POURIM 5785

 

 

POURIM 5785

 

En cette année 2025, la fête de Pourim se déroule les 14 et 15 mars. C’est aussi le 14 du mois de Adar, le douzième mois du calendrier biblique. « Quand Adar arrive, la joie augmente », dit le Talmud. 

Il est intéressant de voir que le 1er mars ou 1er Adar, Israël a décrété le rétablissement de la normalité dans le pays. Les gens du nord peuvent retourner dans leurs maisons, tandis que les gens du sud autour de Gaza, peuvent à nouveau réhabiter leurs villages, et reconstruire les habitations détruites. Ce mois peut être aussi sous tension car Pourim se fête au même moment que le Ramadan, la fête musulmane. 

Rappelons ce qu’est la fête de Pourim liée à l’histoire d’Esther dans la Bible. Elle commémore le salut miraculeux du peuple juif dans l’ancien Empire perse, lors du complot ourdi par Haman pour « détruire, exterminer et anéantir tous les Juifs jeunes et vieux, enfants et femmes, en un seul jour » (Esther 3:13). 

Esther 9:20 : « Mardochée écrivit ces choses, et il envoya des lettres à tous les Juifs qui étaient dans toutes les provinces du roi Assuérus. Il leur prescrivit de célébrer chaque année le 14e jour et le 15e jour du mois d’Adar ». 

 

 

Israël au destin éternel

 

La fête de Pourim est célébrée par la lecture du livre d’Esther appelée Méguila. Le mot Méguila est liée au mot galgal qui signifie « roue, cycle ». Contrairement aux nations dont l’histoire nationale est linéaire - une nation ou civilisation s'élève, tombe et disparaît comme les Babyloniens, les Grecs ou les Romains - l'histoire du peuple juif est cyclique, comme une roue qui parcourt l’Histoire, avec des hauts et des bas, et qui revient toujours. Tandis que les nations regardent leur histoire liée au passé, Israël est tournée vers le futur, un futur prophétique. 

 

Pourim nous enseigne le cycle éternel de l'histoire juive, avec une disparition programmée et une victoire absolue au travers des deux héros, Mardochée et Esther. On voit ce même cycle avec la Shoah des années 40, et la création de l’Etat hébreu, trois ans après la libération d’Auschwitz. Dans la Méguila d’Esther, nous voyons que Dieu ne permettra jamais la destruction d’Israël. 

Esther 4:14 : « Si tu te tais maintenant, le secours et la délivrance surgiront d'autre part pour les Juifs, et toi et la maison de ton père vous périrez. Et qui sait si ce n'est pas pour un temps comme celui-ci que tu es parvenue à la royauté ? ». 

 

L’Histoire se répète aujourd’hui : le 7 octobre 2023, Israël a subi une attaque de grande ampleur qui aurait pu être encore plus grande si le Hezbollah et les terroristes en Judée-Samarie s’étaient joints au Hamas. Mais Dieu a veillé et il continue de protéger le pays : « Il ne dort ni ne sommeille, le gardien d’Israël » (Ps 121). Israël ne ressemble pas aux autres nations. Le peuple de Dieu est éternel, parce que l’Alliance de Dieu avec le peuple juif est éternelle. 

Genèse 17:7 : « J'établirai mon alliance entre moi et toi, et tes descendants après toi, selon leurs générations : ce sera une alliance perpétuelle, en vertu de laquelle je serai ton Dieu et celui de ta postérité après toi ». 

 

 

Israël, le Job universel

 

Nous l’avons vu, on peut comparer Job avec Israël. Israël est le peuple juif, singulier parmi les peuples. Hermann Cohen (1842-1918), un philosophe juif, a écrit : « Ce peuple est le Job de l’histoire universelle. De même que Job peut être considéré comme le symbole du juste qui souffre, de même Israël symbolise l’humanité souffrante ». 

Pour le chrétien qui voit en la Croix, la souffrance du Juste innocent de tout péché, il est clair que Yeshoua’ est le Messie souffrant, ayant la solution pour l’humanité. Ce Juste est dépeint au cœur même du Tanakh, par la bouche du prophète Esaïe, et au travers de l’histoire du peuple juif qui a été conduit comme des agneaux dans les chambres à gaz ! 

Esaïe 53:7 : « Il a été maltraité et opprimé, et il n'a point ouvert la bouche, semblable à un agneau qu'on mène à la boucherie, à une brebis muette devant ceux qui la tondent ; il n'a point ouvert la bouche ». 

