LE CULTE DES ANGES
Il n’est pas surprenant que l'homme soit tenté de rendre un culte à ces êtres célestes, doués de tant de puissance et de gloire. À deux reprises, l’apôtre Jean, pourtant si spirituel, tombe aux pieds de l’ange qui le guide pour l’adorer, Apoc. 19.10; 22.8-9. Mais chaque fois celui-ci l’arrête : « Garde-toi de le faire ! Je suis ton compagnon de service et celui de tes frères qui ont le témoignage de Jésus. Adore Dieu ! » Si les anges sont nos compagnons de service et exercent un ministère en notre faveur, comment les adorerions-nous ? L’avertissement de Paul est également formel : « Qu’aucun homme, sous une apparence d'humilité et par un culte des anges, ne vous ravisse à son gré le prix de la course, tandis qu’il s’abandonne à ses visions, … sans s'attacher au chef (Christ) », Col. 2.18-19. Le culte des anges est donc tout à fait prohibé. Le simple fait d’ailleurs qu'ils sont des créatures doit suffire à nous rappeler le décalogue, d’après lequel notre culte ne doit s’adresser qu'à Dieu.
Malgré ces principes si clairs, l'Eglise Romaine a institué le culte des anges, de la même manière que le culte des saints. Elle fait grand cas en particulier de la doctrine de l’ange gardien, à l'égard duquel les devoirs du croyant sont, suivant le catéchisme : « de respecter sa présence, de le prier avec confiance dans toutes les tentations et les dangers, de lui demander conseil et de suivre ses inspirations, profitant de sa vive intelligence et de sa charité pour nous » (Commentaire du catéchisme par un Curé, Editions Dumas, Saint-Etienne, p. 50). Dans le « confiteor », ou formule de confession, le fidèle avoue ses fautes à Dieu, à la Vierge, à Saint-Michel archange, à Jean-Baptiste, aux apôtres Pierre et Paul et à tous les saints. Puis il supplie tous ces derniers personnages de prier Dieu en sa faveur (Catéchisme pour la Suisse Romande, Cours supérieur p. 189).
On cherche à justifier ce culte des anges en invoquant par exemple l'attitude de Daniel : lorsqu'un ange particulièrement glorieux lui apparaît, il tombe frappé d’étourdissement, la face contre terre, Dan. 10.5-9. Nous aurions donc à faire comme lui, et à nous prosterner devant les anges. Nous avons déjà vu que les deux passages d’Apocalypse 19.10 et 22.8 réfutent clairement cette pensée. Car si l’on s'engage sur la voie du culte et de la vénération de personnages célestes, qui pourra dire où commence l’adoration ? On cite aussi Apoc. 8.3-4, qui nous montre un ange se tenant dans le ciel sur l’autel : « On lui donna beaucoup de parfums, afin qu'il les offrît, avec les prières de tous les saints, sur l'autel d'or qui est devant le trône. La fumée des parfums monta, avec les prières des saints, de la main de l'ange devant Dieu ». Ce passage, auquel nous avons déjà fait allusion, est unique dans la Bible; il n'indique pas du tout que les saints en question (des croyants vivants sur la terre) aient adressé leurs prières à l’ange ou aux anges. De ceci, nous n'avons pas d'exemple. Ils ont prié Dieu lui-même, et c’est aussi ce que nous devons faire, quel que soit le rôle que puissent jouer les anges dans le monde invisible. Ajoutons enfin que l'Eglise Romaine base une bonne partie de ses enseignements dans ce domaine sur les livres apocryphes, celui de Tobie surtout où les anges jouent un rôle très spécial.
En conclusion, nous croyons que d’une façon générale les anges demeurent invisibles (surtout dans notre économie) essentiellement pour cette raison : qu’ils ne détournent pas sur eux-mêmes l'attention des croyants. Ce serait, déclare Paul, nous ravir le prix de la course, nous pousser à nous abandonner à des visions et au vain orgueil de pensées charnelles. Au contraire, notre culte et notre foi doivent être toujours et uniquement dirigés sur celui qui est le Chef, Christ, Col. 2.18-19.
René PACHE
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