L’ANGE DE L’ETERNEL

L’ANGE DE L’ETERNEL

Une des apparitions les plus frappantes dans l’Ancien Testament est celle de l’Ange de l’Eternel. Elle se distingue des autres par le fait que cet ange semble être en réalité le Seigneur lui-même se manifestant aux hommes. Il parle à Agar à la première personne du singulier, en lui disant : « Je multiplierai ta postérité », Gen. 16.7, 10. L'un des trois anges reçus par Abraham lui promet un fils en ces termes : « Je reviendrai vers toi à cette même époque; et voici, Sara, ta femme, aura un fils. Sara rit, et l'Eternel dit à Abraham: Pourquoi donc Sara a-t-elle ri... ? Au temps fixé, je reviendrai vers toi... », Gen. 18.10, 13-15. Les deux autres anges s’en vont (19. 1). Le troisième, qui est l'Eternel même, reste auprès d'Abraham dont il écoute le plaidoyer en faveur de Sodome, 18.22. L'Ange de l'Eternel arrête le bras du patriarche au moment où il va frapper son fils. Puis il s’écrie: «Tu ne m'as pas refusé ton fils. Je le jure par moi-même, parole de l’Eternel !… je te bénirai et je multiplierai ta postérité... Tu as obéi à ma voix », 22.11-18. L'ange avec lequel lutte Jacob lui dit : « Tu as lutté avec Dieu...» Et Jacob répond: « J'ai vu Dieu face à face », 32.28-30. En bénissant Joseph, le patriarche identifie Dieu et l'ange qui l’a délivré de tout mal, 48.15. L'Ange de l’Eternel apparaît à Moïse au milieu du buisson, Ex. 3.2, et il se révèle en lui parlant comme étant Dieu lui-même, v. 4-6. (Voyez encore Ex. 13.21 et 14.19). Voici encore deux exemples frappants dans les Juges : L'Ange de l'Eternel appelle Gédéon, qui répond de façon découragée. Puis le texte continue : « L'Eternel se tourna vers lui, et dit: Va avec cette force que tu as. » Gédéon s’écrie: « Donne- moi un signe. Ne t'éloigne point... » Et l'Eternel dit : Je resterai jusqu’à ce que tu reviennes », Juges 6.12-22. Enfin, les parents de Samson, après avoir vu l’Ange de l'Eternel, disent : « Nous allons mourir car nous avons vu Dieu », Juges 13.13-22. De tout ce qui précède, il ressort qu’on a bien raison d'appeler de telles manifestations des théophanies, c'est-à-dire des apparitions de Dieu.  

On s’est demandé si, dans ces cas-là, le Seigneur prenait une simple apparence angélique — ou humaine — pour se faire voir; ou bien s’il s'agissait déjà d’apparitions temporaires de celui qui un jour s’incarnera tout à fait pour notre salut. Il ne fait pas de doute que le Christ exerce une activité au travers de tout l’Ancien Testament. Il participe à la création, Hébr. 1.2; Paul déclare qu’il était comme un rocher spirituel qui suivait les Israélites et auquel il pouvait s’abreuver, 1 Cor. 10.4. Les prophètes parlaient par l'Esprit de Christ qui était en eux, 1 Pi. 1.11. S'il en est ainsi, il est parfaitement plausible de penser que l’Ange de l'Eternel, identifié à Dieu, était la manifestation du Christ lui- même. Personne n’a jamais vu Dieu, mais c’est le Fils unique qui nous le fait connaître, Jean 1.18. Ceci nous semble confirmé entre autres par les passages suivants: dans Ex. 23.20-21, Dieu dit à Israël: « Voici, j'envoie un ange devant toi pour te protéger en chemin…

Tiens-toi sur tes gardes en sa présence, … ne lui résiste point, parce qu’il ne pardonnera pas vos péchés, car mon nom est avec lui ». Esaïe, faisant allusion au douloureux pèlerinage d’Israël, écrit : « Dans toutes leurs détresses, ils n’ont pas été sans secours, et l’ange qui est devant sa face les a sauvés », Es. 63.9. L’Ange de l’Eternel répond lui-même au père de Samson : « Pourquoi demandes-tu mon nom ? Il est merveilleux », Jg 13.18. Le mot hébreu employé ici se retrouve dans Es. 9.5, appliqué à Jésus : « On l’appellera admirable », (comme le traduit ici Segand).

Un magnifique passage sur l’Ange de l’Eternel qui représente Jésus, notre avocat devant Dieu, se trouve dans la scène de Josué accusé par Satan. (Comparez Zach. 3.1-5 avec Apoc. 12.10 et 1 Jean 2.1-2).

René PACHE