L'IMITATEUR IMITE (2° partie)

 

 

L'IMITATEUR IMITE

(2° partie)

 

 

Les souffrances et la persécution

 

Bien que tout un long chapitre soit consacré à ce sujet, il est bon de souligner que mon pasteur peut être pour moi un modèle, à l'heure de la souffrance. Paul rappelait aux Corinthiens : « Si nous sommes affligés, c'est pour votre consolation et pour votre salut ; si nous sommes consolés, c'est pour votre consolation, qui se réalise par la patience à supporter les mêmes souffrances que nous endurons » (2 Corinthiens 1.6).

 

Sur la voie de l'affliction, les apôtres étaient des modèles pour l'Eglise de Dieu.

 

Etant dans les liens à cause de l'Evangile, l'apôtre Paul considère, dans un accent de victoire, les conséquences bénies de ses épreuves. Il déclare à l'Eglise de Philippes : « La plupart des frères, dans le Seigneur, encouragés par mes liens, ont plus d'assurance pour annoncer sans crainte la Parole » (Philippiens 1.14).

Loin de se décourager, considérant l'exemple de l'apôtre, les frères avaient trouvé dans la difficulté une plus grande hardiesse pour poursuivre sans crainte leur mission.

 

Pour un Thessalonicien, se convertir à Jésus-Christ du temps de Paul, n'était pas chose aisée. Que se passe-t-il le jour où les apôtres Paul et Silas arrivent à Thessalonique ? Les Juifs y ont une synagogue. Selon sa coutume, Paul s'y rend, et il discute avec eux pendant trois sabbats, expliquant et démontrant, par les Ecritures, qu'il fallait que le Christ souffrît, et qu'il ressuscitât des morts. Ce Christ, dit-il, c'est Jésus que je vous annonce.

 

Quelques-uns d'entre eux sont persuadés ; et ils se joignent à Paul et à Silas, ainsi qu'un grand nombre de Grecs craignant Dieu et plusieurs femmes de qualité. Mais les Juifs, pleins de jalousie, ramassent dans les rues quelques mauvais sujets, et, ameutant la foule, ils jettent le trouble dans la ville. Ils assaillent la maison de Jason, et ils y cherchent Paul et Silas pour les amener devant le peuple. Ne les ayant pas trouvés, ils traînent Jason et quelques-uns des frères devant les magistrats de la ville, en criant: « Ces gens, qui ont bouleversé le monde, les voilà

maintenant ici ! Jason les a reçus chez lui. Or, ils sont tous rebelles aux édits de César, puisqu'ils disent qu'il y a un autre roi: Jésus ». Ces paroles émeuvent la foule et les magistrats. Ceux-ci, cependant, après avoir exigé une caution de Jason et des autres, les relâchent. (Actes 17.1-9)

 

Quelle force anime donc cette jeune Eglise fouettée par le vent de la persécution ? Quelle énergie lui permet de tenir ferme ? L'exemple qu'elle avait en la personne des apôtres. Paul lui rend plus tard ce témoignage : « Vous êtes devenus mes imitateurs et ceux du Seigneur, en recevant la Parole au milieu de beaucoup d'afflictions, avec la joie du Saint-Esprit. » (1 Thessaloniciens 1.6)

 

Le modèle apostolique n'avait rien d'un objet rare exposé au musée des belles théories philosophiques ou religieuses. Son caractère dynamique propulsait l'Eglise dans une vie victorieuse.

Cette dynamique apparaît plus évidente encore dans un phénomène en chaîne. Les imitateurs des apôtres devenaient à leur tour des modèles. Ce fut le cas des Thessaloniciens : « Vous êtes devenus des modèles pour tous ceux qui croient dans la Macédoine et dans l'Achaïe », constatait Paul (1 Thessaloniciens 1.7).

 

Si le Seigneur donne à mes yeux une clarté suffisante, je reconnaîtrai que souvent, mon pasteur a été un modèle dans la douleur et l'affliction. N'est-ce pas lui qui, en proie à d'intenses souffrances physiques, continuait à prêcher courageusement l'Evangile ? N'est-ce pas lui qui, malade imposait les mains à ceux qui souffraient, avec la conviction que la grâce de Dieu, agissant dans sa faiblesse, était suffisante ? À moins que mon pasteur soit au rang de ceux qui, après avoir perdu leur compagne, ne se sont pas laissés entamer, endommager, par des larmes légitimes, mais poursuivent le combat avec un acharnement, une joie, une paix, une sérénité

surnaturels.

