L’INSPIRATION PLENIERE ET VERBALE DE L’ECRITURE (3° partie)

 

  

 

 

L’INSPIRATION PLENIERE ET VERBALE DE L’ECRITURE

(3° partie)

 

3. Pourquoi parle-t-on d’inspiration « verbale » ?

 

Parce qu’une inspiration plénière porte nécessairement jusque sur les mots (en latin, verbum = mot). Nous l’avons déjà dit… les mots sont inséparables du message. Le sens de la révélation divine est inextricablement lié aux expressions de l’Ecriture, son contenu ne peut être exprimé sans paroles. Donc, si nous ne pouvons pas dire que les mots de l’Ecriture sont donnés de Dieu, nous ne pouvons affirmer non plus que l’Ecriture est inspirée, car elle est constituée par des mors. Nous ne serons jamais certains de ce que l'Esprit de Dieu veut dire dans l'Ecriture, à moins d’être sûrs que les mots du texte ont été expressément inspirés par Lui. 

« L’unique moyen de communication d'idées que nous puissions comprendre, en tant qu'êtres rationnels, est celui qui éveille des idées semblables en la personne à qui la communication est faite. La forme la plus générale d’une telle communication est le langage, qui s’exprime essentiellement par des sons et leur représentation visuelle et symbolique en caractères écrits. Si le récit de l'incarnation et la voix du prophète transmettent un véritable message divin, c’est que Dieu a employé le véhicule des mots parlés et écrits — caractéristique universelle du langage — pour révéler sa volonté à l'homme… Le succès de toute communication, d'autre part, dépend de la propriété de l’expression. Si le mode d'expression est défectueux, la compréhension de la pensée originale sera imparfaite » (T.C. Hamm Inspiration and Authority, IVF London, p. 12-13).

A propos de l’usage de l'expression « inspiration verbale », Hodge remarque que pour beaucoup de théologiens elle implique l'idée de dictée mécanique. « Mais, ajoute-t-il, nous répudions cette dernière avec autant de force qu'eux. Aujourd’hui, les partisans de la doctrine la plus stricte de l’inspiration, en insistant sur son caractère verbal, ne veulent pas du tout dire que les pensées étaient inspirées par le moyen de mots ; mais simplement, que l'influence divine que nous

appelons inspiration porte sur l’expression verbale des pensées des auteurs sacrés, aussi bien que sur ces pensées elles-mêmes. Par conséquent la Bible, considérée comme une rédaction écrite, une expression par des mots d’une révélation divine, est la Parole de Dieu pour nous » (cité par Ed. J. Young).

Ecoutons encore en résumé L'opinion d'E. Sauer : Nous croyons à l'inspiration plénière à cause de l'union intime de la pensée et des mots. Pour exprimer une idée sans erreur, il faut choisir très soigneusement les mots correspondants. La pensée humaine a son origine dans des notions, des sensations, des conceptions tout d’abord indistinctes. Mais tout ce qui est spirituel, pour atteindre le développement d’une idée claire, doit se formuler en mots. Une pensée ne devient réellement consciente que si, des profondeurs des sensations subconscientes et des impressions indéterminées de la volonté et du sentiment, un mot surgit. Le mot peut être considéré comme le corps de la pensée, donnant à l’esprit sa « visibilité » et sa forme, C'est pourquoi, si l'expression est vague, la pensée demeure vague et tout devient brumeux et indistinct (From Eternity to Eternity, Paternoster Press, 1954, p. 103).

Si donc les pensées sont inspirées, les mots doivent l'être aussi. Une modification des mots entraîne toujours un changement plus ou moins grand de la pensée. Luther écrit très justement : « Christ n’a pas dit de ses pensées, mais de ses paroles qu'elles sont esprit et vie» (Jean 6. 63). J-A. Bengel déclare à propos des prophètes : « Avec les idées, Dieu leur donnait en même temps les mots. » Spurgeon, le prince des prédicateurs, s'écrie : « Nous défendons chaque mot de la Bible, et croyons en l'inspiration verbale et littérale de l’Ecriture. En fait, nous croyons qu’il ne saurait y en avoir d'autre. Si on nous enlève les mots, le sens exact du texte est perdu ».

Pour les hommes de la Bible, Jérémie par exemple, tout cela ne faisait aucun doute, comme nous venons de le voir. Dieu ne lui avait-il pas déclaré : « Tu diras tout ce que je t'ordonnerai… Voici, je mets mes paroles dans ta bouche… tu seras comme ma bouche… Dis… toutes les paroles que je t'ordonne de leur dire ; n'en retranche pas un mot… Prends un livre, et tu y écriras toutes les paroles que je t'ai

dites… jusqu’à ce jour » (Jér. 1. 7, 9 ; 15. 19 ; 26. 2 ; 36, 2).

