PREMICES DE L’ETERNEL

 

 

PREMICES DE L’ETERNEL

 

 

L’Esprit de Shavouot et de Pentecôte était déjà à l’œuvre dans la Genèse, dès la création de l’univers, lorsque Dieu cria (Gen 1:3) : « Yehi ‘Or ! » - Que la lumière soit ! ». La lumière jaillit et repoussa les ténèbres. Cette lumière est celle de la Parole et de l’Esprit. 

Chaque année, à Shavouot, nous prions pour que cette lumière éclaire les cœurs, dans Israël et dans l’Eglise des nations. Cette année plus que jamais, nous supplions que les ténèbres de l’antisémitisme et celles du terrorisme soient repoussées, que le feu de Dieu et son jugement, chassent la haine et le Mal. 

Shavouot est la deuxième des trois fêtes de l’Eternel et correspond dans le monde chrétien à Pentecôte. C’est l’aboutissement de sept semaines depuis Pessah, d’où son nom shavouot (=semaines). On peut aussi parler de Jubilé de cinquante jours, d’où le nom Pentecôte. 

Lévitique 23:17 et Exode 34:22 « Vous apporterez de vos demeures deux pains, pour qu'ils soient agités de côté et d'autre ; ils seront faits avec deux dixièmes de fleur de farine, et cuits avec du levain : ce sont les prémices à l'Eternel » « Tu célébreras la fête des semaines, des prémices de la moisson » 

 

 

La montagne du Sinaï 

 

Shavouot, c’est l’aboutissement d’un voyage qui commence à Pessa’h, lorsque Dieu libère Israël de l’esclavage en Égypte. Mais cette liberté n’est pas une fin en soi : elle a un but, un rendez-vous. Cinquante jours plus tard, après avoir franchi la Mer rouge et après avoir compté les quarante-neuf jours du Omer, Israël arrive au pied du mont Sinaï. Là, au milieu des éclairs, du tonnerre, du son du shofar – yehi kol hashofar - et d’un feu dévorant, Dieu donne à son peuple la Torah. 

Exode 19:18 « Le mont Sinaï était entièrement enveloppé de fumée car l'Eternel était descendu là au milieu du feu, et la fumée s'élevait comme celle d'une fournaise. Toute la montagne était secouée de violents tremblements de terre. Le son du shofar allait en s'amplifiant énormément. Moïse parla, et Dieu lui répondait dans le tonnerre ». 

 

Quelle puissance et quelle gloire ! Le mont Sinaï est littéralement en feu, non pas un feu destructeur, mais un feu saint, symbole de la présence divine (Shekhina) qui descend toucher la terre. Le feu est un élément paradoxal : il éclaire, il réchauffe, mais il peut aussi consumer. Ici, il manifeste la sainteté de Dieu ; il descend sur cette montagne. Tout le peuple est témoin. La Torah n’a pas été donnée en secret, mais au milieu d’un spectacle cosmique, comme pour dire : cette alliance est pour vous, mais elle regarde aussi les nations. Les Tables de la Loi sont le garant d’une vraie justice pour le monde. 

 

Les deux pains 

 

Le jour de Shavouot, le souverain sacrificateur devait amener deux pains. Selon la tradition, ils représentent le pain du ciel et le pain de la terre. Shavouot a comme sens de réunir la terre et le ciel, prophétiquement : Israël et l’Eglise. 

Lévitique 23 :17 « Vous apporterez de vos demeures deux pains, pour qu'ils soient agités de côté et d'autre ; ils seront faits avec deux dixièmes de fleur de farine, et cuits avec du levain : ce sont les prémices à l'Eternel ». 

Le pain de la terre est en relation avec le cycle de l’année agricole, et fait allusion à Israël ayant comme héritage la terre. Le pain du ciel, prophétiquement, fait allusion à l’Eglise des nations, qui « a sa cité dans les cieux » (Phil 3:20). 

Sachons qu’à Shabbat, les Juifs placent traditionnellement deux pains (ḥallot) sur la table, recouverts d’un linge, en souvenir de la double portion de manne que Dieu donnait au peuple d’Israël la veille du Shabbat (Exode 16:22–26). 

On a ainsi encore l’image prophétique des deux peuples : 

- Israël, le peuple de l’Alliance, porteur de la Parole/Torah. 

- L’Église, l’assemblée des nations, greffée sur l’olivier franc (Romains 11). Ensemble, ils forment le peuple racheté, e’had, uni dans le Messie. 

 

 

Les Prémices de l’Eternel 

 

Shavouot évoque « les prémices de l’Eternel » (« reshit bikourim l’Adonaï »). La moisson de l’orge durant Shavouot symbolise la moisson du temps de l’Eglise, tandis que la moisson complète viendra avec la venue glorieuse du Messie. 