 

Si mon pasteur a pu tenir, je tiendrai. S'il a triomphé, je triompherai. La grâce qui l'a soutenu, me soutiendra. À mon tour, je serai un encouragement pour les autres.

 

 

Le travail et la peine

 

« Vous savez vous-mêmes comment il faut nous imiter, car nous n'avons pas vécu parmi vous dans le désordre. Nous n'avons mangé gratuitement le pain de personne, mais, dans le travail et dans la peine, nous avons été nuit et jour à l'œuvre, pour n'être à charge à aucun de vous. Ce n'est pas que nous n'en eussions le droit, mais nous avons voulu vous donner en nous-mêmes un modèle à imiter. » (2 Thessaloniciens 3.7-9)

 

Paul avait déjà traité ce sujet dans sa première lettre : « Vous vous rappelez, frères, notre travail et notre peine: nuit et jour à l'œuvre, pour n'être à charge à aucun de vous, nous vous avons prêché l'Evangile de Dieu. Vous êtes témoins, et Dieu l'est aussi, que nous avons eu envers vous qui croyez une conduite sainte, juste, et irréprochable. » (1 Thessaloniciens 2.9-10)

 

L'apôtre aurait pu user de son droit de prédicateur de l'Evangile (1 Corinthiens 9.18), puisque le Seigneur a ordonné à ceux qui annoncent l'Evangile de vivre de

l'Evangile (1 Corinthiens 9.14). Or, Paul ne l'a pas fait pour être un modèle face à une Eglise qui connaissait quelques désordres. Il semble que certains frères ne voulaient pas travailler, mais s'occupaient de futilités (2 Thessaloniciens 3.10-12). Ils avaient besoin d'un modèle pour rectifier leur trajectoire et être placés à nouveau sur la bonne orbite. C'est ainsi que l'apôtre joignit le geste à la parole. Il

travailla de ses mains. Les champions du désordre n'avaient plus qu'à changer de cap.

 

Je ne vis pas dans ce désordre-là. C'est bien ainsi ! Mais élargissons le cercle, et considérons d'autres réalités. Ai-je compris chaque fois que c'était nécessaire, que mon pasteur avait besoin de « bras », de « mains », de « jambes », pour tel ou tel travail matériel au sein de l'Eglise ? Il était le premier sur le terrain, sur le chantier. Il voulait être un exemple (avait-il raison ?). Et moi, qu'ai-je pensé ? Mon pasteur est un homme dévoué ! Il n'est pas seulement l'homme du complet-veston, mais aussi celui du bleu de travail. Les mains propres qui tenaient la Bible dimanche matin, sont plongées cette semaine dans le cambouis. Voilà un bon pasteur. Entre nous, n'est-il pas payé pour cela ? Ne doit-il pas être capable de faire face à toutes les situations ? Pasteur ? Oui! mais pasteur-menuisier-plâtrier-peintre-électricien-

maçon-etc….

Il ne me reste plus qu'à donner mon appréciation du travail en fin de chantier !

 

Eh bien, non ! la Parole de Dieu ne m'enseigne pas cela. Si mon pasteur fut le premier dans certaines tâches matérielles, ce n'était pas pour me conforter dans un esprit démissionnaire, mais pour me donner un modèle à imiter. Il voulait me stimuler, pour qu'à mon tour je retrousse mes manches, et me mette à l'œuvre. Si je le comprends, et les autres avec moi, il se peut fort que mon pasteur puisse abandonner certaines activités matérielles particulièrement dévorantes, pour s'appliquer à la prière et au ministère de la Parole. Chacun étant à sa place dans l'œuvre de Dieu, tout ira bien.

 

 

La prédication

 

Paul écrivit à Timothée : « Retiens dans la foi et dans la charité qui est en Jésus-Christ le modèle des saines paroles que tu as reçues de moi. » (2 Timothée 1.13) Et encore : « Pour toi, tu as suivi de près mon enseignement ». (2 Timothée 3.10)

 

Si mon pasteur dispense droitement la Parole de la vérité (2 Timothée 2.15); s'il s'attache aux saines paroles du Seigneur Jésus-Christ et à la doctrine qui est selon la piété (1 Timothée 6.3), ma responsabilité est de garder le bon dépôt par le Saint-Esprit.

Mon pasteur est un instrument entre les mains du Seigneur pour me faire entendre la Parole qui m'enseigne, me convainc, me corrige, m'instruit, me reprend, me censure, m'exhorte. Il me faut retenir le modèle de cette Parole. Qu'elle me pousse en avant ou me freine, m'encourage ou me blâme, me guérisse ou me blesse, m'approuve ou me redresse, cette épée à deux tranchants doit faire autorité dans

ma vie.

