LE DROIT DU ROI

 

LE DROIT DU ROI

 

« Il prendra... »

( 1 Samuel 8.11)

 

          Ils veulent donc un roi, c’est décidé. Les anciens d’Israël se sont tous mis d’accord sur la question. Ils n’y reviendront pas.

          Mais pourquoi ce « peuple qui demeure à l’écart, et qui ne se range pas au nombre des nations » (Nombres 23.9) a-t-il la démangeaison subite d’être semblable au reste du monde ? Comme très souvent dans l’Histoire chaotique du peuple de Dieu, « c’est à la tête qu’est sa plaie » (Lévitique 13.44). Les anciens sont les responsables conscients et déterminés de cette abominable déviance, et ils assument...

          Car il s’agit bien de déviance. Jusque là, Israël a un statut unique : « L’Éternel, son Dieu, est avec lui, il est son Roi, l’objet de son allégresse » (Nombres 23.21). Et, comme ça, d’un revers de cœur, ils n’hésitent pas à piétiner la théocratie magnifique – ils rejettent l’Éternel, afin qu’il ne règne plus sur eux – au profit d’une monarchie terrestre bientôt apostate.

          Samuel est devenu vieux. Et alors ? Ses fils, établis par lui-même - sans consultation de la pensée divine – ne marchent pas droit. La cupidité et les « dessous de table » corrompent la justice. Est-ce une raison ? Toutes les explications, les justifications, et les innombrables autres « ions » amenées au pied du trône de Dieu ne servent à rien. Dieu ne les entend pas. Il ne les reçoit pas. Jamais les anciens et leur suite ne convaincront l’Éternel. « C’est moi qu’ils rejettent » ! Tel est le constat irrévocable de Dieu.

 

          Dieu laisse faire. Ils veulent un roi, ils l’auront. Mais qui dit « roi », dit « droit du roi ». Dieu a son mot à dire quand même ! Et il le dit.

          En sept versets ! C’est peu. Mais tout est dit. Dieu sait parler.

 

          A propos du futur roi, l’Éternel proclame : « Il prendra ». Il le répète six fois. C’est beaucoup.

          Le roi prendra les fils, les filles, la meilleure partie des champs, des vignes, des oliviers, la dîme du produit des semences, les serviteurs et les servantes, les meilleurs bœufs, les ânes, la dîme des troupeaux, et le peuple lui-même sera son esclave (1 Samuel 8.11-17).

          Vous chantiez ? J’en suis fort aise ! Eh bien criez maintenant ! Mais non, ils ne crient pas. La lèpre de la tête a gagné le corps. Le peuple entier refuse d’écouter les avertissements divins. Drapé dans son entêtement, il proteste d’une même voix : « Non ! Mais il y aura un roi sur nous, et nous aussi, nous serons comme toutes les nations » (1 Samuel 8.19-20). Ils le seront, en effet, et même pire parfois !

 

          Dieu, toujours vainqueur, rétablit sa royauté. Voici que des siècles plus tard, l’Évangile de la gloire de Christ illumine le ciel d’un Israël moribond, et d’un monde ignorant. Voici le Roi, l’Unique, selon le cœur de Dieu. Il est couché là, le fils de David, dans la première ligne de l’Évangile de Matthieu. Roi annoncé par l’ange ; recherché par les mages ; haï par Hérode ; accueilli par les petits ; rejeté par les grands ; condamné par le sanhédrin ; insulté par les soldats ; cloué au Golgotha, hier ; resplendissant de vie aujourd’hui et à jamais ; enseigné par les apôtres ; établi éternellement pour les siens, il est « le Prince des rois de la terre ». Excusez du peu !

 

          Jésus, ton Roi, a un droit, tous les droits ; il ne s’en est pas caché. Il entend les exercer non pour la souffrance, mais pour le bonheur des siens. Son joug est doux, son fardeau léger.

          Lui aussi « prendra » tout, si c’est nécessaire et s’il le trouve bon : notre vie, nos biens, notre temps, notre argent. Nous trouvons que c’est trop nous demander, à nous qui gisons dans la fange d’un Occident nanti ! Ne sommes-nous pas happés par l’instinct de consommation, de profit, de propriété ?

         Jésus veut tout. Cela lui suffit.

          La charte du Royaume est claire. Le Roi veut ta vie : « Si quelqu’un veut venir après moi, dit-il, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de moi la trouvera. » (Matthieu 16.24-25)

          Il réclame tes biens : « Quiconque d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il possède ne peut être mon disciple. » (Luc 14.33)

          Il désire ton temps : « Un autre dit : Je te suivrai, Seigneur, mais permets-moi d’aller d’abord prendre congé de ceux de ma maison. Jésus lui répondit : Quiconque met la main à la charrue, et regarde en arrière, n’est pas propre au royaume de Dieu. » (Luc 9.61-62).

          Il veut les tiens : « Si quelqu’un vient à moi, et s’il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. » (Luc 14.26-27). N’est-ce pas un Évangile pour des « illuminés » ? Un royaume pour les fanatiques ? « Ainsi donc, Jésus voudrait me dépersonnaliser, faire de moi un pauvre, un mendiant peut-être, un homme sans emploi lui consacrant tout mon temps, un être haïssant les siens et les abandonnant ? », dis-tu en serrant les mâchoires d’une révolte à peine contenue.

          Ne fais pas semblant de ne pas comprendre ce qu’il dit, ce qu’il attend.

          « Ton Roi vient à toi, plein de douceur... » Il faut qu’il règne ! (1 Corinthiens 15.25).

 

Paul BALLIERE

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