DEMEUREZ EN CHRIST CELUI QUI EST DANS LA GLOIRE
« Votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Quand le Christ, votre vie, paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui dans la gloire ». (Col. 3.4)
Celui qui demeure en Christ, le Crucifié, apprend ce que signifie être crucifié avec lui et être réellement mort au péché en Lui. Celui qui demeure en Christ, ressuscité et glorifié, devient de fa même manière participant de la vie de résurrection et de la gloire dont il est maintenant couronné dans le ciel. Des bénédictions inexprimables résultent pour l’âme de cette union avec Christ dans sa vie glorifiée.
Cette vie est une vie de parfaite victoire et de repos. Avant sa mort, le Fils de Dieu a dû souffrir et lutter, il a pu être tenté et troublé par les assauts du péché. Mais ressuscité, il a triomphé du péché ; glorifié, son humanité même est devenue participante de la gloire divine. Le croyant qui demeure en lui comme tel est amené à constater que la puissance de la chair et du péché est effectivement détruite ; il prend conscience de plus en plus clairement de sa délivrance complète et définitive. Le repos béni et la paix prennent possession de sa vie. Ce sont là les fruits de la conviction qu’il possède : la victoire et la délivrance sont des faits accomplis. Demeurant en Jésus avec qui il est ressuscité et assis dans les lieux célestes (Ephésiens 2.6), il reçoit cette vie glorieuse qui s'écoule de la Tête au travers de chacun des membres du corps.
C’est une vie de pleine communion dans l'amour et la sainteté du Père. Jésus a souvent insisté sur cette idée avec ses disciples. Mourir, pour lui, c'était aller au Père. Il priait : « Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j'avais auprès de toi » (Jean 17.5). Quand le croyant demeure en Christ, le glorifié, et cherche à comprendre et s'approprier ce qu’implique son union avec Jésus assis sur le trône, il découvre que la plus grande gloire de Christ c’est la resplendissante lumière de la présence du Père, et que c’est également sa part à lui, croyant. Il apprend l’art béni de demeurer sans cesse dans l'intimité de la présence du Père, en communion avec notre Chef glorifié. Plus encore : quand Jésus était sur la terre, la tentation pouvait l’atteindre, mais dans la gloire tout est saint, en parfaite harmonie avec la volonté de Dieu. De même le croyant qui habite en lui fait l’expérience, dans cette haute communion, d’une sanctification de son esprit, croissant dans l'harmonie avec la volonté du Père. La vie céleste de Jésus est la puissance qui chasse le péché.
C’est une vie d'amour actif et efficace. Assis sur le trône, Jésus dispense ses dons, répand son esprit et ne cesse jamais de travailler pour les siens et de veiller sur eux avec amour. Le croyant ne peut demeurer en Jésus, le glorifié, sans se sentir lui-même fortifié et poussé à travailler ; l'Esprit et l'amour de Jésus lui insufflent le désir et la possibilité d’être en bénédiction aux autres. Le désir de Jésus en remontant au ciel était d'y recevoir la possibilité de bénir plus largement encore. Il ne le fait, lui, la vigne céleste, qu’au travers de son peuple qui en constitue les sarments. Par conséquent, quiconque demeure en lui, le glorifié, porte beaucoup de fruit car c’est de son Seigneur magnifié qu’il reçoit l'Esprit et la puissance de la vie éternelle. Il devient le canal par lequel se déverse en bénédiction sur ceux qui l’entourent toute la plénitude de Jésus qui a été élevé à la dignité de Prince et Sauveur.
Voici encore une pensée concernant la vie du glorifié, cette vie qui est la nôtre en lui. C’est une vie d'espérance et d'attente merveilleuses. Il en est ainsi pour Christ. Il est assis à la droite de Dieu, attendant que ses ennemis deviennent son marchepied (Hébreux 10.3). Il a les regards tournés vers le jour où il recevra sa pleine récompense, où sa gloire sera manifestée et où son peuple bien-aimé sera pour toujours avec lui dans la gloire. L’espérance de Christ et aussi celle de ses rachetés : « Je reviendrai et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis vous y soyez aussi » (Jean 14.3). Cette promesse est aussi précieuse pour Christ qu’elle peut l’être pour nous. La joie de la rencontre n’est sûrement pas moindre pour l’'Époux qui vient que pour l’Épouse qui attend. La vie de Christ dans la gloire est une ardente espérance : sa gloire n’atteindra sa plénitude que lorsque ses bien-aimés seront avec lui.
Le croyant qui demeure étroitement uni à Christ partage aussi cet esprit d’attente. Il ne pense pas à l’accroissement de son bonheur personnel mais, dans sa fidélité enthousiaste envers son Roi, il aspire à le voir revenir dans sa gloire, régner sur tous ses ennemis, achevant ainsi de révéler l’amour éternel de Dieu. « Jusqu’à ce qu’il vienne » (1 Corinthiens 11.26), tel est le mot d’ordre de tout croyant sincère. « Quand le Christ, votre vie, paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui dans la gloire » (Colossiens 3.4).
