LA LUTTE DES DÉMONS CONTRE LES HOMMES

 

   

LA LUTTE DES DÉMONS CONTRE LES HOMMES

 

 

Ne pouvant pas atteindre le Seigneur de gloire, les mauvais esprits font des hommes leur cible de prédilection. Ils agissent à leur égard de bien des façons diverses, et secondent de toutes leurs forces l’œuvre du grand tentateur.  

 

 

1. L'influence démoniaque  

 

Il est certain que chaque pécheur est soumis à l'influence démoniaque, puisque tous les hommes irrégénérés sont fils du diable, Jean 8.44: 1 Jean 3.8, 10. Si, par la repentance et la foi, ils ne laissent pas Dieu les arracher à leur bourreau, ils lui appartiendront toujours plus. C’est pourquoi Paul espère que les adversaires de l'Evangile « revenus à leur bon sens, se dégageront des pièges du diable, qui s’est emparé d’eux pour les soumettre à sa volonté », 2 ‘Tim. 2.25-26.  Incontestablement, c’est l'esprit du mal « qui agit maintenant dans les fils de la rébellion », Eph. 2.2. Pour expulser ce mauvais esprit, il ne suffit pas de faire comme les scribes et les pharisiens auxquels Jésus s'adresse dans Mat. 12. 38, 43-45. Conscients de l’impureté de leur cœur, ils avaient voulu la chasser par leurs efforts, leur religion et leurs rites, s’efforçant ainsi de « balayer et d’orner leur maison ». Mais cette maison était demeurée vide, puisque le Christ en avait été tenu à l'écart. Incapables de résister seuls à la puissance mauvaise, ils avaient vu des démons sept fois plus nombreux envahir leur âme et les rendre plus pécheurs et plus malheureux qu'auparavant. Ces Juifs, d'abord propres justes et stricts observateurs de la Loi, étaient devenus rapidement et comme malgré eux orgueilleux, hypocrites, durs et finalement meurtriers du Fils de Dieu. — Il en est de même pour tout pécheur qui ne peut, en dépit de tous ses efforts, garder sa maison vide : ou bien son cœur sera habité par le Seigneur qui veut en faire son temple; ou bien il sera de façon grandissante le jouet de l'ennemi.  

 

 

2. Les possessions  

 

Par beaucoup d’exemples, la Bible nous montre que les mauvais esprits sont capables de prendre, littéralement, complètement possession du pécheur qui se livre à eux. L'expérience de Judas indique par quelles étapes peut s'effectuer une telle possession. Cet homme était l’un des douze, choisi certainement par le Seigneur, comme ses camarades, à cause de sa piété et de son sérieux. La bourse commune lui avait été confiée, ce qui était une marque de confiance, Jean 13.29. Puis, ayant un penchant à la cupidité et même au vol, il s'était mis à prendre ce qu’on y mettait. C’est pourquoi il regrettait tant la perte des trois cents deniers dépensés pour le parfum répandu par Marie, Jean 12.5-6. Ensuite le diable inspire au cœur de Judas le dessein de livrer Jésus, pour une misérable somme d'argent, Jean 13.2. Le malheureux disciple résiste à tous les avertissements et à tous les appels du Seigneur au cours du dernier repas, et nous lisons à son sujet ces paroles terribles : « Dès que le morceau fut donné (qui le révélait comme traître), Satan entra dans Judas », Jean 13.27; Luc 22.3-6. Ce dernier est désormais capable de tout : non seulement il livre son Seigneur à la mort, mais il ose le désigner par un baiser dans l'obscurité du jardin, Mat. 26.48-49. Puis, lorsque son repentir tardif l’a poussé au désespoir, il se suicide, Mat. 27.3-5. C'est ainsi que traite ses victimes celui qui est menteur et meurtrier dès le commencement.    

