L'EXEMPLE DE L’APÔTRE PAUL
Nous avons vu ce qu'il dit au sujet de la justification d’Abraham (1) et comment il applique la description par David de l’homme heureux. Mais quel était le fondement de son propre bonheur éternel ? Sur quelle justice se reposait-il ?
Il répond dans le passage suivant : « Et même je regarde toutes choses comme une perte, à cause de l’excellence de la connaissance de Jésus-Christ mon Seigneur, pour lequel j'ai renoncé à tout; je les regarde comme de la boue, afin de gagner Christ, et d'être trouvé en lui, non avec ma justice, celle qui vient de la loi, mais avec celle qui s'obtient par la foi en Christ, la justice qui vient de Dieu par la foi » (Philippiens 3:8,9). Paul estimait ses privilèges de naissance, son zèle pharisien, sa soumission aux rites et cérémonies et son accomplissement de ses devoirs moraux comme une perte.
Tout ce qu’il avait accompli depuis sa conversion n'avait à ses yeux aucune valeur dans le domaine important de son acceptation auprès de Dieu. Bien que ces choses soient utiles et remarquables dans leur propre domaine, comparées à l'excellence de la connaissance de Jésus-Christ, elles ne perdent pas seulement une grande partie ou la totalité de leur valeur, mais elles deviennent une véritable perte. L'amour de Paul pour son Sauveur et sa dépendance de sa justice étaient tels qu’il aurait volontiers souffert la perte de tout ce qu’il estimait naguère si précieux. Son estimation de ses accomplissements était telle en comparaison avec la justice de Christ qu'il les comptait comme de la boue ou comme des déchets tout juste bons à être jetés aux chiens.
Son principal désir et son suprême souci étaient de gagner Christ, de sorte à trouver la réponse à tous ses besoins et à parvenir à un bonheur complet. Quand le grand Juge monte sur son trône de jugement final, et que toutes les nations paraissent devant lui, que seuls ceux qui sont parfaitement justes peuvent se tenir devant lui, Paul désire qu’en ce jour-là il soit trouvé dans le Bien-Aimé, et que le Seigneur soit sa justice. Il explique ainsi qu’il ne se repose pas sur sa propre justice qui vient de la loi, mais sur celle qui vient de la foi en Christ.
Il n'est même pas prêt à se confier dans les œuvres justes qu'il a accomplies en tant que chrétien. Il ne dépend pas de son obéissance à la loi en tant que règle de conduite, même par l'influence de la grâce comme principe moteur de sa vie spirituelle. Son seul fondement est la justice que Christ a parfaitement achevée, qui est révélée dans l'Évangile et se reçoit par la foi. Il s’agit de l’obéissance que le Fils incarné de Dieu a accomplie et qui est des plus excellentes, la justice qui vient de Dieu par la foi.
Dans ce passage, l’apôtre montre en quoi un homme pécheur peut se confier avec assurance comme fondement acceptable pour se réjouir. Il n’y a pas de confiance envers Dieu, ni d'acceptation auprès de lui et, en conséquence, aucune cause de joie spirituelle sans être revêtu d’une justice. La condamnation et la colère seront notre partage si nous comparaissons devant le juste Juge dans nos péchés.
Selon Paul, il existe une double justice ; celle que nous appelons « nôtre », qui vient de la loi, de ce que nous accomplissons pour être acceptés ; et celle qu'il décrit comme « la justice de Dieu », qui vient au moyen de la foi en Christ. Les deux sont tout à fait distinctes et, loin de s’allier pour accomplir la justification, elles s'opposent entièrement l’une à l’autre. Dans sa recherche de l'acceptation auprès du Très-Haut, celui qui adopte l’une doit rejeter l'autre. En fait, chaque membre de l'humanité se repose en l’une ou en l'autre. Paul épelle très clairement laquelle de ces deux justices était la base de sa confiance et la source de sa joie. Les enseignants judaïsants placent leur confiance dans la chair en se reposant sur leurs propres œuvres. L'apôtre, quant à lui, est déterminé à adopter une méthode très différente et à chercher son acceptation auprès de Dieu d’une autre manière. Les ayant avertis de leur danger et prévenu les Philippiens contre ces erreurs destructrices, Paul déclare que la justice qu'il regarde comme suffisante n'est pas la sienne et ne procède pas de la loi. Elle est un don de la grâce qui se reçoit au moyen de la foi en Christ. Il s’agit de l'obéissance que le Seigneur Jésus a accomplie en tant que garant de son peuple. Tel était ce sur quoi Paul se reposait et il se glorifiait en cela seul.
Quand l’apôtre réfléchit à la pureté de la loi de Dieu et à la majesté du Juge éternel devant qui il doit se tenir un jour, il réalise que sa propre justice est totalement inadéquate. Il la rejette avec dédain et la couvre de mépris en la qualifiant de « perte » et de « boue ». Telles étaient l'expérience et l'espérance de cet homme si extraordinaire, dont les dons apostoliques et les grâces chrétiennes, l'utilité de service et la conduite exemplaire en firent une bénédiction si éminente pour le monde et un honneur à la cause du grand Rédempteur.
De nombreux arguments dans la Parole infaillible de Dieu prouvent cette doctrine merveilleuse et pleine de consolation. Contentons-nous de quelques-uns. Nous avons déjà démontré que l’objet de la justification est une personne impie. Son pardon et son acceptation devant Dieu ne résultent donc pas de son obéissance. Il est également clair que, en tant que personne impie, il ne peut être justifié. Il doit se tenir juste au regard de la loi et sans reproche devant son juge avant d’être acquitté de toute accusation. Il s'ensuit que cela ne peut se produire que par l'entremise de la justice d’un autre. Où trouver une telle justice ? Ce ne sera pas dans celle de nos semblables qui ont été justifiés. Ce serait alors l’enseignement faux de la surérogation, c’est-à-dire le fait d’avoir un surplus de mérite duquel un autre homme pécheur peut bénéficier par la prière. La justification ne se trouve pas dans la sainteté et la pureté des anges, car ils n’ont aucun lien avec nous. Elle ne réside pas non plus dans la justice essentielle de Dieu parce que celle-ci ne se communique pas à de simples créatures. La justification se trouve uniquement en Christ. Elle consiste en sa totale conformité à la loi de Dieu en tant que substitut volontaire pour les impies. De quelle autre manière peut-elle s'appliquer à nous que par imputation ? D'aucune, puisque la personne justifiée est impie en elle-même et puisque le Juge de toute la terre ne peut pas justifier sans justice.
Abraham BOOTH
(1)Voir nos articles précédents dans cette même rubrique (NDLR)
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