Loin de moi la pensée d'amputer la Parole de Dieu, de la moderniser, de l'adapter, de l'atténuer, de l'étouffer.

 

Si les lèvres de mon pasteur annoncent tout le conseil de Dieu, je dois m'abandonner à l'action du Saint-Esprit pour qu'il sculpte en moi l'image de Christ.

 

 

L'avenir de l’Eglise

 

L'espoir pour demain passe par une préparation au quotidien très minutieuse. Il s'agit en effet de fabriquer aujourd'hui une génération de modèles pour le futur. La conquête du monde par l'Eglise, dans l'attente du retour de Christ, est à ce prix.

 

Le travail apostolique visait un objectif précis : préparer des générations successives de modèles. En voici la preuve. Paul écrit à l'Eglise de Philippes : « Soyez tous mes imitateurs, frères et portez les regards sur ceux qui marchent selon le modèle que vous avez en nous. » (Philippiens 3.17) 

 

Regardons de près. Nous avons ici le modèle suprême, Christ, et trois reproductions : Paul, imitateur de Jésus, ceux qui marchaient selon le modèle qu'ils avaient en la personne des apôtres, et les Philippiens qui devaient imiter les imitateurs de Paul.

 

Un autre texte de Paul nous offre trois générations spirituelles de modèles. « Ce que tu as entendu de moi en présence de beaucoup de témoins, confie-le à des hommes fidèles, qui soient capables de l'enseigner aussi à d'autres. » (2 Timothée 2.2) Quels sont ici les maillons de la chaîne ? Paul, Timothée, et des hommes fidèles… (le lecteur est invité à comparer Tite 1/5, 9, texte dans lequel se retrouve le même principe).

 

Si dans l'histoire de l'Eglise, un maillon de la chaîne manque ou se détériore, il faut un réveil.

 

On ne cueille pas des raisins sur des épines ou des ronces, non plus que des figues sur des chardons. Une génération de mauvais modèles n'engendrera pas l'Eglise de Jésus-Christ digne de ce nom. Il lui faut un réveil pour revenir pleurer sur ses infidélités aux pieds de Jésus-Christ.

 

Le travail du Saint-Esprit est de faire une génération de modèles. Mon pasteur collabore à cet ouvrage. Suis-je disposé à me laisser entraîner dans ce courant ?

 

L'avenir de l'Eglise ne se trouve, ni dans un flot bouillonnant d'innovations bizarres, ni dans le tumulte d'une modernité infidèle. Jésus doit-il être à l'écoute d'une génération avide d'un nouveau « look » spirituel, ou est-ce au peuple de Dieu de prêter l'oreille à ce que l'Esprit dit aux Eglises ?

 

J'ai raison de prier pour que Dieu envoie des ouvriers dans sa moisson. Mais il me faut commencer à exaucer mes propres prières. Je le ferai en gardant de tout mon cœur le modèle des saines paroles que m'adresse mon pasteur de la part de Dieu. Ceux qui foulent aux pieds l'enseignement des Ecritures sont grandement coupables. Donnent-ils le désir à des hommes de se lever pour prêcher une parole bafouée par les gens de la maison de Dieu ? Avait-il tout à fait tort ce garçon qui s'interrogeait sur l'utilité d'entrer au service de Dieu, en constatant l'inertie de certains chrétiens devant les Ecritures ? Ne généralisons pas. Tout ne va pas si mal, Madame la Marquise. Heureusement ! Mais que la génération qui monte prenne conscience d'être à un carrefour dangereux. Elle sera, ou ne sera pas, le bon maillon de la chaîne des modèles.

 

Fuyons tout orgueil, toute prétention. Que ceux qui, aujourd'hui, revêtent l'armure, ne se glorifient pas comme ceux qui la déposent. Le demain de l'Eglise est dans l'Eglise du premier siècle.

 

Que le Saint-Esprit fasse de moi un modèle digne de Jésus-Christ ! J'accepte de tout cœur d'être placé sur les anciens sentiers.

 

Ce n'est plus l'heure d'effeuiller la marguerite de l'infidélité : « je désobéis un peu, beaucoup, passionnément... »

 

La Parole de Dieu, modèle inaltérable, me jugera au dernier jour. Serai-je un bon maillon pour la continuité de la chaîne des modèles ? Oui, avec la grâce de Dieu. Là, et nulle part ailleurs, est ma raison de vivre.

 

Paul BALLIERE       

 

 

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