LE RETOUR DE L’ANTISEMITISME…
QUAND LES SOMBRES SOUVENIRS DU PASSE RESSURGISSENT
Tout au long de l’histoire des hommes, la question du peuple d'Israël et des Juifs, de façon plus globale, a cristallisé les passions et a nourri, chez certains, une haine tenace qui trouve ses racines dans une histoire profonde.
Les premières traces d’un antijudaïsme dès l'Antiquité
L'hostilité à l'égard des Juifs a eu de multiples visages au fil des siècles. Souvent ouvertement affichée mais parfois cachée derrière des arguments politiques, religieux, raciaux, etc.
S’il est complexe de dater les origines de l’antisémitisme, on trouve trace des premières violences anti-juives dès l’Antiquité. Ainsi, en 38 après J.-C. la communauté juive d'Alexandrie, qui comptait près de 300 000 membres, fut victime d’horribles exactions de la part des Grecs. Dans un contexte de tensions politico-sociales entre les deux communautés, des émeutes anti-juives éclatèrent et les Grecs se livrèrent à des actes de violences, de saccages et de pillages. Les Juifs furent battus, tués et leurs corps furent mutilés.
« Le mythe déicide »
Au 2° siècle après J.-C., c'est une nouvelle forme d’antisémitisme qui apparaît à partir du mythe déicide. En 135, le philosophe chrétien Justin de Naplouse déclare que Dieu a abandonné les Juifs car il est le « peuple déicide ». Les Juifs ont crucifié le Christ et sont donc indéfiniment (c’est-à-dire, en tous lieux et à toutes les époques) coupables de déicide et placés sous la malédiction « éternelle ». Le peuple d'Israël est alors dépouillé de son élection et l'Eglise devient, à sa place, le « véritable Israël ». Cet antisémitisme religieux, d’origine catholique romaine, fut enseigné pendant plus de 1 000 ans en Europe (jusqu’au milieu du 20° siècle), notamment à travers les écrits de plusieurs « Pères de l'Eglise » tels Origène, Ambroise de Milan, saint Augustin ou encore Jean Chrysostome.
Profondément anti-biblique, il a servi à justifier les pires persécutions, discriminations, pogroms et spoliations pendant des siècles, comme à l’époque des croisades, sous le pape Urbain II ou pendant l'Inquisition en Espagne quelques siècles plus tard.
Si ces thèses ont été abandonnées par l’Eglise catholique romaine lors du Concile Vatican II (1962-1965), sous l’égide des papes Jean XXII et Paul VI, les anciens mécanismes de pensée sont hélas souvent latents aux tréfonds de bien des esprits encore aujourd'hui, de façon consciente ou non.
Un nouvel antisémitisme politique et racial
Alors que la Révolution française a marqué le début d’une émancipation progressive des Juifs en Europe, une nouvelle forme de rejet - qui trouve son origine dans le paganisme - voit le jour à partir de la fin du 19° siècle. C’est un antisémitisme politique et racial qui hérite des représentations mentales issues de l’antijudaïsme religieux auxquelles s'ajoutent des accusations reposant sur le triptyque : l’argent, le complot et le pouvoir mondial d’un peuple apatride, les Juifs. Ainsi, les Juifs sont assimilés aux capitalistes et accusés d'exploiter les ouvriers.
A partir du début du 20° siècle, dans un faux intitulé « Les Protocoles des Sages de Sion », les Juifs seront accusés de planifier la conquête du monde avec les francs-maçons. Reprenant les thèses d’un pamphlet anti-juif du siècle précédent, ces calomnies ont nourri directement la haine d’Adolf Hitler.
Ce dernier, s’appuiera également sur les thèses antisémites modernes selon lesquelles la race aryenne — « pure et supérieure » — serait menacée par la race sémite, pour exterminer 6 millions de Juifs pendant la Shoah.
De fausses représentations encore bien ancrées
Si les relents d’un antisémitisme institutionnalisé (qu’il soit d’origine païenne, catholique romaine ou autre) semblent avoir disparu aujourd’hui, les représentations qui le fondent sont encore bien présentes au sein de notre société. Un bouleversement soudain des événements suffira certainement pour les voir s’exprimer.
Ainsi, d’après une étude de l'institut de sondage IFOP datée de 2022, près de 26% des Français pensent que les Juifs ont trop de pouvoir dans les domaines de l’économie et la finance. Et environ 24% des Français pensent que les Juifs sont plus riches que la majorité des Français. Ce pourcentage monte à près de 35-40 % chez les sympathisants des partis des extrêmes. Et plus encore chez les personnes de confession musulmane...
Gilets jaunes, covid, tensions au Moyen-Orient, etc., les préjugés antisémites ressurgissent à chaque période de crise.
Alors que le nombre d'actes et de délits antisémites s’est multiplié ces derniers temps, l'inquiétude monte parmi les Juifs. Plus d’un d’entre eux se pose la question de « faire son Alyah », c’est-à-dire d'émigrer en Israël.
En France, ces derniers représentent seulement 1% de la population, soit environ 600 000 personnes. Pourtant, en 2022, entre 10 et 20% d’entre eux ont subi une agression physique. Près d’un Juif sur deux a subi une agression verbale ou une insulte antisémite. Et les deux tiers ont été confrontés à des moqueries ou des propos désobligeants. Pour ceux qui portent des signes religieux distinctifs, le niveau d'agression croît et atteint des niveaux inquiétants.
Une nouvelle montée de la « haine du Juif » qui inquiète
« La France semble particulièrement touchée » analysait Günther Jikeli, historien et professeur associé à l’université d’Indiana (Etats-Unis), en parlant de la montée d’un antisémitisme de plus en plus préoccupant.
Depuis, la création de l’Etat d'Israël en 1948, ce dernier trouve un regain considérable dans «l'antisionisme » et dans un « anti-israélisme » qui lui servent de masques. Les récents événements et tensions au Moyen-Orient ont considérablement exacerbé cette situation.
Il est évident que pour l’authentique chrétien, marchant sur les pas du Christ et vivant dans l'esprit de l'Evangile, toute haine, tout rejet quel qu’il soit, par a priori, ne saurait être accepté.
Sans angélisme, et en écoutant et vivant la parole du Christ, le vrai chrétien considère que tous les hommes sont frères en humanité et appelés à devenir, en répondant à l’appel de Dieu, fils de Dieu.
J.G.
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