LA TACTIQUE DE L’ADVERSAIRE
(2° partie)
2. Le malin
a) « Délivre-nous du malin», Mat. 6.13. Bien que la puissance de Satan soit immense, elle est brisée pour qui se confie en Christ. Ce que nous avons à redouter, c’est donc bien plus sa ruse, par laquelle il cherche à nous surprendre et à nous séparer du Seigneur : « Revêtez-vous de toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir tenir ferme contre les ruses du diable », Eph. 6.11. Cela est particulièrement apparent dans les tentations les plus connues:
Eve est tentée lorsqu'elle est seule. Le serpent éveille ses appétits corporels, son sens du goût et de la beauté, son désir de connaissance. Il commence par une question, en apparence innocente sur Dieu et sa parole. Puis, voyant que la femme est intéressée par cette conversation dangereuse, il ajoute au doute la négation, la calomnie, enfin l'appel non déguisé à l’orgueil et à la révolte, Gen. 3.1-5.
Job est tenté de douter de l'amour de Dieu par l'ennemi qui a juré de le faire blasphémer ouvertement. Ce dernier lui fait perdre ses enfants, ses biens, ses serviteurs, sa santé. Il détruit son foyer, lui enlève sa prospérité et sa paix. Il se sert ensuite de la femme même de Job pour l’amener, dans son désespoir, à maudire Dieu et à renoncer à la vie, Job 1-2. Dans de pareilles circonstances, combien n'ont pas su discerner d’où venait l’attaque, et la repousser avec foi !
Jésus-Christ subit des tentations qui paraissent d’abord toutes naturelles. Satisfaire les besoins de son corps après un jeûne très prolongé; affirmer sa divinité par un miracle éclatant pour s’assurer d'emblée le succès; parvenir au règne désiré en évitant la croix, Luc 4.1-7. Lorsque Jésus parle précisément de ses souffrances, Pierre poussé par Satan s’écrie : « A Dieu ne plaise, cela ne t'arrivera pas ! » En effet, comment un Dieu d'amour livrerait-il à la torture son Fils unique ? Or la tentation, c’est précisément de suivre les pensées, non pas de Dieu, mais de l’homme et finalement de l'ennemi.
b) Les instruments humains de l'adversaire
Une des ruses les plus terribles de Satan, c’est d'employer pour nous tenter les personnes que nous soupçonnerions le moins d’être ses instruments. C’est un stratagème de guerre élémentaire que de camoufler le mieux possible les traîtres et la cinquième colonne :
Eve, mise à côté d'Adam pour l'aider, devient dans les mains du tentateur l'instrument de sa chute, Gen. 2.18; 3.6.
La femme de Job, qui devrait l’encourager dans son épreuve, le pousse à se perdre définitivement, Job 2.9-10.
Les prophètes parlant par un esprit de mensonge réussissent à séduire le roi Achab, 1 Rois 22.22.
Les parents de Jésus viennent pour se saisir de lui et arrêter son ministère, en disant : Il est hors de sens! (c’est-à-dire : Il est fou), Marc 5.21.
La multitude rassasiée par la multiplication des pains veut enlever Jésus pour le faire roi. Ces gens agissaient sans doute de connivence avec les disciples, puisque le Seigneur se hâte de faire monter ceux-ci dans la barque pendant qu’il disperse la foule, Jean 6.15 et Mat. 14.22. Beaucoup de chefs chrétiens ont succombé à la tentation que Jésus surmonte ici: le succès, sans la croix.
Pierre, qui vient de proclamer magnifiquement sa foi au Christ, lui suggère d'éviter précisément cette mort sanglante, seul moyen possible de notre salut. Il s'entend répondre : « Arrière de moi, Satan ! » Mat. 16.15-23.
Les Grecs qui, avec insistance, demandent à voir Jésus ne reçoivent pas d’autre réponse que celle-ci : « Si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul. Mon âme est troublée. Et que dirai-je ?... Père, délivre-moi de cette heure ? — Mais c'est pour cela que je suis venu jusqu’à cette heure... Maintenant le prince de ce monde sera jeté dehors. Et moi, quand j'aurai été élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi. — En parlant ainsi, il indiquait de quelle mort il devait mourir», Jean 12.20-33. Christ était venu pour le salut des multitudes de païens comme des Juifs: et les Grecs, en se montrant si désireux de le recevoir avant la croix, renouvelaient pour lui la tentation de régner sans elle sur les nations. C’est pourquoi son âme était si troublée, et désireuse d'affirmer avec force et la nécessité de sa mort et sa victoire imminente sur le prince de ce monde.
(à suivre)
René PACHE
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