 

 

Esther, l’héroïne juive

 

Il y a différentes lectures de Pourim. Avec les quatre personnages – Assuérus, Haman, Mardochée, et Esther – nous pouvons lire Pourim comme un midrash, une parabole à l’attention d’Israël qui a besoin de croire en son destin, et à celui de l’Eglise qui doit comprendre qu’elle est impliquée dans cette histoire juive. 

La jeune fille juive choisie par Assuérus, s'appelle Hadassah, qui signifie « myrte » en hébreu. Esther est un prénom persan, apparenté à « l’étoile du matin ». 

 

Lorsqu’elle entre dans le harem royal, elle reçoit le nom de Esther, désignant le myrte en perse, qui, en hébreu, a le sens de « caché » ; Esther a caché son identité juive. Dieu lui-même est caché dans le livre d’Esther, il n’apparaît pas dans le texte. On peut dire ainsi que le livre d’Esther possède un sens caché, prophétique. Esther se trouve être au cœur d’un drame : elle est confrontée à Haman qui a le rôle de vice-roi de Perse, et nous voyons que cet homme démoniaque va influencer le roi pour « détruire le peuple de Mardochée » (Esther 3:6). 

 

Esther 3:8 : « Haman dit au roi : Il y a dans toutes les provinces de ton royaume un peuple dispersé et à part parmi les peuples, ayant des lois différentes de celles de tous les peuples et n'observant point les lois du roi. Il n'est pas dans l'intérêt du roi de le laisser en repos. Si le roi le trouve bon, qu'on écrive l'ordre de les faire périr ». 

Nous voyons là les racines de l’antisémitisme. 

Esther prend alors une décision digne d’une reine, en acceptant de rencontrer le roi sans y être invitée – c’était un risque encourant la peine de mort. Le roi lui tend le sceptre d’or, car « elle trouva grâce à ses yeux » (Esther 5:2). Avant cela, Esther avait demandé à tous les Juifs la prière et le jeûne « pendant trois jours ». Son courage se résume en ces mots : « Si je dois périr, je périrai » (Esther 4:16). 

 

Esther est avant tout une héroïne juive, à l’image de Myriam, de Déborah, ou de ‘Hannah. Marie/Myriam dans l’Evangile, est dans la lignée de ces héroïnes. Esther représente le peuple juif. Ses qualités sont la foi, l’humilité, le courage et un cœur entier. Dieu recherche cela dans l’Israël d’aujourd’hui […] Dieu recherche également ces qualités dans son Eglise, ce sont celles de l’Epouse. 

 

 

L’Eglise, une princesse divine

 

La Méguila d’Esther peut être lue au niveau chrétien. Esther représenterait alors l’Eglise qui doit prier pour Israël en danger. En tant que chrétiens, nous pouvons saisir, en Christ, le sceptre du Roi Assuérus personnifiant Dieu. Ne serait-ce pas là un critère d’appartenance à l’Epouse ?... Celui de prendre position en faveur des plans divins, et de défendre le peuple choisi de l’Eternel ? Jésus donne des paraboles concernant la fin des temps, en Matthieu 25, comme un tri que Dieu fait entre les Justes et les injustes (Matthieu 25:46). 

Matthieu 25:31 : « Lorsque le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, avec tous les anges, il s'assiéra sur le trône de sa gloire. Toutes les nations seront assemblées devant lui. Il séparera les uns d'avec les autres, comme le berger sépare les brebis d'avec les boucs ». 

 

L’Eglise fait partie des nations, selon le mot Goyim. Dans la parabole, Jésus parle des « plus petits de ses frères » que l’on peut interpréter comme étant les Juifs. Quelle que soit l’interprétation qu’on en donne, ce que Dieu recherche chez les Justes dont le Seigneur parle (Matthieu 25:46), c’est l’amour dans un cœur humble, dénué de tout égoïsme, abondant en œuvres de grâce. Comme Esther ! 

 

Chers amis, est-ce que Dieu nous voit parmi les Justes ?... C’est une vraie question, de nos jours où Israël est menacé dans son existence par Haman, encore aujourd’hui. Comme Esther, soyons prêts à saisir le sceptre royal, à prier et intercéder pour son peuple ! 

 

Gérald FRUHINSHOLZ