes» et sortirent à sa rencontre. Très vite, «les folles dirent aux sages : Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent.» Les sages refusèrent : «Allez plutôt chez ceux qui en vendent, et achetez-en pour vous.»
Il est possible de lire cela avec un ton de voix qui en fasse une rebuffade peu aimable, ce qui porterait préjudice à la sagesse et à l’attitude des jeunes filles qui avaient pris soin de leur préparation pour cette heure-là. Si elles avaient accédé à la requête, les dix auraient très probablement bientôt été à court d'huile. II n'y avait pas assez d'huile pour un partage et une procession nuptiale. Les vierges folles n'avaient d'autre alternative que d'aller en acheter autre part.
La leçon la plus évidente consiste en ce qu'il y a une seule source pour l'huile de la préparation à la confrontation avec Christ. Dieu est ce fournisseur exclusif, et chacun doit aller vers lui. L'état de préparation ne se transfère pas d’une personne à une autre. Personne ne peut croire à l'Évangile ni grandir dans la grâce pour vous. La sainteté de votre mère ne vous sauvera pas. Les déclarations d'un prêtre ou d'une église ne vous donneront pas un nouveau cœur. Si vous ne vous êtes pas préparé à la rencontre avec l’Époux de l’Église, vous n'aurez absolument aucune excuse, vous serez le seul à blâmer.
Il n’y a pas non plus de «seconde chance» pour obtenir le salut après cette vie. Le purgatoire, où les hommes passent des millions d'années à se forger une sainteté suffisante pour le ciel, n'existe pas. Il n’y a pas de prédication de l'Évangile en enfer, la conviction contraire provient d'une mauvaise interprétation de 1 Pierre 3.18-20, et d’une phrase contenue dans le soi-disant symbole des apôtres. « Voici, maintenant (alors que vous lisez ces mots et à chaque fois où vous entendez l'Évangile) le jour du salut» (2 Corinthiens 6.2 ; cf. Hébreux 3.7,13,15).
La repentance et la foi doivent intervenir maintenant. Rien ne vous amènera au ciel si vous allez dans la présence du Juge avec un cœur non régénéré qui a résolument rejeté Jésus de votre vie.
La porte était fermée (25.10-12)
Les vierges folles partirent chercher de l'huile. Rien ne dit qu’elles en trouvèrent. Elles revinrent mais, entre-temps, «l'époux arriva. et la porte fut fermée». Lorsqu'elles demandèrent à entrer, le maître de maison leur répondit : «Je vous le dis en vérité, je ne vous connais pas.» Il s'agissait là du langage rabbinique pour une expulsion, comme à l'égard d'un élève désobéissant. La plupart des hommes veulent échapper aux conséquences de leurs péchés, sans néanmoins cesser de pécher. Si, une fois pris, ils manifestent un désir de changement, ce n'est souvent
qu'un dernier effort pour éviter le couperet. Beaucoup, éperdument indifférents à Jésus en cette vie, se mettent enfin à revendiquer leur innocence.
Le Seigneur déjoue les nouveaux mensonges tout aussi bien que les anciens. Comme il «envoya paître» les faux prophètes et adeptes de miracles (tout aussi nombreux aujourd’hui qu’à son époque), il démasquera les hypocrites de la dernière heure, qui veulent garder le ciel et leurs anciennes voies : «Alors je leur dirai ouvertement : Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité» (Matthieu 7.23). Il n’y a pas d'huile (d'œuvre régénératrice du Saint-Esprit) au-delà de la tombe.
«Veillez donc» (25.13)
Le Seigneur termine par un simple mot d'application : «Veillez donc, puisque vous ne savez ni le jour, ni l’heure.»
Sa logique est claire comme de l’eau de roche. Si nous attendons un invité pour une heure précise, nous planifions les préparations de sorte à être prêts juste à l'heure. En fait, nous les laissons pour le plus tard possible. En revanche, s'il doit arriver «dans la semaine», nous prenons des dispositions pour être prêts plus tôt. Nous plaçons peut-être un guetteur pour nous prévenir. Paradoxalement, la nécessité d'être prêts grandit avec l'imprécision de la date de l'événement. Toute la stratégie militaire de surveillance et d'alerte avancée, si commune de nos jours, se base sur cette idée.
Dieu a fixé l'heure du retour de Christ et de notre propre mort sur l'agenda immuable de son dessein. Nous ne les connaissons toutefois pas. Nous ne savons pas même ce qu’un jour peut apporter. Il est donc d'autant plus impératif de vivre dans un état continuel de confiance en notre Sauveur. La «date» de ces événements importe peu, sauf pour stimuler une sainteté personnelle et un engagement sans réserve à s'aligner sur le Saint-Esprit (Galates 5.25).
Dieu nous appelle à veiller en attendant Jésus, et à vivre chaque jour de façon pratique comme des disciples. II ne nous demande pas de le chercher, dans le sens de labourer les Ecritures pour y traquer des indices sur la date de son retour, ni de monter sur les sommets pour l'y attendre.
Notre vocation consiste à vivre chaque jour dans la joie de notre vocation céleste, jusqu’à la fin du monde ou de notre vie. Avec le cœur rempli de la préparation de l'huile de l'Esprit, veillons pour le retour du Seigneur dans les cieux avec une attente impatiente et une obéissance calme.
«Amen ! Viens, Seigneur Jésus !» (Apocalypse 22.20)
Gordon KEDDIE
www.batissezvotrevie.fr
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