REDEMPTION ET GUEOULA

 

 

REDEMPTION ET GUEOULA

 

Nous connaissons la vision saisissante que Dieu donna au prophète Esaïe (Es. 6) : « L’année de la mort d’Ozias, je vis le Seigneur… Les pans de sa robe remplissaient le Temple et des séraphins volaient au-dessus ». Quelle vision glorieuse ! Suite à cette révélation puissante, Dieu pose la question : « Qui enverrai-je, qui marchera pour nous ? ». Esaïe est prêt ! « Hineni, me voici » ! Pourtant cette mission va le déstabiliser ; Dieu annonce le but de sa mission : le voilement d’Israël. 

Esaïe 6.9-10 : « Va, et dis à ce peuple : Vous aurez beau entendre, vous ne comprendrez pas ; oui, vous aurez beau voir, vous ne percevrez rien. Rends ce peuple insensible, ferme-lui les oreilles et bouche-lui les yeux pour qu'il ne voie pas de ses yeux, pour qu'il n'entende pas de ses oreilles et pour qu'il ne comprenne pas ». 

Mettons à présent en parallèle les paraboles de Jésus concernant le Royaume. Il dira (Matt. 13.43) : « Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende ». La question fondamentale est celle-ci : Jésus parle-t-il seulement pour le peuple juif, ou pour l’Eglise qui prend son essor ? 

 

 

Le voilement d’Israël 

 

Nous avons abordé ce sujet dans notre ouvrage « le Code de Golgotha ». Il est essentiel pour comprendre ce que Dieu fait avec le peuple juif, peuple « qadosh ». En Luc 18, nous lisons que les disciples avaient « l’intelligence fermée » ; ils ne comprenaient rien du discours de Jésus : 

Luc 18.31-34 : « Jésus prit les douze auprès de lui, et leur dit : Voici, montons à Jérusalem, et tout ce qui a été écrit par les prophètes au sujet du Fils de l’homme s’accomplira. Car il sera livré aux païens ; on se moquera de lui, on l’outragera, on crachera sur lui, et, après l’avoir battu de verges, on le fera mourir ; et le troisième jour il ressuscitera. Mais ils ne comprirent rien à cela ; c’était pour eux un langage caché, des paroles dont ils ne saisissaient pas le sens ». 

 

Dans une version hébraïque actuelle du Nouveau Testament, la traduction utilisée pour « langage caché », est « ki tsafoun haya hadavar » - littéralement : « la parole était codée » ! Jésus avait fermé leur intelligence, et les propos du Maître leur semblaient incompréhensibles. On a le même passage en Marc 9.32. Alors pourquoi ce voilement ? Paul reprend le message d’Esaïe (Rom. 11.7) et nous donne la clé : Romains 11.11 : « Si les Juifs ont trébuché, est-ce pour tomber définitivement ? Loin de là ! Par leur faux-pas, le salut est devenu accessible aux païens [Goyim, nations], ce qui excitera leur jalousie. Et si leur faux-pas a fait la richesse du monde, et leur chute la richesse des non-Juifs, quelle richesse plus grande encore n’y aura-t-il pas dans leur complet rétablissement ? ». 

Voilà la clé, le mystère que Paul nous dit de ne pas ignorer (Rom. 11.25) : Dieu a fermé les yeux de son peuple chéri, pour ouvrir la porte du salut aux nations ! L’Eglise, durant 2000 ans, a refusé de comprendre ce mystère ! Quelle folie ! On adore un Messie juif et on rejette son peuple. 

 

 

Les paraboles du Royaume 

 

Revenons à notre question : pourquoi Jésus parle-t-il en parabole à l’Eglise disant qu’il y a une révélation réservée à ceux qui sont disposés à la recevoir ? C’est une question essentielle que l’Eglise et ses bergers doivent se poser ! 

Matthieu 13.11 : « Il vous a été donné de connaître les mystères du royaume des cieux, mais à eux cela n’a pas été donné ». 

 

« Il vous a été donné ». La révélation est un cadeau qui nous est donné. Cela ne vient ni de l’intelligence, ni de la culture religieuse, ni même du fait d’être Juif ou chrétien. C’est une grâce donnée à ceux qui suivent le Messie avec un cœur enseignable. « Ce ne sont pas les sages et les intelligents à qui tu as révélé cela, mais les petits enfants » (Matt. 11.25). Le voilement d’Israël n’est pas un refus arbitraire de Dieu. C’est vrai, c’est un mystère au bénéfice des nations, mais c’est également le fruit d’un aveuglement volontaire ou religieux : « Ils ont endurci leur cœur… » (Esaïe 6, Matt. 13.14). Comme si Dieu disait : « Puisque vous ne voulez pas voir, alors vous ne verrez pas ». 

