AVANT QUE SE PRODUISE UN RÉVEIL AUTHENTIQUE

 

AVANT QUE SE PRODUISE UN RÉVEIL AUTHENTIQUE

 

          Nous, évangélistes, recevons beaucoup d’honneurs, et souvent, nous nous approprions ceux qui ne nous reviennent pas. Une femme en Irlande passe des heures à prier, elle prie tous les jours pour ce pauvre homme qui bafouille. D’autres me disent : « Je ne passe pas un jour sans assaillir le trône de Dieu pour vous. » Ils ont provoqué beaucoup de naissances qui me sont attribuées, alors que, très souvent, je ne sers que de sage-femme. Au jour du jugement, nous serons étonnés de voir de grandes récompenses accordées à des disciples inconnus. Il m’arrive de penser que nous, prédicateurs, qui nous trouvons sous les feux de la rampe, recevrons le moins de récompenses. Je connais, par exemple, des hommes qui prêchent aujourd’hui des sermons qu’ils prêchaient il y a vingt ans, et qui ne donnent plus la vie. De tels prédicateurs se tenaient dans la prière ; l’un d’entre eux m’avoua il y a quelque temps : « Non, frère, je ne prie plus autant qu’avant, mais le Seigneur le comprend. » Oui, il comprend parfaitement, mais il ne nous excuse pas d’être plus occupés qu’il ne le voudrait.

          Il est vrai que la science a, en partie, atténué la souffrance des femmes qui accouchent ; mais la technologie ne réduira jamais les longs mois de grossesse. De même, nous, prédicateurs, avons trouvé des méthodes plus expéditives pour attirer des gens à l’autel pour le salut ou pour être remplis du Saint-Esprit. Pour le salut, nous demandons simplement aux gens de lever la main et on élimine les gémissements à l’autel. Pour qu’ils soient remplis du Saint-Esprit, nous disons aux gens : « Levez-vous à votre place, l’évangéliste va prier pour vous et vous serez remplis. » Quelle honte ! Frères, avant que se produise un miracle, tout réveil authentique, toute naissance de l’âme exigent toujours la peine et la souffrance.

          Tout comme le bébé qui vient au monde, déforme le corps de la mère, le « corps » du réveil qui grandit et le travail de l’âme qui lui donne le jour, bouleversent l’Église. La future mère se fatigue plus vite au fur et à mesure qu’approche la naissance (elle passe souvent des nuits blanches) ; ainsi, les lampes du sanctuaire brûlent-elles l’huile du « milieu de la nuit », tandis que des intercesseurs affligés, écrasés sous le fardeau du péché, répandent leur âme pour les iniquités d’une nation. La femme enceinte perd souvent tout appétit, et, dans l’intérêt de celui qu’elle porte, elle se refuse certaines choses ; un même refus de nourriture et un même désir ardent de se tenir tranquilles devant le Seigneur s’emparent des croyants honteux de la stérilité de l’Église. Comme les femmes enceintes qui se cachent loin des regards indiscrets (ou du moins le faisaient) quand approche l’heure de la délivrance, ceux qui agonisent pour les âmes fuient toute publicité et recherchent la face du Dieu saint.

 

Léonard RAVENHILL

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