A Ezéchiel, le Seigneur donne à manger symboliquement le rouleau de sa révélation. Puis il lui dit : « Quand je te parlerai, j'ouvrirai ta bouche (et non seulement ta pensée ou ton esprit), pour que tu leur dises : Ainsi parle le Seigneur, l'Eternel » (Ez. 2.9 à 3.3, 27).

Selon Paul, le Saint-Esprit enseigne aux porte-parole de Dieu un langage spirituel, dont les mots (en grec, logoi : discours, mots dans leur suite ordonnée, dans le vivant enchaînement des phrases) correspondent au message surnaturel à transmettre, la pensée même de Christ (1 Cor. 2.13, 16). Aussi voyons-nous constamment telle révélation surgir d'une expression particulière, ou tel auteur appuyer toute son argumentation sur un seul mot :

 

Mat. 22, 32 - Ex. 3.6 : En disant : Je suis le Dieu d'Abraham… le Seigneur affirme que les patriarches sont encore vivants, démontrant en même temps la survie et la résurrection (voir encore Luc 20. 37-38).

 

Mat. 22. 45 - Ps. 110. 1 : Si David, animé par l’Esprit, donne au Messie le titre de Seigneur aussi bien qu’à Dieu, c’est qu’il voit en Lui bien plus que son descendant selon la chair. Jésus en tire une affirmation de sa divinité et réduit au silence ses adversaires.

 

Jean 8.58 - Ex. 3. 14 : En s'écriant : « Avant qu'Abraham fût, je suis », Jésus affirme sa préexistence et sa divinité, car il reprend à son compte le nom ineffable de Dieu révélé à Moïse. Il dit « Je suis », contre les règles de la syntaxe (et non : j'étais). Il souligne aussi son éternité toujours présente, face à laquelle le temps ne compte pas. Les Juifs saisissent très bien et, pour ce seul mot, veulent le lapider.

 

Jean 10. 33-36 - Ps. 82. 6 : L’Ecriture, qui ne peut être anéantie, avait appelé dieux (et fils du Très-Haut) ceux auxquels la parole du Seigneur avait été adressée. Le Christ s'appuie sur cette audacieuse expression pour démontrer combien plus lui-même, descendu du ciel, peut s’intituler Fils de Dieu.

 

Gal. 3. 16 – Gen. 12.7 : Dieu dit à Abraham : « Je donnerai ce pays à ta postérité », et non pas : à tes descendants. Paul tire de ce singulier une prophétie précise concernant la personne unique du Christ, issu d'Abraham.

 

La multiplication de tels exemples pourrait nous entraîner fort loin. Bornons-nous à voir encore comment l’auteur de l'épitre aux Hébreux base constamment son argumentation sur un seul mot de l‘Ecriture :

 

Hbr. 1. 5-6- Ps. 2.7 ; 2 Sam. 7.14 : Dieu appelle le Messie son Fils.

 

— 1.9- Ps 45,8 : la répétition du mot « Dieu », appliqué au Fils et au Père.

 

—  2.6-8 - Ps. 8. 5-7 : « toutes choses soumises au Fils de l'homme ». L'auteur reprend trois fois cette expression pour en marquer la portée et l'application dans le temps.

 

—  2.11-12 - Ps. 22.23: de même, le mot « frères ».

 

— 3.7-11 – Ps. 95. 8-11 : ici, l’accent est mis sur les deux mots « aujourd’hui » (3.7, 13, 15 ; 4. 7a, 7b) et « repos » (3.11, 18 : 4,1, 3a, 3b, 5, 8, 9, 10, 11).

 

— 6. 13-17 - Gen. 22. 16 : Dieu dit à Abraham : « Je le jure par moi-même... », expression reprise et développée par l’auteur de l’épître.

 

— 7.3 - Gen. 14. 18-20 : le silence de l’Ecriture est inspiré lui aussi. L’omission de toute indication sur l'origine et la généalogie de Melchisédec est mise en rapport avec l'éternité du Fils de Dieu.

 

— 12.26 - Ag. 2.6: les mots « une fois encore » donnent à la phrase un sens tout particulier.

 

Etc., etc.

 

Nous pouvons dire en résumé que très souvent le sens du passage repose tout entier sur :

 

un mot

le singulier ou le pluriel

le temps d’un verbe

les détails d’une prophétie

la précision d'une promesse

le silence du texte sur d'autres points.