 

 

Les mystères du Royaume 

 

L’Eglise a décrété que le « royaume des cieux » était un royaume spirituel. Or, Matthieu écrit avant tout pour des Juifs. Dans le judaïsme, on évite de prononcer le Nom de Dieu. On utilise souvent des périphrases : « le ciel », « le Nom », « la Gloire », etc.  Ainsi, « royaume des cieux » signifie en fait : « royaume de Dieu ». 

Matt. 13.43 : « Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. Celui qui a des oreilles, qu'il entende ». 

Pourquoi l’Église y a-t-elle vu un royaume spirituel uniquement ? C’est l’influence grecque-platonicienne. Dans la culture grecque (dominante chez les Pères de l’Église), le ciel était interprété comme intérieur, céleste, mais non terrestre, non politique, non juif. C’est le début d’une théologie de remplacement. Dès le 2ᵉ siècle, les théologiens chrétiens ont rejeté l’espérance juive d’un royaume messianique, déclarant : « Le royaume est dans l’âme du croyant. Point. ». L’Église a hérité des paraboles de Jésus : souvent coupées de leur enracinement juif, elle en a fait des lectures moralisantes ou individualistes. 

 

Rédemption et Guéoula 

 

Voilà deux termes qui semblent identiques, mais qui expriment en réalité les deux aspects d'une même vision divine - celle de racheter à la fois l’homme et les nations. Le mot « Guéoula », qui signifie rédemption, libération, rachat, apparaît plusieurs fois dans le Tanakh, notamment dans le livre de Ruth, où Boaz est le Goel - celui qui a le droit de rachat. 

Beaucoup de chrétiens connaissent le salut… mais ignorent qu’il y a une rédemption plus vaste que leur salut personnel : c’est la Guéoula. Et si le salut n’était que le début ? Et si Dieu avait un plan pour racheter le monde entier ? Luc 19.10 : « Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu ». 

 

Yeshoua a comme sens : secours, délivrance personnelle. Jésus touche le cœur, change l’individu. Il nous sauve du péché, nous donne une vie nouvelle. Mais ce salut ne suffit pas à rétablir le monde entier. 

Le peuple juif a reçu comme vision, le Tikun ‘Olam – la réparation ou restauration du monde. Cela correspond à la Guéoula. 

 

Ésaïe 52.9-10 : « L’Éternel a consolé son peuple… Tous les confins de la terre verront le salut de notre Dieu ». 

C’est le plan de Dieu pour libérer Israël, et à travers lui, toutes les nations. Ainsi, le salut est une rédemption au niveau personnel et individuel, tandis que la Guéoula est la rédemption du monde. 

 

 

Israël : la clef de la Guéoula 

 

L’Église a souvent dit : « Dieu en a fini avec Israël ». En fait, le plan de Dieu commence avec Israël et se termine avec Israël ! 

Romains 11.15 : « Si leur rejet a été la réconciliation du monde, que sera leur réintégration, sinon une vie d’entre les morts ? » 

Quand le peuple juif aura la révélation du Messie avec sa venue, cela déclenchera le rétablissement du royaume à Jérusalem, et la bénédiction finale des nations (Ésaïe 2, Zacharie 14, Ésaïe 60). Israël doit devenir « la lumière des nations » (Esaïe 42.6) ! Jésus n’a-t-il pas dit « le salut vient des Juifs ? » (Jean 4.22). 

 

Voilà ma pensée concernant la rédemption du monde : la rédemption en Jésus commence au niveau personnel, mais le plan de Dieu ne s’arrête pas à l’individu. Il vise les nations entières, dans leur identité, leur vocation, leur appel. Et c’est là qu’Israël entre en jeu comme peuple témoin et comme instrument choisi pour la restauration des nations. 

 

Chers amis, nous sommes en tant que chrétiens, devant un choix, celui d’accomplir le plan de Dieu ou celui de nous contenter de notre salut personnel ! A la question de Dieu : « veux-tu être participant du plan global de rédemption du monde », peux-tu répondre comme Esaïe : « Hineni, me voici ! » ? 

Ensemble, préparons le chemin du Roi ! Amen !

 

Gérald FRUHINSHOLZ

 

 

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