On peut envisager la promesse de sa venue de diverses manières. Pour l’un, ce sera simplement le jour où il viendra soudain en personne pour régner sur la terre et cette apparition soudaine est son espérance et son appui. Pour un autre qui aime tout autant la Bible et son Sauveur, la venue de Christ évoque seulement le jour du jugement, le passage solennel du Temps à l’Éternité, le dernier mot de l'Histoire sur la terre, le commencement du ciel, et la pensée de la manifestation de son Sauveur dans la gloire est également sa joie et sa force. C’est Jésus, Jésus qui revient, Jésus qui nous prend avec lui, Jésus adoré comme Seigneur de tout qui est pour l’Église entière le centre et la totalité de son espérance.
C’est en demeurant en Christ, le glorifié, que le croyant restera en éveil, dans une attente réellement spirituelle de son retour, attente qui seule apporte à l’âme une vraie bénédiction. On peut s’adonner à l’étude des choses à venir avec une passion telle qu’on manifeste son appartenance à telle école de pensée bien plus qu’à l’école de la douceur de Christ ! Les conflits d’opinion, la condamnation des frères et sœurs sont alors plus évidents que les signes de la gloire à venir. Seuls les humbles désirent apprendre quelque chose de ceux qui ont d’autres dons qu’eux-mêmes, qui ont reçu des révélations plus profondes de la vérité. L'amour parlant toujours avec amabilité et tendresse de ceux qui ne voient pas les choses comme nous, le caractère céleste révélant que celui qui revient est vraiment déjà notre vie, voilà qui convaincra l’Église et le monde que cette foi que nous avons n’est pas sagesse des hommes mais puissance de Dieu. Pour attester que notre Sauveur revient, il nous faut demeurer en lui et porter l'image du glorifié. Ce qui nous préparera à le rencontrer, ce n’est pas la justesse des vues que nous pouvons en avoir, ni le sérieux avec lequel nous les défendrons, mais le fait de demeurer en lui. C’est ainsi seulement que notre manifestation dans la gloire avec lui pourra réaliser ce que Dieu en attend : une transfiguration, une explosion, un éclat resplendissant de la gloire intérieure qui attendait en nous le jour de la révélation.
Quelle vie bénie ! Vie cachée avec Christ en Dieu (Colossiens 3.3), établie en Christ dans les lieux célestes (Ephésiens 2.6) : demeurer en Christ, le glorifié ! On demandera encore : un faible enfant de la poussière peut-il réellement demeurer en communion avec le Roi de Gloire ? Voici de nouveau la réponse bénie qu’il faut donner : le maintien de cette union est l’œuvre même pour laquelle Christ a, à sa disposition, tout pouvoir dans le ciel et sur la terre. La bénédiction sera donnée à celui qui fait confiance à son Seigneur pour cela, qui ne cesse de s’abandonner à lui dans la foi et dans une attente confiante, afin d’être entièrement un avec lui. Quand l'âme s’est donnée pour la première fois à son Sauveur, ce fut un acte de foi merveilleux et tout simple. Cette foi devient de plus en plus claire et saisit toujours plus fermement cette vérité de Dieu que nous sommes un avec lui dans sa gloire. Dans cette même foi, merveilleusement simple et merveilleusement efficace, l’âme apprend à s’abandonner entièrement pour être gardée par la force toute-puissante de Christ et par l’efficacité de sa vie éternelle. Sachant que l'Esprit de Dieu qui habite en elle peut lui communiquer tout ce que Christ est, elle ne considère plus cela comme un fardeau ou un travail, mais elle permet à la vie divine de faire son chemin, d’accomplir son œuvre. Par la foi s’accomplit le renoncement croissant au moi, l'attente et l'acceptation de tout ce que l'amour et la puissance du glorifié peuvent accomplir. Par la foi se trouve maintenue une communion ininterrompue et nous devenons de plus en plus conformes à lui. A l’image de Moïse, la communion avec Dieu nous rend participants de la gloire et la vie commence à resplendir d’une lumière qui n’est pas de ce monde.
Quelle vie bénie ! Elle nous appartient parce que Jésus est à nous. Quelle vie bénie ! Nous en possédons en nous la puissance cachée et nous avons devant nous la perspective de la gloire suprême. Que nos vies quotidiennes soient la preuve éclatante et bénie de la puissance cachée qui habite en nous et qui nous prépare pour la gloire qui va être révélée. Que demeurer en Christ, le glorifié, nous rende capables de vivre à la gloire du Père et nous prépare à partager la gloire du Fils.
Et maintenant, petits enfants demeurez en lui afin qu’au moment où il sera manifesté nous ayons de l’assurance et qu’à son avènement nous n’ayons pas honte devant lui. (1 Jean 2.28)
Andrew MURRAY
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