La parole la plus tragique au sujet de Judas est prononcée par Jésus : « N'est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous les douze ? Et l’un de vous est un démon ! », Jean 6.70. Voilà l'aboutissement effroyable de la possession: faire que l’homme non seulement ait un démon, mais qu’il soit un démon! Celui qui croit en Jésus reçoit la nature divine et devient semblable au Seigneur, 2 Pi. 1.4; 1 Jean 3.2. Pour l’impénitent, il y a une transformation à rebours qui le rend semblable à son père, le diable. Les brebis et les boucs que séparera le jugement ne sont pas de la même espèce (sinon il s'agirait des brebis et des béliers, ou des boucs et des chèvres). Et le Seigneur dira à ceux qui seront à sa gauche : «Retirez-vous de moi, maudits; allez dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges », Mat. 25.41. L'impénitent s’en va donc à la perdition pour avoir préféré se livrer à Satan et devenir entièrement l’un des siens.    

A propos de possession, il semble que les démons, privés d'un corps, ont un désir fou de s’emparer d’un être par lequel ils puissent trouver un nouveau moyen de satisfaire leurs passions. Ces esprits-là sont souvent appelés impurs, Marc 1.23; 3.11; 5.2; 7.25, etc. Un passage curieux de Jude 6-7 parle des « anges qui n’ont pas gardé leur dignité, mais qui ont abandonné leur propre demeure », et de « Sodome et Gomorrhe et les villes voisines qui se livrèrent comme eux à l’impudicité et à des vices contre nature ». On peut se demander si ce texte est à rapprocher du passage de Gen. 6.1-4 relatif à l’union des « fils de Dieu » avec les « filles des hommes ». Même si nous croyons voir là les descendants de Seth épousant des filles de Caïn, nous pouvons penser que les démons y furent pour quelque chose. Il est très possible que les mauvais esprits, incapables de s’incarner vraiment, mais avides de la possession d'êtres corporels, aient poussé directement les hommes du déluge, puis ceux de Sodome, à l'impureté et aux vices contre nature.  

Ajoutons encore que le qualificatif d’« impurs » donné aux mauvais esprits peut avoir une signification plus générale et se rapporter à toute leur nature foncièrement pécheresse.  

Cette frénésie de possession est manifestée également par la légion de démons sortie du démoniaque de Gadara. Ils priaient instamment Jésus de ne pas leur ordonner d’aller dans l’abîme; mais ils le supplièrent de leur permettre d'entrer dans les pourceaux, ce que le Seigneur autorisa, Luc 8.31-32.  

L'Ecriture dit qu'il n’y a point de paix pour les méchants, Es. 57.21. Il y en a encore moins pour les démons, preuve en soit leur fiévreuse agitation. « Lorsque l'esprit impur est sorti d'un homme, il va par des lieux arides, cherchant du repos, et il n’en trouve point. Alors il dit : Je retournerai dans ma maison d'où je suis sorti », Mat. 12. 43-44.  

Tout cela explique que l'appel des spirites aux esprits ait si souvent et si facilement pour résultat de véritables possessions. Nous venons de voir combien les démons sont à l'affût de cœurs et de corps qui se livrent à eux. Rien n’est donc plus dangereux que l’état de passivité et d'attente de ceux qui recherchent imprudemment leur contact […] 

Chose troublante, on peut se demander s’il y a une limite à la possession démoniaque. L'Ecriture affirme que Jésus avait chassé de Marie de Magdala sept démons, Luc 8.2. Le démoniaque de Gadara en abritait plusieurs, même une légion, Luc 8.30. Nous avons déjà parlé de l’homme à la maison balayée mais vide, dans laquelle huit esprits s'établissent par la force, Mat. 12. 43-45. Pierre dit à Ananias: « Pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu mentes au Saint-Esprit ? », Actes 5.3.  

L'Antichrist donnera l'exemple extrême d’un homme totalement livré à Satan. Le diable lui accordera en retour « sa puissance et son trône, et une grande autorité », Apoc. 13.2. Cet homme acceptera à un tel prix l'offre de domination universelle que Jésus a repoussée lors de sa tentation dans le désert. Ainsi rempli de la force diabolique, l’Antichrist pourra faire une foule de miracles mensongers et séduire tous ceux qui périssent pour avoir résisté à la vérité, 2 Thess. 2.9-10. Des familiers d'Hitler ont souvent raconté qu’il leur donnait l'impression d'un homme possédé. Le grand dominateur dont le règne universel semble imminent le sera davantage encore.  