 

Les prophètes d'autrefois étaient souvent dépassés par leur message. Pourtant, l'Esprit de Christ qui était en eux les aidait à annoncer de façon étonnante :

 

l'époque de la venue du Christ (Dan. 9. 22-27)

les circonstances (les citations de Mat. 1 et 2)

les souffrances (Ps. 22 ; Es. 53)

la gloire du Seigneur ressuscité (Ps. 2 ; 110).

 

Ils se seraient trompés dans une description aussi minutieuse, si Dieu ne les avait guidés jusque dans le choix des expressions. Ne devaient-ils pas parler de choses ignorées d'eux-mêmes, inconnues aux anges, réservées aux générations futures ? Et comment Daniel aurait-il rédigé seul des messages qu’il ne comprenait pas, destinés à être tenus secrets et scellés jusqu’au temps de la fin (Dan. 12. 8-9) ?

Pareillement, la rédaction des promesses du salut ne pouvait être laissée à la fantaisie d’un auteur même pieux.

Dans la parole de Jean 5. 24, chaque expression porte : les mots, le temps des verbes, les actions, les assurances divines. Jésus y traite en effet la question la plus solennelle, à savoir : comment pouvons-nous être sauvés :

 

Celui qui écoute la parole du Christ

et croit au Père qui l’a envoyé

a la vie éternelle ;

il ne vient pas en jugement

il est passé de la mort à la vie.

 

Ainsi sont révélées :

 

les conditions du salut

son auteur divin

sa gratuité

son actualité

sa portée éternelle

le rôle de la Parole et de la foi.

 

Que pourrions-nous changer à une telle déclaration ?

Prenons encore l'exemple de 1 Jean 5,13. Sur quoi repose notre certitude de salut ?

Jean (l’apôtre préféré du Seigneur)

a écrit ces choses (et non pas dites seulement)

afin que nous sachions (non pas : espérions, sentions, doutions…)

que nous avons (maintenant, non pas plus tard ou dans le ciel)

la vie éternelle (seule raison d'être de notre existence)

nous qui croyons (unique condition à remplir pour recevoir la grâce)

au nom du Fils de Dieu (seul nom donné aux hommes…)

 

Quelle assurance, quelle certitude nous resteraient si chaque fois, en présence de textes si merveilleux, nous étions obligés de nous dire : l’auteur n’a-t-il pas exagéré, outrepassé la pensée divine? A telle expression, ne vaudrait-il pas mieux en substituer une autre ?

Si le texte biblique était réellement incertain, ne nous écrierions- nous pas avec Jérémie :

« Serais-tu pour moi comme une source trompeuse, comme une eau dont on n’est pas sûr » (15. 18) ?

Quel désespoir nous envahirait alors, en face de la révélation prétendue divine, sans autre lumière pour nous conduire sur le chemin de l’éternité ! Douter de la Parole de Dieu, quelle tragédie ! Ne pas savoir où elle se trouve, n'en recevoir que des bribes échappées à la plume d'auteurs entièrement faillibles, ce serait vraiment demeurer dans les ténèbres.

Comme le dit E. Sauer, l’inspiration plénière de la Bible est rendue nécessaire par la chute de l’homme. Si l’Ecriture était un mélange de vérité et d’erreur, nous devrions chercher à décider nous-mêmes ce qui pourrait être reconnu d’origine divine, ou rejeté comme une adjonction due à l'erreur humaine. Si l'homme ne reçoit pas d'En-Haut un critère précis, comment son esprit distinguera-t-il le divin de l'humain ? Comment aurons-nous l’audace d'analyser, ou même de disséquer le livre de Dieu, le plus souvent sur la base d’impressions, de sentiments subjectifs, ou de connaissances historiques insuffisantes ?

Ce que l'homme déchu pense de Dieu est en grande partie erroné et indigne de confiance : ce n’est que de la « religion ». Il lui faut apprendre au contraire ce que le Très-Haut pense de lui, et quel témoignage il rend à sa propre personne et à son salut. La réalité objective essentielle est une Personne, non un livre. Jésus-Christ

incarné, crucifié, ressuscité est la vérité, la lumière, la source de toute connaissance. Pour le révéler à des hommes, et par des hommes à l'intelligence obscurcie (Eph. 4. 18; 1 Cor. 2. 14), il a fallu une inspiration surnaturelle, pleinement adéquate et digne de confiance. De même que nous avons besoin de la grâce à cause de notre incapacité morale, il nous faut l'inspiration à cause de notre incapacité intellectuelle et spirituelle.

 

René PACHE

www.batissezvotrevie.fr

  

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