Les « bikourim » sont les toutes premières récoltes offertes à Dieu. On les apportait au Temple, et on les remettait aux prêtres. C’était une offrande volontaire, un geste de reconnaissance, un témoignage joyeux que tout vient de Dieu. Elle portait sur les sept espèces d’Israël : blé, orge, raisin, figues, grenades, olives, dattes. 

Tout ce qui est premier appartient à Dieu. C’est une reconnaissance concrète que tout vient de lui : si j’ai une récolte, c’est grâce à sa bénédiction ; si j’ai des enfants, c’est par sa grâce ; si je suis béni(e) dans mon entreprise ou ma famille, c’est parce qu’il pourvoit. 

 

Les prémices, c’est donc honorer Dieu en lui rendant ce qui lui appartient. Mais avant tout, c’est nous-mêmes, les prémices que Dieu s’est mis à part. Car nous lui appartenons. 

1 Corinthiens 15:20-23 : « Mais maintenant, Christ est ressuscité des morts, il est les prémices de ceux qui sont morts. Car puisque la mort est venue par un homme, c’est aussi par un homme qu’est venue la résurrection des morts. Et comme tous meurent en Adam, de même aussi tous revivront en Christ, mais chacun en son rang : Christ comme prémices, puis ceux qui appartiennent à Christ, lors de son avènement ». 

Christ s’est offert à Dieu, le premier, afin que nous soyons ensuite rachetés. Mais ceux qui lui appartiennent suivent, comme une moisson après les premiers fruits. Nous faisons donc partie de cette offrande sainte. 

 

 

Shavouot et Pentecôte 

 

La Torah donnée au Sinaï au peuple juif l’a été au milieu du feu et de la fumée, des coups (voix) de shofar, et de vents violents faisant trembler la montagne (Ex 19:18). A Jérusalem, nous avons ces mêmes éléments de puissance : sur les cent-vingt, se sont posées « des langues de feu », il y avait le vent de l’Esprit, et le « fort bruit » ressemblant au coup de shofar, qui est comme la voix de Dieu. Relisons la Parole. 

Actes 2:1-4 « Le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble dans le même lieu. Tout à coup il vint du ciel un bruit comme celui d'un vent impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Des langues, semblables à des langues de feu, leur apparurent, séparées les unes des autres, et se posèrent sur chacun d'eux. Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et se mirent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer » 

A Jérusalem, sur le mont Sion, a eu lieu l’accomplissement de Shavouot. Le Saint-Esprit est descendu, comme un feu nouveau, remplissant les disciples et leur donnant puissance, langues et prophétie. 

C’est le passage du Sinaï à Sion : au Sinaï, le feu est tombé sur la montagne ; à Sion, le feu est tombé sur des hommes. Au Sinaï, la Loi était gravée sur pierre ; à Sion, elle est gravée dans les cœurs. Au Sinaï, Israël est formé comme peuple ; à Sion, l’Église est née, rassemblant Juifs et nations. 

 

 

Ruth et Shavouot 

 

Dans le judaïsme, à Shavouot, on lit le livre de Ruth. Ruth était moabite et elle deviendra l’aïeule du Roi David. Nous connaissons cette magnifique déclaration de Ruth (= « amitié »), adressée à Naomi revenant en Israël (Ruth 1:16) : « Où tu demeureras j'irai, où tu seras, je serai ; ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu ». Dieu a conduit superbement les choses : Ruth l’étrangère, rencontrera Bo’az le Juif, celui qui a le droit de rachat, et une belle union naîtra de cette rencontre. 

Ruth 2:12 « Boaz répondit à Ruth : … Que l'Eternel te rende ce que tu as fait, et que ta récompense soit entière de la part de l'Eternel, le Dieu d'Israël, sous les ailes duquel tu es venue te réfugier ! » 

 

Dans la pensée juive, ces ailes sont les ailes de la Shekhinah, c’est-à-dire de la présence de Dieu, du Saint-Esprit. 

Et dans cette histoire, il y a Orpa, l’autre belle-fille. Orpa préféra retourner dans son pays et tourner le dos (Orpa = « nuque ») à Israël. Quel symbole fort ! 

 

Chers amis, à Pentecôte, nous prions pour que l’Esprit se répande, c’est louable ! Mais considérons une prière plus personnelle, selon la situation actuelle. Posons-nous cette question : voulons-nous être comme Orpa, qui retourne dans son pays et tourne le dos à Israël, ou comme Ruth qui s’attache à Naomi dans sa souffrance ?... C’est le choix devant lequel l’Eglise se trouve de nos jours. Amen.

 

Gérald FRUHINSHOLZ

 

 

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