Redisons une fois de plus que la clé de tout ce grave problème de la possession nous est donné dans ces deux mots d'ordre si simples et si précis :  

« Ne donnez pas accès au diable! » Eph. 4.27.  

« Soyez au contraire remplis de l'Esprit », Eph. 5.18.  

 

 

3. Certaines maladies.  

 

Toutes les maladies ne sont pas dues directement au péché (par ex. celle de l’aveugle né, Jean 9.2-3) et ne peuvent être dans chaque cas attribuées à une intervention satanique. Il n’en reste pas moins que plusieurs fois l'Ecriture établit un rapport entre telle maladie ou infirmité physique et l’activité des démons.  L'ulcère malin de Job lui est infligé par Satan avec la permission de Dieu, 2.6-7. À ceux qui lui reprochent une guérison le jour du sabbat, Jésus répond: « Cette femme… que Satan tenait liée depuis dix-huit ans, ne fallait-il pas la délivrer de cette chaîne ? » Luc 13.16. Pierre parle aux païens réunis chez Corneille de « Jésus de Nazareth, qui allait de lieu en lieu… guérissant tous ceux qui étaient sous l'empire du diable », Actes 10.38. Paul appelle son « écharde dans la chair » un « ange de Satan pour me souffleter et m'empêcher de m'enorgueillir », 2 Cor. 12.7.  

D’après les Evangiles, certaines possessions entraînaient des maladies caractérisées. Tel démoniaque était muet, et parla après avoir été délivré, Mat. 9. 32-33. Un autre était à la fois aveugle et muet, Mat. 12.22. La fille de la Cananéenne était « cruellement tourmentée par le démon », mais il n’est pas dit de quelle nature étaient ses souffrances, Mat. 15.22. L'enfant guéri par Jésus après la transfiguration était lunatique et possédé d’un esprit muet et sourd; dans ses crises soudaines (ressemblant à ce que nous appelons l’épilepsie), il tombait dans le feu ou l’eau, se roulait par terre, écumait, criait, grinçait des dents, devenait tout raide et en restait tout brisé (voir les trois récits de Mat. 17.15: Marc 9.17-26; Luc 9. 39-42).  

D'autres fois, il s’agit d’une véritable démence. Les deux démoniaques de Mat. 8.28 habitaient les sépulcres et ils étaient si furieux que personne n'osait passer par là. Celui dont parle plus spécialement Marc ne pouvait être lié, même avec une chaîne. « Souvent, il avait eu les fers aux pieds et avait été lié de chaînes, mais il avait coupé les chaînes et brisé les fers, et personne n'avait la force de le dompter. Il était sans cesse, nuit et jour, dans les sépulcres et sur les montagnes, criant et se meurtrissant avec des pierres », Mc 5.3-5. Nos asiles d’aliénés connaissent des cas tout pareils, pour lesquels on utilise la camisole de force et la cellule capitonnée. Je n'ai évidemment aucune compétence pour parler scientifiquement de l’aliénation mentale. Mais je n'oublierai jamais ce que j'ai vu dans une exposition de dessins d’aliénés. La plupart traitaient des sujets religieux, en général de façon désaxée et effrayante. Et il est certain qu’il existe une forme caractérisée de folie religieuse. — Quel sujet d'étude pour un psychiatre chrétien !

  

4. L'œuvre de séduction  

 

C'est un étrange passage que celui de 1 Rois 22.19-23. Le roi Achab, endurci par le péché, refuse de se laisser avertir par le prophète Michée et préfère les messages flatteurs des faux prophètes. D'où ces derniers tirent-ils leur unanimité et leur aplomb ? — d'une intervention directe des mauvais esprits. Michée dit : « J'ai vu l'Eternel assis sur son trône, et toute l'armée des cieux se tenant auprès de lui. L'’Eternel dit: Qui séduira Achab, pour qu’il monte à Ramoth en Galaad et qu'il y périsse ? Ils répondirent, l’un d’une manière, l’autre d’une autre. Et un esprit vint se présenter devant l'Eternel, et dit: Moi, je le séduirai. L'Eternel lui dit: Comment ? — Je sortirai, répondit-il, et je serai un esprit de mensonge dans la bouche de tous ses prophètes. L'Eternel dit: Tu le séduiras, et tu en viendras à bout; sors, et fais ainsi ! ».  

Le fait que Dieu puisse laisser agir une telle puissance d'erreur nous trouble au premier abord. Mais dans le cas d’Achab, reconnaissons qu'en même temps le Seigneur en avertissait solennellement le roi. Ce dernier savait donc clairement ce qu’il choisissait. Paul annonce en somme la même chose en disant, dans le passage déjà cité à propos de l’Antichrist : son apparition se fera « avec toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges mensongers, et avec toutes les séductions de l’iniquité pour ceux qui périssent parce qu’ils n’ont pas reçu l'amour de la vérité pour être sauvés. Aussi Dieu leur envoie une puissance d’égarement pour qu'ils croient au mensonge, afin que tous ceux qui n’ont pas cru à la vérité, mais qui ont pris plaisir à l'injustice, soient condamnés », 2 Thess. 2.9-12.    

La séduction des mauvais esprits ne pousse pas tellement les hommes à l’impureté et à des actions coupables. Elle dégage une terrible puissance d’égarement et de mensonge. D'après Paul, les hommes dans les derniers temps s’attacheront « à des esprits séducteurs et à des doctrines de démons, par l'hypocrisie de faux docteurs… prescrivant de ne pas se marier et de s'abstenir d’aliments que Dieu a créés pour qu'ils soient pris avec actions de grâces », 1 Tim. 4.1-3. L'homme ne peut être sauvé ni affranchi sans la vérité de Dieu. L'effort des démons tentera donc de le détourner à tout prix de la révélation divine, et de lui présenter de fausses doctrines, qui rendent le salut impossible. Le Seigneur, dans Apoc. 2.24, fait appel à ceux de Thyatire qui ne reçoivent pas cet enseignement pernicieux et qui n'ont pas connu « les profondeurs de Satan ». Paul nous a déjà avertis que le culte des idoles (et des statues) est en réalité une « communion avec les démons » et une « participation à leur table », 1 Cor. 10.19-22.  Par quel chef-d'œuvre de séduction les mauvais esprits font-ils ainsi leur proie d’âmes naïves, que la superstition et l’erreur leur ont livrées sans défense !    

Un grand moyen de tromperie est aussi la divination par toutes les ressources de l’occultisme. Les hommes ont la démangeaison, non seulement d'entendre des choses agréables, mais de soulever à tout prix le voile de l'avenir. Nous avons, un peu plus haut, en parlant du spiritisme, dit combien cette recherche est dangereuse. Rappelons encore le cas de la servante de Philippe, « qui avait un esprit de Python, et qui, en devinant, procurait un grand profit à ses maîtres », Actes 16.16. Ce genre de profession est encore très lucratif aujourd’hui, si nous en croyons la réclame de nos journaux. Il est évident que les démons, sans être omniscients, ont une connaissance supérieure à la nôtre. Mais puisqu'ils l'utilisent pour nous perdre, gardons-nous de les consulter en quoi que ce soit !    

 

 

5. Les attaques directes  

 

Lorsque Satan et ses anges ne réussissent pas à faire tomber les chrétiens par leurs ruses, ils recourent à la violence. « Ne crains pas ce que tu vas souffrir. Voici, le diable jettera quelques-uns de vous en prison, afin que vous soyez éprouvés… Sois fidèle jusqu'à la mort... » Apoc. 2.10. D’autres fois, en suscitant des troubles, l'ennemi empêche que les serviteurs de Dieu n'annoncent l'Evangile : « Quand les Juifs de Thessalonique surent que Paul annonçait aussi à Bérée la parole de Dieu, ils vinrent y agiter la foule. Alors, les frères firent aussitôt partir Paul du côté de la mer », Actes 17.13-14. C’est probablement pour des raisons analogues que l’apôtre écrit aux Thessaloniciens : « Aussi voulions-nous aller vers vous, du moins moi Paul, une et même deux fois, mais Satan nous en a empêchés », 1 Thess. 2.18.

 

René PACHE  

 

 

Écrire commentaire

Commentaires: 0